Wednesday, January 26, 2022

Elles




L’homme que j’aime est près de dix ans plus jeune que moi, et il est beau comme un cœur, comme un dieu. C’est selon. Bottom line; il est beau. Il a du succès auprès des femmes. Il est aussi, rêveur, hypersensible et d’une grande bonté. Il est très candide et pourvu d’une certaine naïveté. Il a aussi été blessé dès son plus jeune âge, dès son entrée à l’école. Il a vécu beaucoup de choses qui l’ont poussé à se retrancher en lui-même et ultimement, à développer un mauvais lien avec lui-même.

Beau et gentil en ce monde, ça attire les filles et femmes de tout acabit. Beau, gentil, tourmenté et brisé sous des apparences lisses, cela a attiré un type de filles et femmes, as day one. Il agissait telle une lumière pour des âmes en détresse, pour personnalité de divers degrés de toxicité. Pour ses propres raisons, il gravitait vers ce type de filles et femmes. Un pattern maintenant très clair, précis et défini.

C’était un être vulnérable, avide de se blesser, croyant profondément le mériter. C’était aussi, tout au fond, un gamin à la recherche de sa princesse charmante, son âme sœur. Je mentirais si je disais que son passé amoureux ne m’avait pas intimidée. Je mentirais si je disais que je n’étais pas tombée dans le panneau de ‘’il est beau, grand et il a un passé de Casanova ça fait du sens, il doit avoir tout vécu et eu ben, ben du plaisir’’. Ben non. Il s’est avéré que sa vie amoureuse et sexuelle fut un calvaire.

Mais moi, ce que je voyais, c’était un homme magnifique sous tous rapports, qui avait derrière lui une longue liste de conquêtes et de relations à plus long terme. Pour moi, toutes ces histoires font partie de lui et je savais à qui j’avais affaire. J’ai bénéficié de plusieurs années d’amitié pour l’observer, et non pas être repoussée, mais tomber plus sous son charme, chaque jour passant. Ignorant totalement cependant, qu’il vivait la même chose me concernant, de son côté.

Étrangement, je ne l’ai jamais vu comme un coureur de jupons, un tombeur de ces dames ou un womanizer. Jamais. Ça ne cadrait pas. Ne ‘’fittait’’ pas. Même lorsque ses comportements auraient pu laisser croire le contraire, je ne succombais pas à ces apparences. J’ai toujours vu plus loin, je l’ai toujours vu pour lui, même sans tout comprendre. Je savais qu’il était malheureux pour sur, même si je ne savais pas pourquoi, ni l’étendue de ses blessures.

Il était plus qu’un bel homme, plus que ces comportements, que sa vie affective semblant bien remplie. D’ailleurs, moi, dans les premières semaines ou nous nous sommes connus, je ne voyais pas sa taille, ni sa beauté, ni sa bonté, ni sa sensibilité. Outre cette connexion brute et cette (al)chimie percutante entre nous, je ne voyais qu’un homme intriguant. C’est sa brillance et sa profondeur qui me touchaient. Nos conversations profondes et sincères. Je distinguais sa souffrance, ses tourments et une certaine noirceur. Je sentais une tristesse, un cynisme et une lourdeur. Je le trouvais mystérieux, brillant et fascinant. Mais ni beau, ni grand, ni souriant et candide. Cela viendrait plus tard.

Alors que dans les schémas répétitifs de ses relations avec les femmes, elles étaient attirées par ce qu’elles cherchaient et voulaient bien voir chez lui. Un bel homme avec un cœur pas comme les autres. Il y avait du vrai; dans ses rapports aux femmes, il voulait à la fois les sauver mais aussi se blesser. Attirer par les femmes avec un bagage, apparent ou non. Avec une disposition pour ce qui sortait de l’ordinaire, qui l’ennuyait au plus au point. Les écorchées sont tellement plus intéressantes que la bonne fille d’à côté, n’est-ce pas?

Bref, sous sa longue liste de conquêtes et de copines, j’ai découvert beaucoup plus. À quel point il avait souffert, à quel point il avait essayé de correspondre à ce que la société attendait d’un beau gars, et à ce que les filles et femmes désiraient. Ce n’était pas le palmarès heureux et assumé, et le passé d’expériences et de luxure que je m’étais imaginé. C’était un cimetière de relations éphémères ou plus longues, ou il avait laissé des parties de son âme. Pas de son cœur, qui n’avait jamais battu. Mais il avait souffert beaucoup. J’avoue avoir mis du temps à comprendre. Et il ne se pose pas en victime de ces dames. Il est bien trop intègre et lucide pour cela. Prenant sa part de torts et d’erreurs. Reste que… son pattern est clairement établi. Il avait une prédisposition vers les femmes dominantes, écrasantes, avec un bagage quelconque, souvent. Moult manipulatrices dans son historique romantique. C’est un peu effrayant à quel point le pattern est clair et établi. Distinctif.

