Tuesday, February 8, 2022

Couper les fils

Dans les derniers jours, tu as entrepris une démarche profonde. Nécessaire et noble. Pas nécessairement facile, ni simple. Tu as décidé de revisiter ton passé amoureux, de couper les liens, de fermer les portes. J’étais aux premières loges, à tes côtés. Ce que tu as vécu, avant nous, a défilé devant mes yeux, dans les moindres détails. C’était un pèlerinage très douloureux, parfois insoutenable. En revanche tu en ressors grandi, fier, entier et surtout, libre. Moi, je te comprends encore mieux, plus profondément. Ton histoire et l’interprétation que tu en as, font du sens. Jusqu’à des niveaux d’une profondeur inouïe. Ta douleur est ma douleur, je prends tout sans hésiter. Tu m’aimes de la même manière.

Je trouve ta démarche très saine et courageuse. Surtout étant donné que tu l’as fait avec une grande franchise et une grande lucidité. Prenant les torts qui te reviennent, mais faisant face aux torts qui t’ont été fait, dont certains que tu t’es infligé toi-même. Après être passé au travers de ta tout cela à tes côtés, tellement de choses s’assemblent et prennent tout leur sens.

Les détails t’appartiennent évidemment. Ce que moi je constate, c’est à quel point je t’ai vu juste. Très juste. Encore plus juste que nous le pensions tout les deux. Je reviens souvent sur le fait que je trouve très surprenant et cocasse que la très grande majorité de filles et femmes qui ont traversé ta vie et ton lit, n’ait vu que le beau gars au sourire candide. Il faut dire que, tu n’offrais souvent que cette parcelle de ton âme. Croyant ne pas avoir de cœur car tu ne ressentais jamais autre chose qu’un pincement lorsque tu disais ''je t’aime''. Tu essayais, tu offrais ce qui était demandé, tu incarnais un idéal. Ce n’étais pas si difficile car c’est une partie de toi. Mais une partie seulement. Tu as cherché LA tienne de manière frénétique, en te posant de plus en plus de question sur toi. Sur ton cœur en particulier. Tu as fini par croire que tu n’avais pas de cœur, tu as essayé d’autres types de relations, tu as cherché des femmes différentes et de plus en plus torturée. Tu es devenu cynique, engourdi et blasé. Tu t’es divisé, tu t’es éloigné de toi, tu t’es perdu. C’est une manière très sommaire de condenser et expliquer cette partie de ton vécu. Tu t’es brûlé, tu t’es blessé, tu t’es prêté à plusieurs jeux, à reculons. En espérant ressentir quelque chose, en espérant trouver TA personne. En dernier, tu étais à vif, dégoûté, blasé. Tu étais presque anesthésié, avec cette impression (pas tout à fait fausse) d’avoir fait le tour de tout ce qui était possible d’essayer et de connaître. Tu étais terriblement blessé, mais tu t’ignorais et tu continuais d’avancer comme un automate. Parfois, dans une période plus creuse et plus noire ou la solitude et la vérité de ta situation venait te pincer le cœur, te projetant dans les noirceurs de tes blessures, tu avais besoin de rushs, de ressentir quelque chose, de te sentir vivant, de ne pas te sentir comme un monstre, ou seul. Tu reculais, tu retournais vers des liens toxiques mais parfois faciles, te shooter. Les effets ne duraient jamais longtemps. Tu as traversé une jungle particulièrement meurtrière juste avant que nos routes se croisent enfin. Malheureusement, je me suis affichée solidement mariée et indisponible et cela nous aura pris des années à enfin cesser de prétendre que nous, ce n’était qu’une amitié particulière. Tu as choisi d’essayer de te caser, tu as mis ton énergie dans une relation, ta plus stable et plus longue. Celle qui a débutée sous mes yeux ahuris et mon cœur déjà gros... alors que nous nous connaissions à peine et que cela ne faisait aucun sens. Maintenant cela prend tout son sens. Ça, et tout le reste.