Parmi ses torts, il y a cette fâcheuse tendance, dont il s’est heureusement affranchi, de ne pas vouloir blesser ces dames. Du fait de sa nature sensible, mais aussi, car il nourrissait une grande culpabilité de ne pas les aimer. Car au fond il le savait toujours. N’aimant pas faire mal, il n’a pas su couper certains ponts et fermer certaines portes. Ce qui fait que, même maintenant, certaines femmes semblant ne pas pouvoir l’oublier se manifestent. Il a laissé des portes ouvertes, des messages en suspend, et parfois, maintenues de amitiés avec des ex-copines et des ex-amantes.  Jusqu’à nous. Depuis nous, ces liens morts, il en a fait un gros ménage. Il reste que, certaines entretiennent l’espoir dans les messages en suspends, dans l’absence de nouvelles, dans l’absence d’un chapitre clos. Pire, certaines ne comprennent pas pourquoi il ne nourrit plus tout à coup, sans explications, ses amitiés qui traînaient. Dans lesquelles il y avait un reste ou un semblant de ce qu’avait été la relation. Une source d’espoir, de réconfort et d’illusions dont elles se retrouvent tout à coup priver. Comme il ne leur a pas donnée l’heure juste, entretenant des échanges, des conversations, des liens, elles ne comprennent pas. N’ont pas vu venir. Je pense à sa précédente relation qui n’avait aucune idée, des mois durant de ce qu’il vivait et développait. Alors qu’elle ne parvenait pas à l’oublier et croyait qu’il en était au même stade qu’elle, il protégeait, découvrait et développait sa relation avec… moi. Des mois plus tard elle a réclamé une rencontre avec lui, lui déclarant qu’elle ne parvenait pas à passer à autre chose. Soupçonnant à un certain moment qu’ils n’avaient pas vécue la même version de leur histoire, et qu’il était ailleurs, bien loin, elle est entrée dans une colère. Jusqu’à moi, il avait toujours procédé ainsi, gardant des liens avec ses exs : amantes ou blondes. Je ne suis pas une fille, je suis une femme. Je n’avais aucune envie de composer avec des drames dignes de Degrassi ou Chambres en ville (pour ceux et celles qui pourraient passer ici et connaître). Pour moi, son attitude un brin nonchalante, voir négligente, par habitude, par peur de blesser, par désintérêt, par… peu importe les raisons. C’était un nid pour différents problèmes. Femme de feu, femme franche, je me mettais dans ses souliers, mais aussi ceux très désagréables à chausser, des femmes qui étaient passées dans sa vie. Et je comprenais tous les partis.

Il devait prendre son courage et confronter, faire ce qu’il avait à faire. Et il l’a fait. Malheureusement il survient encore de temps en temps une femme qui espérait encore. Il ferme le chapitre et règle générale ça ne plaît guère à ces dames. Cependant lui, il trouve une paix. Il n’évite plus, il confronte, ferme les portes, coupe les ponts, fait face franchement et remet les pendules à l’heure quand une se manifeste. Je le vois se libérer, croître, s’affranchir et devenir solide et entier dans le processus.

Il ne voulait pas être un écœurant de plus… il comprend désormais que laisser aller certaines situations… ce n’est pas mieux parfois. Il ne rendait service à personne. Et il fait un peu plus la paix avec son vécu, se comprend, il s’apprend et réalise beaucoup de choses. Et moi aussi. C’est un homme complexe et pas ordinaire. Un modèle assez unique oserais-je dire. Il me fait réfléchir et grandir. Beaucoup.

Monday, January 24, 2022

Peau, humidité et intimité



À quarante ans, la femme en moi a totalement émerger. Il n’est jamais trop tard. Jamais. Pour sentir Niagara quand notre proximité devenait insoutenable. Pour comprendre ce corps que j’avais utilisé pour exister, pour traverser l’existence, jusqu’à toi. Pour porter la vie. Moments bénis qui m’ont enseigné tellement de choses. Ce corps, tu sais mieux que quiconque à quel point je l’ai négligé, maltraité et pas écouté. Pour mois, c’était un véhicule. Oui une grosse libido, mais tellement de choses que je ne savais pas, que je ne comprenais pas, jusqu’à toi. Un ami un soir, cet été 2019, m’a dit que j’étais un peu comme une vierge. Je n’ai pas trop apprécié son commentaire sur le coup, pas plus que sa ligne de pensée.

Avec le recul, il avait tout de même compris quelque chose que moi je n’avais pas encore compris. La sexualité pour moi est très importante, sacrée et magique. Pour les autres je suis extrêmement ouverte. Pour moi j’avais une bonne idée de mes limites, mais je ne savais pas lesquelles, dans un contexte de confiance et d’épanouissement. Très tôt j’ai eu une très bonne idée de ce qui se passait entre un homme et une femme; par le cœur et par le cul. Résultat? J’ai voulu fermer mon cœur à double tour et, mon cul, j’étais déterminée à l’offrir à un seul homme. Pour faire des enfants. Pas très romantique, je sais. Mais je proviens d'un milieu dans lequel j'ai été trop exposée à des vies d’adultes holé holé. Je viens d’un univers étrange qui m’a fait voir et vivre des choses par autrui, beaucoup trop et trop tôt. J’ai aussi été violée très brutalement à onze ans. Je me suis enfermée dans un mariage de tête et pas du tout de cœur, au sein duquel la sexualité elle aussi aura été teintée d’abus, d’excès et même, de maladie et de perversion (émanant de mon ex-mari). Rien pour m’épanouir ou m’ouvrir; ni le cœur, ni les cuisses.

J’ai développé une relation particulière avec un vibrateur et mes mains. Pour le reste, beaucoup de vécu, mais pas autant d’expérience, si cela peut faire du sens. Pour moi, cela fait beaucoup de sens. Il y avait tellement de nouvelles sensations, physiques et de nouvelles émotions. Ce fut une période bouleversante, que ces premiers moi d’intimité avec celui qui deviendrait mon second mari.

Explorer, se donner, vibrer. Ma peau en feu, la flotte dans mes petites culottes et un appétit dévorant. Je lui avais déclarer le plus honnêtement du monde, lorsqu’il m’avait offert son cœur, que moi, le sexe, je ne savais pas quelle place cela prendrait advenant que j’entre dans une nouvelle relation. Chose que je n’avais même pas envisagée! Je savais que je quitterais mon premier mari, mais je ne savais pas encore ni quand et comment, et très certainement pas au profit d’une autre relation. Ce n’était pas dans mes plans. Je ne comptais pas m’offrir, à personne. Avec mon vécu, je ne savais pas trop bien comment être autrement, que seule. Je croyais faire peur, je croyais mes propres mots. J’ai aussi osé mettre ses propres expériences et plus récentes pratiques sexuelles en jeu, lui disant que moi... couple ouvert no way et, certains trucs, fuck non. Sa réponse a été immédiate, et déstabilisante. ''Je suis monogame et vanille.'' Qu’il m’a dit, donnant de la chair et de la contenance à ses propos en s’ouvrant sur à quel point il avait pris conscience et fait le tour en se blessant dans sa dernière relation. Laboratoire de toutes les expériences, avec une partenaire toxique et aux besoins à des années lumières des siens. Cynique, il a tout essayé, curiosité d’un homme ennuyé, et qui a besoin d’éprouvé... quelque chose. Pour se rendre compte que ce n’est pas du tout pour lui. Il a fait le tour, il sait ce qu’il veut et ne veut plus, qu’il me dit. Il me dit aussi, qu’il a réfléchi a tout ça et plus encore, avant même de me balancer son cœur. Il dit qu’il attendra, tant qu’il peut m’embrasser, le reste est secondaire, pas essentiel. Comprendre; je suis the shit, the real deal et je vaux l’absence de sexe ou une première relation sexuelle avec zéro date existante. Pour lui, ce n’était pas ça l’important. Il était criant de sincérité et une partie de moi aurait aimé qu’il soit comme les hommes en général. Qu’il ne soit pas si honnête, vrai. Je me suis donc drapée de cette attitude farouchement durant des semaines après l’aveux de nos sentiments. Et j’étais sérieuse et sincère.

J’ignorais tellement de choses à propos de moi, à propos de nous, de ce magnétisme à la fois physique et cérébral, et émotionnel. Dès le premier baiser, que j’ai initié, j’ai été perdue. Ou m’étais-je enfin trouvée? Ce fut du feu et de l’électricité pour nous deux. Un peu comme ce soir d’orage quelques semaines auparavant aux Trois Brasseurs. Lorsque nos mains s’étaient trouvées sur la table, et que nous avions ressenti un choque au contact l’un de l’autre. Puissant, déconcertant et enivrant. J’aurais dû comprendre à ce moment, mais je ne savais pas. Et dire que ce jour-là, je lui avais dit que c’était fini de se tourner autour. Je voulais cesser de souffrir et surtout, cesser de le faire souffrir de cette danse qui n’aboutissait à rien, malgré nos cœurs réunis. Il m’a convaincue de souper ensemble, le soir même. Et évidemment, toutes mes résistances ont fondues... bref. Dès que nos lèvres se sont unies, tellement de choses se sont produites. Je parle souvent des sentiments qui nous ont envahis. Je parle rarement de l’émoi physique que j’ai ressenti. Je n’avais jamais ressenti cela et c’était aussi enivrant que déchirant, car entraînant tellement de confusion.

Quatre jours plus tard, je m’endormais nue dans son lit après notre première d’une série de moments amoureux et passionnés. C’était un appel de tout mon corps. Un élan, une confiance jamais ressentie. C’est moi, qui ai proposé de dormir chez lui ce soir-là. Non pas qu’il n’y ait pas pensé, mais avec mes paroles en tête et l’intention de les respecter scrupuleusement... c’est moi qui aie ouvert cette porte. À notre grande surprise à tout les deux. Le feu entre mes cuisses, le brasier dans mon ventre, tout mon corps le réclamait; je lui appartenais. J’étais en sécurité. J’étais là à ma place. C’était une fièvre que lui seul pouvait provoquer, et que lui seul pouvait soulager. Un appétit que lui seul pouvait déclencher et , assouvir. C’était réciproque.

Au diable mes paroles, tout ce que je croyais savoir sur moi-même. Et ce ne serait pas la seule occasion du genre...

Sunday, January 23, 2022

Beaucoup



Je suis beaucoup. Je le sais. Curieusement, j’ai passé ma vie à essayer d’être invisible. Ne faire que passer, sans faire de vagues. J’aspirais à être seule, à ne pas déranger et ne pas m’attacher. Je suis humaine, cela n’a pas toujours très bien fonctionner. La fuite cependant, je connais. J’étais ce type de personne qui donnait son 200% lorsqu’une personne était dans le besoin... et qui disparaissait lorsque les choses allaient mieux pour cette personne. Devenant injoignable, n’ayant jamais de temps, étant toujours trop occupée. Et le temps passe... et les liens s’estompent. Puis, la vie continue.

Je suis une montagne de traumas parfois même trop grande pour moi. J’ai poussé toute seule, aussi droit que je l’ai pu. Mon père vous le confirmerait, ajoutant qu’il est bien fier de comment je me suis élevée toute seule. Seule. C’était le secret depuis ma tendre enfance pour survivre, ne pas être trop blessée. La solitude est devenue mon amie et mon refuge ultime. Jusqu’à tout récemment, dans les deux dernières années, je n’avais jamais compris... que l’un de mes plus grands... problèmes, c’est mon incapacité à faire confiance. Je n’avais jamais mis le doigt dessus ainsi, jamais compris l’ampleur. Et toutes les ramifications que cela a dans mon être.

Je suis allergique au mensonge... je n’aime pas que l’on me mente. Je suis une sprinteuse professionnelle dans mes relations... je sprinte dès que j’accomli ma mission, mon devoir... ou lorsque je sens quelque chose qui cloche. Je prends mes jambes à mon cou et ciao bye.