Cette relation a été toxique et douloureuse. Désillusion et un essai et un échec que tu refusais, sous peine d’affronter encore une vie que tu ne connaissais que trop bien. Tu as donc préféré redoubler d’effort pour faire fonctionner quelque chose qui n’existait que d’un côté. Celui de ta copine du temps. Tu as de nouveau lentement sombré dans tes vieilles habitudes, dans cette relation ouverte, toxique et douloureuse à plus d’un niveau. C’était vivre les deux contextes les plus toxiques pour toi, en même temps. Simuler une vie de couple, un couple au sein duquel tu dépérissais, tout en ayant la permission de retourner à tes veilles habitudes, tes vieux liens.

Lorsque je t’ai rencontré... j’ai vu clair en toi, comme tu as vu clair en moi. Cela ne veut pas dire que chaque morceau de ta vie faisait du sens. J’en avais encore beaucoup à apprendre sur toi. Cependant, avec le recul, ce que je voyais de toi, sans avoir les détails, ça fait tellement de sens. Je ne voyais pas un type séduisant comme un rayon de soleil, charmant et candide. Je voyais un homme torturé, tourmenté, avec beaucoup de noirceur. Des yeux pleins de douleur et de questions. Un homme seul, blessé et aux nombreuses zones d’ombres. Tu n’as jamais joué de grand jeu avec moi, tu n’as jamais porté de masque avec moi. J’ai même eu peur. Pas de toi. De moi. Moi et mes sentiments grandissants pour toi, moi et ma propension naturelle à vouloir guérir et sauver. Tu étais un cocktail enivrant pour moi. Tu étais ma personne, et toutes ses blessures ne pouvaient m’empêcher de le sentir dans mes tripes, même si je voulais repousser cette fatalité. À l’époque pour moi, c’était une fatalité.

Bref. Ta douleur, ta tristesse et je dirais même ta détresse, m’interpellaient beaucoup. D’instinct, mais aussi pour ce que l’on sait aujourd’hui, que nous sommes l’un pour l’autre. Pas de beau bonhomme séduisant et irrésistible pour moi. Une âme vers laquelle la mienne aura gravitée dès le premier regard, d’une manière affolante. Idem pour toi. Tu ne m’as pas réservé le même sort que toutes les femmes ayant croiser ta route non plus. Rien n’était pareil ni prévisible entre nous.

Je réalise avec le recul, que je sentais ta douleur lancinante, et ce fait était décuplé par notre connexion immédiate. Je comprends tellement mieux maintenant que je sais totalement d’où tu viens. Ta démarche récente à défait beaucoup de nœuds. Tu as été franc avec toi et avec les autres. Tu as remis ta vie à l’heure comme tu le dis si bien. Tu te comprends, tu te pardonnes (même si je hais la notion tachée de pensée judéo-chrétienne) et tu t’intègres et t’assemble. Tu es une belle grande âme hypersensible qui s’est perdue, pour mieux se retrouver. Tu es toujours aussi sombre, mais tellement moins torturé. Ta lumière et tes ombres dansent désormais ensemble plutôt que de s’affronter ou s’ignorer. Car, oui, tu es un être terriblement rayonnant, candide et plein de bonté. Tu es beaucoup plus que cela, tu as une profondeur et beaucoup de reliefs. Tu n’es pas lisse et plate. Tu n’es pas une page blanche et fade sur laquelle projeter mes fantasmes. Tu es un homme merveilleux, d’une profondeur abyssale (qui épouse la mienne) et d’une riche complexité.

Je suis honorée de ta confiance et d’avoir pu t’assister dans ton difficile voyage. Couper les fils, ce fut une entreprise peu banale et douloureuse, mais ô comme cela valait la peine. 

1 comment:

Anonymous said...

Je devrais peut-etre te couper de mes soi disant fil. J'suis pas capable. Y'aura toujours un billet à ta disposition.
G.

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