J’ai frappé un grand grand mur de béton. Il y a deux ans et demi. En fait cela fera six ans cette année. Mais je ne pouvais plus fuir lorsqu’il a déposé son cœur entre mes mains. Nous comencions à êtres conscients de bien plus que notre chimie; nos sentiments. Je crois que j’aurais été confortable avec cette danse constituée de petites approches réciproques sans véritables conséquences. Pas lui. Je ne voulais pas le fuir, ça je le savais malheureusement trop bien. Me commettre? Pour milles bonnes raisons (mariage et famille, relation boss-employé) mais aussi pour des raisons plus obscures et personnelles... je nous ai fait patienter. Je ne voulais pas aller plus loin. Je le sais et je le comprends maintenant. J’étais confortable et en sécurité dans cette danse, alors que nous nous tournions autour de manière de plus en plus ouverte, mais sans se commettre. Ça me convenait fort bien à moi. Surtout car je savais trop bien, que nous étions la rencontre d’une vie. De plusieurs mêmes. C’était encore plus effrayant.

Je préférais demeurer dans cette zone étrange et parfois inconfortable de l’amie... plus qu’une amie, mais pas disponible. Encore protégée par ce mariage malheureux aux apparences idéales. Quitte à le voir rompre, être libre comme l’air... puis le voir chercher de la compagnie féminie à défaut de l’Amour auquel il aspirait si fort depuis... l’enfance. Quitte à avoir peur de le voir s’engager de nouveau, car je ne ferais rien s’il formait de nouveau un couple. J’en suis incapable. Quoi que, à ce stade de sa vie, après avoir donné à une relation toxique en essayant si fort... mais l’amour n’y était encore une fois, simplement pas... il était cynique et résolu à ne pas former de couple à moins que ce soit LA bonne. LA sienne. L’Amour. Pas de couple, mais ce sursaut de vie, cette pulsion de trouver, qui l’emmenait à rencontrer. Et je préférais l’écouter me parler de ses recherches, de ses rencontres, même si cela m’éraflait le cœur. Plutôt que de me commettre, de m’ouvrir.

À un certain moment donné donc, il m’a offert son cœur. Une première pour lui... et pour moi. Il a trouvé ce courage que moi je n’avais pas. À ce moment, le plus que je pouvais lui offrir était de lui dire que je réciproquais ses sentiments mais... cela prendrait des semaines avant que je franchisse à mon tour un grand pas dans sa direction. Dont quoi qu’il advienne, la vie ne serait plus jamais pareille. Des semaines. Et sur le champ, juste après lui avoir avoué à mon tour mes sentiments, je lui ai martelé que j’étais... beaucoup. Pour lui faire peur, en espérant le décourager... mais j’étais aussi très sincère. Je suis un peu singulière en plusieurs points, et je suis bourrée de traumas avec des conséquences et des marques. Sur mon âme, dans certains comportements et certaines réactions. Une parmi tant d’autres que j’ai brandie sous son nez? J’avais 40 ans, je n’avais eu qu’un seul partenaire sexuel, et un viol atroce d’une violence inouïe à 11 ans. Je pensais quitter le père de mes enfants... mais jamais n’avais-je envisager que je serais de nouveau avec quelqu’un. Je ne savais donc pas comment je pourrais être en couple avec quelqu’un d’autre. Jusqu’à lui, je n’y avais même pas pensé, même pas envisagé. Le concept d’intimité m’intimidait beaucoup, surtout que contrairement à mon union avec le père de mes enfants, mon cœur était en jeu. Pour la toute première fois de ma vie. Les notions d’intimité et d’intimité sexuelle, m’intimidaient au plus au point. Ma seule union avait renforcer certaines blessures et en avaient rajouté et creuser de nombreuses autres. Je ne me savais pas capable de me donner et encore moins de m’abandonner. Et à mes yeux, il méritait mieux. Que moi. Ainsi, je me suis retrouvée à lui dire, que j’étais beaucoup.

Pétrie de blessures, de traumas, de drôles de réactions possibles. Je suis aussi une créature étrange qui a appris à se fondre en société et à se conformer. Je mimique à merveille, et je sais très bien lire ce que les gens désirent et attendent de moi. Ainsi depuis l’enfance, je passe inaperçu ou presque. Passant entre les mailles de nombreux filets et, indétectable sous les radars humains. Je serpentais ma vie presque avec insouciance, certainement avec un peu trop d’aisance, jusqu’à lui. Au fond sous mes airs solide, ardente et déterminée, se cache une femme très seule qui a ses doutes, ses peurs et bien des blessures. Une personne maladroite, parfois un peu naïve et au cœur trop tendre. Une personne sauvage et un peu perdue, quoi qu’elle ait pu essayer pour corriger ou entrer dans les normes. Au mieux, je savais mimiquer, j’improvise trop bien et j’ai une aptitude hallucinante pour déceler les désirs et les attentes d’autrui. C’est comme ça que je naviguais les eaux de ma vie jusqu’à lui.

J’ai essayé de lui faire peur, de le décourager, de le repousser. Un immense pincement au cœur, remplacé par un curieux mélange de soulagement et de panique devant son refus catégorique de renoncer ou de battre en retraite. Il se posait là et s’imposait. Respectueuse mais inébranlable force tranquille. Je lui ai donc dit de facto que j’étais beaucoup. Je sais que je suis particulière, aimable à mes heures, et que j’ai l’air fascinante. La réalité c’est autre chose, et j’ai été brutalement franche avec lui. Pas de cachette, il allait savoir à qui il avait affaire. Je lui ai offert une porte de sortie, il ne l’a même pas regardée.

Des semaines se sont écoulées, j’ai essayé de le repousser, de résister... puis, j’ai cédé. Je me rends. Un matin, j’ai su. Je le savais un peu beaucoup depuis le premier regard; notre rencontre n’avait rien d’ordinaire. Un cadeau que je refusais obstinément, de peur de ne pas le mériter, de le gâcher, de le perdre, comme tout le reste. Je savais aussi, que malgré nos sentiments puissants et cette ''fatale attraction'' si profonde... je pouvais gâcher cet état de grâce et le blesser. Ce que je ne désirais nullement. Ce matin là, je l’attendais, je savais que nos vies allaient prendre un tournant décisif. Il était venu la veille, et l’ombre d’un baiser avait très peu subtilement planer entre nous. Je m’étais sauvée comme une pleutre, paniquée. Ça se comprend sans doute et pourtant, je sentais que c’était... une erreur? Presque contre nature. Difficile à expliquer si on a pas vécue une telle alchimie, une telle connexion, de telles retrouvailles cosmiques. Et oui je sais à quel point ça sonne à la fois quétaine et ésomantante. Moi-même avant de vivre ceci, je n’y croyais pas, je roulais des yeux et je méprisais un peu secrètement ce type de concept, croisement entre Harlequin et Disney.

Ce jour-là, je l’ai embrassé, alors qu’il croyait m’avoir perdue et devoir faire une croix sur nous, sur moi. Tout en sachant qu’il ne pourrait pas. Il m’avait offert son cœur, je lui ai retourné la pareille de toute mon âme ce jour-là. Dès ce moment, nous avons formé un couple. Et il est adorablement intraitable à ce sujet... et je suis tout à fait du même avis. De mon côté j’ai su que j’étais enfin rentrée à la maison. Un sentiment incroyable et une réalisation surréelle. Idem pour lui, sa quête était terminée, il ne cherchait plus. Il m’avait trouvée et, me tenait contre lui. Avec l’intention de ne pas me laisser partir et, sachant déjà qu’il voulait m’épouser. Ça je ne le savais pas, et c’est tant mieux car j’avais déjà peur et je ne comptais pas me remarier à ce moment-là. J’étais d’ailleurs toujours mariée au père de mes merveilleux fils.

Depuis, je lui ai montré à quel point je suis beaucoup. Nous évoluons ensemble dans une relation très fusionnelle et authentique. Il n’a jamais même pensé prendre la poudre d’escampette. Il a parfois omis, voulu me protéger pour certaines périodes. Il est toujours là, plus solide et amoureux que jamais. Il a aiguisé son courage au contact de mes blessures, de mes carences et de mes traumas et leurs ramifications dans mon être. Du courage, il n’en manque pas. Il a parfois trébuché, mais n’a jamais perdu pied. Il n’avait jamais daigné utiliser son courage et mettre son cœur en jeu ainsi auparavant. Il ressentait toujours un certain détachement, une certaine indifférence pour laquelle il devait toujours compenser. Un peu comme moi, passé maître dans l’art de donner forme aux attentes et désirs des autres. Méthode qui ne se révélait pas toujours sans faille, certaines détectant son détachement à des degrés divers. Une fois pris avec le real deal aka moi, c’était une autre histoire. Nous avons fait battre nos cœurs en symbiose au premier regard, nous avons fait jaillir des sentiments que nous ne savions pas pouvoir éprouver, qui se sont révélés, réveillés et imposés à nous au fil du temps. À se côtoyer, se découvrir et se tourner autour, au quotidien au boulot. Et dans cette amitié dans laquelle nous avions tout les deux ranger nos véritables sentiments pour d’honnêtes raisons variées.

Il y a de mes blessures très grandes, qui font très peur. La peur principale? Me perdre. Parfois on peut perdre du vue la force des liens, surtout car nous y sommes tellement vulnérables. Parfois une réponse à une question précise a attendu avant de se révéler. Parfois. Sans conséquence, sans importance, mais, cela réveille mes blessures. Aujourd’hui, le courage est pleinement déployé. Mais l’époque au cours de laquelle nous découvrions encore l’étendue de nos sentiments, de notre amour et toute son étendue et sa profondeur. Époque aux nombreux bouleversements. Nous étions vulnérables, nous avions peur de beaucoup de choses, nous avancions ensemble dans l’inconnu d’un nous alors plus grand que nous deux. Désormais nous l’incarnons, nous le savons, et nous sommes. La communication est limpide, le lien transparent et le courage, décuplé. Devenu une évidence. En fait peut-on parler de courage? Dans l’optique ou je lui avais claironné qu’il fallait être fait fort pour composer avec moi... oui. Nous avons beaucoup grandi au contact l’un de l’autre. Le courage dont je le voyais pourvu, brille désormais dans toute sa personne. Se déployant dans toutes ses actions, ses choix et ses décisions. Il est plus mûr et éclairé, et sûr de lui. Évoluer et croître ensemble est un tel bonheur, un réel privilège.

Je suis encore convaincue que je suis beaucoup, certains jours. Je sais cependant que pour lui, je ne suis jamais trop, ni beaucoup. Juste assez. Faite pour lui. Jumeaux cosmiques, âmes sœurs majeures, anam cara, flammes jumelles... appelez cela comme bon vous semble. J’ai trouvé celui qui sait m’aimer entière, sans masques, murs, ni zones interdites. Il connaît chaque recoin, et il les embrasse sans hésiter, avec un amour absolu. Que je lui retourne parfaitement et totalement.

 


Saturday, January 22, 2022

Deux faces


J’ai passé la grande majeure partie de ma vie à incarner l’épouse parfaite. Vivant ma maternité, qui était le véritable centre de mon existence. Je n’ai connue qu’une relation très longue; de mes seize ans à mes quarante ans. Vingt-quatre ans de ma vie. Un choix fait avec ma tête, un mariage de raison, de mon côté. J’ai pris à seize ans, des décisions immenses qui allaient entraîner des conséquences importantes sur le reste de ma vie. Et celles d’autres personnes aussi. Jamais je n’aurais pu prévoir ou envisager la suite des choses. J’ignorais aussi, la femme que j’étais et que j’allais devenir.

La maternité était au cœur de ma vie, et mon mariage ne tournait pas du tout, en rien, à ce que j’avais planifié et, espérer. J’espérais avoir marié mon meilleur ami, un complice à défaut d’un amoureux. Je ne voulais pas être amoureuse. Mon union s’est avérée désastreuse, mais pour des raisons financières, mais surtout à cause de mes enfants, je suis restée. Et j’ai nourrie cette image parfaite de notre mariage. Cela me protégeait d’autres hommes, d’autres histoires… cela finirait aussi par m’isoler des miens. J’ai fait de mon mieux.

Dans ce contexte, mariée aussi tôt que dix-huit ans, j’avais encore tellement à découvrir mais je l’ignorais. J’avais vécu beaucoup, même trop… mais il me manquait aussi beaucoup d’expérience de vie. La maman a pris toute la place et la femme dans ce mariage, ne pouvait pas s’épanouir. J’ai toujours été très seule, ce mariage n’a pas fait exception. J’ai fait connaissance de la femme en moi, de manière cahoteuse. Au fil des ans. Ma véritable fougue sexuelle ne pouvait pas s’exprimer dans mon couple. Nos intérêts étaient aussi, très très éloignés. J’ai plongé dans ces univers, mais cela me faisait trop mal. Un jour, j’entrerai peut-être dans ce segment de ma vie.

Je suis une femme qui possède une importante libido. Mon corps en entier semble pouvoir éprouver de la jouissance. Je suis un drôle de moineau. Pour les autres, je suis super ouverte d’esprit. Moi? Je suis monogame de chez monogame. En revanche, les scénarios, les fantasmes et certaines pratiques ne me font pas froid aux yeux. Bien au contraire. Je n’avais pas le bon partenaire pour explorer ces zones de ma personne. Cette intimité, je l’ai vécue avec moi-même, jusqu’à mon second mari, qui est aussi, l’unique et premier amour de mes vies.

Nous avons une vie sexuelle vraiment épanouissante, et une intimité profonde. Entre nous, l’attirance magnétique, irrémédiable et alchimique est présente depuis le premier regard. Et je trouve la vie drôlement bien faite… mes fils sont des adultes. Cet autre chapitre de ma vie, c’est le mien. Mes fils sont toujours aussi importants. Ce qui a changé, c’est l’importance que je m’accorde dans ma propre vie. Je me suis choisie et, tout cela à déboulé sur ma présente vie amoureuse et sexuelle. Après des années à incarner une épouse irréprochable et unidimensionnelle, voilà que j’explose et j’explore ma féminité et ma sexualité pleinement. Et je n’ai plus à faire le choix entre la Madone et la Putain. J’ai toujours su, en silence, que j’étais les deux. Sans compromis, sans avoir de choix.

Mon appétit sexuel est vorace, mon besoin d’intimité et de sentiment lui sont égaux. J’ai trouvé un partenaire qui a les mêmes besoins, la même nature. Nous sommes terriblement bien assortis. C’est hallucinant à quel point nous sommes compatibles. C’est très libérateur d’assumer et assouvir les deux facettes (et même plus) de ma personne, partout, incluant sexuellement. J’ai eu plus d’amis proches masculins, mais j’ai connu beaucoup d’amitié moins proches avec des femmes. Jamais je ne me suis reconnue dans les discours, désirs et anecdotes des femmes qui ont gravité autour de moi. Ou très très peu souvent. Les pratiques qui me rendaient curieuse, ce qui m’allumaient… révulsaient les autres femmes. Ce qui fait que je n’osais pas parler.

Je trouve ça encore dommage que les deux images; Madone et Putain, soient dissociées. Alors qu’elles sont toutes les deux présentes chez la plupart des femmes, à des degrés divers. Chez moi, elles se côtoient pas mal à parts égales. En moi, elles se tiennent maintenant la main. Je les assume entièrement, et désormais, pas seulement dans ma propre intimité… moi avec moi. Dans une intimité partagée. Je trouve ça dommage et ça fait mal à la femme en moi, de savoir que plusieurs femmes sont encore déchirées entre les deux. De moins en moins mais, encore trop. 


 

Friday, January 21, 2022

Évasion

 

Dans les premiers mois de notre amitié, il aura cette année bientôt six ans de cela, j’apprenais à te connaître. Le sujet de notre premier échange? La spiritualité, l’astrologie et la magie. Le tout, entecoupé d’informations glanées au sujet l’un de l’autre, ici et là. Au départ, tu étais ce gars hyper brillant, passionné par sa discipline professionnelle (la naturothérapie) et les arts occultes. Nous avions des échanges profonds et intéressants. Avec le temps j’ai découvert que l’un de tes intérêts était, les jeux vidéo. J’aime beaucoup les jeux vidéo également, mais nous n’en parlions pas beaucoup. C’est seulement lorsque nous avons commencé à former un couple (j’allais dire à nous fréquenter, puis ton visage mécontent m’est apparu… tu tiens au fait qu’il n’y a pas eu de fréquentations entre toi et moi… un baiser et nous formions un couple…) que j’ai vraiment découvert cette part de ton univers.

Lorsque ma vie a éclaté en milles morceaux et que tu m’as aussitôt accueillie chez toi, sans hésitation. Le jeu est l’une de tes nombreuses passions, que tu te découvres encore. Désormais une parmi tant d’autres. À cette époque tu jouais avant le boulot, tu jouais le soir et, en fait, tu avais un peu beaucoup besoin de ta dose. Sans pour autant ne m’avoir jamis donnée cette impression d’un joueur compulsif. Jamais tu ne me faisais passer après; tu as toujours fait de moi ta priorité as day one.

 

Au fil du temps, tu t’es découvert toi aussi, au sein de cette relation qui est la nôtre. Tu es un homme allumé, lucide et capable de t’observer toi-même avec une grande honnêteté. Tu n’évites pas (ou plus, selon certaines sphères de ta vie, mais c’est un autre sujet) ce qui ne fonctionne pas, tu confrontes. Tu examines et tu agis.

Dans nospremiers mois, j’ai vu un homme ancré, aggripé et scotché à son écran. Je n’ai pas mis longtemps à voir au-delà, et apercevoir en fait, un gamin qui se cramponnait à ses jeux. Je n’ai rien dit, comme je le fais toujours, par respect pour ton processus. Par amour et car j’ai en toi une confiance infinie. Dans les mois qui se sont écoulés par la suite, je t’ai vu te déployer de plus d’une manière. Notre Amour nous a fait ce très bel effet à tout les deux. Et cela se poursuit… quelle belle aventure, quel beau voyage… bref.

J’ai vu évolué et changé ton rapport au jeu, en passant par toutes sortes d’émotions et de phases. Jusqu’à ce que tu te sois trouvé et déposer. Je venais avec une vie; des fils, de la famille et des amis. Je viens avec des passions et des intérêts divers; musées, balade en forêt régulières et jeux de société. Ça prend de la place, et ça empiète sur le temps que tu consacrais avant à tes jeux.

Avec le temps, tout s’est équilibré. Tout a trouvé sa place, incluant toi. J’ai trouvé très émouvant et très intéressant de t’accompagner dans tout ce chemin que tu as effectué. Je t’aime tel quel, et ça ne me dérangeait pas du tout le temps que tes jeux occupaient dans ta vie, avant moi. Simplement… j’avais cette intuition que tu étais plus que ça. En effet, tu l’es. Ta vie avant moi, les jeux avaient toujours occupé une place prédominante. Cela t’avait causé quelques soucis dans de précédentes relations. Tes relations te rendaient tellement malheureux, que tu avais toujours très hâte de te réfugier dans tes jeux. Voilà. Le mot sur lequel j’ai accroché lors de tes nombreuses confidences sur le sujet. Et sur lequel tu t’es arrêté à ton tour éventuellement.

Tu t’es mis toi-même à questionner ton lien au jeu, et non pas le jeu lui-même. Ni la place comme telle qu’il occupait dans ta vie, mais pourquoi. Un refuge. Ça en dit long en un seule mot. Tu es remonté jusqu’à aussi loin que l’entrée des jeux dans ta vie. Jusqu’à l’enfance, sur la pré-adolescence et l’adolescence. En passant par toutes tes relations, surtout les plus sérieuses, et les périodes de ta vie. En t’arrêtant sur ta relation juste avant moi. Pour toi, ç’aurait pu être la relation idéale; elle ‘’gamait’’ autant que toi. Tu aurais dû en faire une amie, jamais une blonde, selon tes propres propos. Vous n’êtiez pas si souvent, et lors de vos week-ends ensemble, vous passiez la majeure partie de votre temps à jouer à des jeux; toi sur ton ordi et elle, sur ta télé. Tu t’emmerdais, tu préférais ceci à t’engagner davantage. Ça se résumait beaucoup à ça pour toi.

Tu compares beaucoup au monde qui s’est ouvert à nous, depuis que nous formons un couple. Avant la pandémie, les soupers avec nos amis, la famille, les garçons. Les jeux de société, cuisiner ensemble, les nombreuses balades, les films, les musées, lire l’un à côté de l’autre. Nos parties de Scrabble, et autres jeux de société. Nous passons tout notre temps ensemble et, tout les deux nous n’étions pas enclins à ça dans nos vies sentimentales auparavant. Ton temps de jeu est minime. Tu peux passer des jours sans jouer et, c’est la vie.

Tu es remonté, tu as découvert à quel point le jeu était au fil du temps, devenu pour toi, une échappatoire. Une manière de t’évader de l’intimidation subie dans ton enfance, des disputes à la maison. C’est devenu ton refuge et l’endroit de prédilection pour toi. Tu n’étais pas accro. C’était un réconfort, un refuge, une fuite. Une fois ta relation au jeu mis à jour, tu as changée tes habitudes avec sérénité. Pour toi, et non pour moi ou quiconque d’autre.

J’ai trouvé ton voyage intéressant et touchant. Un joueur peut tellement passer pour un accro unidimensionnel un brin égoïste. Et j’en ai connu de ce type (aussi grave qu’incapable de prendre un repas avec sa famille, de s’occuper de ses enfants) autour de moi. Plus d’un. Moi, je t’aime peu importe. Cependant je suis heureuse de te voir épanoui et pas esclave de rien du tout. Dans l’exploration et la compréhension de ton lien aux jeux vidéo, tu as aussi fait face à ta personne. Tu as récupéré des morceaux perdus, tu es plus entier et heureux. Tu as amélioré ta relation avec toi-même en fait, au fil des prises de conscience.

Enfant, nous trouvons tous nos refuges, lorsque nous vivons des moments difficiles. Je suis simplement heureuse et fière de toi. Heureuse que jouer soit désormais pour toi un choix, et non pas un besoin et une réaction de fuite. Ce trop long billet ne rend pas justice à ton cheminement. C’est un bonheur et un honneur de te voir évoluer et croître de si près. 

Thursday, January 20, 2022

L'Ex

 



Au premier regard, nous nous sommes reconnus, sidérés, amoureux au premier regard, puis... plus rien. Notre amour prendrait des mois, des années à émerger de nos réserves, de nos incrédulités parallèles et de nos peurs que cela ne soit pas réciproque. Au fil des années, les moments magiques au cours des quels notre chimie est apparue furent nombreux. Trop nombreux pour nier et ignorer et pourtant, c'est que nous avons fait. Nous nous sommes retrouvés au premier regard échangé et puis, plus rien... j'étais mariée et toi, célibataire, mais pas pour longtemps. Brûlant de ta quête de trouver ta princesse charmante malgré un cynisme latent grandissant, et avec ce succès auprès des femme, si aisé. Je t'ai servi mon habituel baratin de femme mariée heureuse, et tu y as cru, et tu as fermée la porte qui venait de s'ouvrir. La vie a continuée, suivant son cours. Nous faisions doucement connaissance, puis un jour tu es venu me demandé ce que c'était l'amour. Me disant que tu n'avais jamais été amoureux, si candidement et sincèrement. Tu me faisais part du même souffle, que tu avais rencontrée deux filles, que tu hésitais. J'ai essayé de t'aider à y voir clair. 

Quelques jours plus tard tu avais fait ton choix. Dès le départ les choses sonnaient faux et, tu semblais malheureux. J'ai rapidement au fil des mois et de tes confidences, eues des intuitions très claires. Elles seraient confirmées plus tard, avec une incroyable justesse. En attendant, je te voyais essayer si fort que ça fonctionne. Tu l'avais choisie car elle était différente, et tu avais pas mal tout vu et vécu beaucoup. Elle était dotée d'une ouverture d'esprit hors du commun qui t'a mené sur des chemins et des aventures. Tout cela t'a bousillé, toi, bel être sensible. Mais tu éprouvais le besoin de te shooter à la nouveauté, pour vibrer, ressentir quelque chose dans cette vie sans début ni fin. 

Notre amitié s'est déployée, et notre  chimie devenait de plus en plus difficile à éviter. J'écoutais, tes nombreuses questions qui devenaient rapidement des évidences. Tu étais malheureux et tu l'as été toutes ces années. Je n'ai jamais pris avantage de cette situation, ni du rôle que tu m'octroyais. Jamais. Même lorsque notre chimie est devenue évidente, je contournais et j'évitais. Tu étais en couple, j'aurais été incapable. Oui nos sentiments réels filtraient de plus en plus, malgré nous. Ce ne fut jamais par exprès. Je t'aimais trop pour foutre le bordel dans ta vie amoureuse déjà houleuse. Je me contentais de conseils doux qui te ramenaient vers toi, et de t'offrir mes oreilles. 

Oui je voyais beaucoup de choses; entre toi et elle, dans vos rapports. Oui j'avais un portrait assez juste de sa personne. Jamais je n'ai rien dit. J'ai été bêtement et respectueusement, une bonne amie. Le meilleur exemple est ce soir de février 2019 alors que nous célébrions l'anniversaire de Renoir Leblanc. Vous étiez présents toi et elle, et tu avais l'air tellement ailleurs, tellement malheureux. Ce soir là je suis partie soudainement, brusquement et tôt. Tu étais assis entre elle et moi, tu as senti quelque chose et tu étais triste de me voir partir, et tu m'as demandé franchement pourquoi je partais. J'ai inventé une raison, et tu as su la vérité... seulement une fois que nous formions un couple. De très nombreux mois plus tard. Je tenais ma langue, je ne voulais faire de mal à personne, et te laisser vivre ce que tu avais à vivre sans interférer. 

Je n'ai jamais dit un mot contre celle qui était ta blonde. Jamais. Pour moi, ça ne se faisait pas et c'est un manque flagrant de respect pour elle comme pour toi, à l'époque. 

Lorsque votre histoire s'est carrément effritée, j'étais aux premières loges. Depuis le début... début de la fin dirais-je. Elle n'avait jamais fait battre ton coeur, tu avais donné une chance à cette histoire, t'investissant avec désespoir. Écoeuré de chercher, de passer d'une histoire à une autre, d'une fille à une autre. Tu n'en pouvais plus, tu as décidé de la quitter... ce fut une pause suivie d'un essai car tu te sentais tellement coupable de lui faire de la peine. Finalement, elle te quittait quelques semaines plus tard.

Tu aurais du être détruit... tu étais serein et libre, heureux. Tu disais adieu à deux ans et demi de ta vie, mais tu étais heureux de passer à autre chose. Tu me disais à quel point tu voulais rien de moins que la femme de ta vie, pour une relation sérieuse ou tu t'investirais et, rien de moins. Vous vous êtes revus, au mois de mai, lorsque j'étais en Irlande. Mai 20019. Tu lui as dit les mots qu'elle voulait entendre, tu as joué l'ex triste, ne voulant pas le blesser. Vous ne vous êtes plus revus. 

Nous parlons souvent de toutes ces années, des moments évidents de complicité, en passant par les moments magiques entre nous. Tu me dis souvent, que si tu avais su pour mon mariage de façade, tout aurait été différent. Cette histoire n'aurait même pas vu le jour, selon toi. Et si tu l'avais appris en cours de route, tu serais parti de ce navire abîmé dès le début, sans hésiter. Tu as sauté dans cette relation car j'étais mariée, heureuse, inatteignable. C'est à dire à quel point je ne laissais rien filtrer de mes sentiments réels pour toi, mais aussi de ma réalité maritale. Même avec toi à qui je disais plus qu'à quiconque. Tu aurais été célibataire, j'aurais peut-être craqué éventuellement. Tu étais en couple, et pour moi c'était un non. Point à la ligne. 

Je t'aimais, j'avais ton bien-être à coeur. Mes sentiments, ils n'avaient rien à faire hors du secret de mon coeur. Ma place, c'était celle d'amie. Point à la ligne. J'affichais et je brandissais mon faux bonheur conjugal, l'étendant entre toi et moi. L'illusion était parfaite. Même si avec le temps, nos sentiments à tout les deux, fissuraient de plus en plus nos murs et nos résistances. 

Toi et moi, c'était simplement écrit dans le ciel. 

Ton regard sur moi

  Ton regard sur moi améliore celui que je pose sur moi. Je me rends compte, à défaire mes derniers nœuds et à rencontrer mes derniers traum...