L’homme que j’aime est près de dix ans plus jeune que moi,
et il est beau comme un cœur, comme un dieu. C’est selon. Bottom line; il est
beau. Il a du succès auprès des femmes. Il est aussi, rêveur, hypersensible et
d’une grande bonté. Il est très candide et pourvu d’une certaine naïveté. Il a
aussi été blessé dès son plus jeune âge, dès son entrée à l’école. Il a vécu
beaucoup de choses qui l’ont poussé à se retrancher en lui-même et ultimement,
à développer un mauvais lien avec lui-même.
Beau et gentil en ce monde, ça attire les filles et femmes
de tout acabit. Beau, gentil, tourmenté et brisé sous des apparences lisses,
cela a attiré un type de filles et femmes, as day one. Il agissait telle une
lumière pour des âmes en détresse, pour personnalité de divers degrés de
toxicité. Pour ses propres raisons, il gravitait vers ce type de filles et
femmes. Un pattern maintenant très clair, précis et défini.
C’était un être vulnérable, avide de se blesser, croyant
profondément le mériter. C’était aussi, tout au fond, un gamin à la recherche
de sa princesse charmante, son âme sœur. Je mentirais si je disais que son
passé amoureux ne m’avait pas intimidée. Je mentirais si je disais que je n’étais
pas tombée dans le panneau de ‘’il est beau, grand et il a un passé de Casanova
ça fait du sens, il doit avoir tout vécu et eu ben, ben du plaisir’’. Ben non.
Il s’est avéré que sa vie amoureuse et sexuelle fut un calvaire.
Mais moi, ce que je voyais, c’était un homme magnifique sous
tous rapports, qui avait derrière lui une longue liste de conquêtes et de
relations à plus long terme. Pour moi, toutes ces histoires font partie de lui
et je savais à qui j’avais affaire. J’ai bénéficié de plusieurs années d’amitié
pour l’observer, et non pas être repoussée, mais tomber plus sous son charme,
chaque jour passant. Ignorant totalement cependant, qu’il vivait la même chose
me concernant, de son côté.
Étrangement, je ne l’ai jamais vu comme un coureur de
jupons, un tombeur de ces dames ou un womanizer. Jamais. Ça ne cadrait pas. Ne ‘’fittait’’
pas. Même lorsque ses comportements auraient pu laisser croire le contraire, je
ne succombais pas à ces apparences. J’ai toujours vu plus loin, je l’ai
toujours vu pour lui, même sans tout comprendre. Je savais qu’il était malheureux
pour sur, même si je ne savais pas pourquoi, ni l’étendue de ses blessures.
Il était plus qu’un bel homme, plus que ces comportements,
que sa vie affective semblant bien remplie. D’ailleurs, moi, dans les premières
semaines ou nous nous sommes connus, je ne voyais pas sa taille, ni sa beauté,
ni sa bonté, ni sa sensibilité. Outre cette connexion brute et cette (al)chimie
percutante entre nous, je ne voyais qu’un homme intriguant. C’est sa brillance
et sa profondeur qui me touchaient. Nos conversations profondes et sincères. Je
distinguais sa souffrance, ses tourments et une certaine noirceur. Je sentais
une tristesse, un cynisme et une lourdeur. Je le trouvais mystérieux, brillant
et fascinant. Mais ni beau, ni grand, ni souriant et candide. Cela viendrait
plus tard.
Alors que dans les schémas répétitifs de ses relations avec
les femmes, elles étaient attirées par ce qu’elles cherchaient et voulaient
bien voir chez lui. Un bel homme avec un cœur pas comme les autres. Il y avait
du vrai; dans ses rapports aux femmes, il voulait à la fois les sauver mais
aussi se blesser. Attirer par les femmes avec un bagage, apparent ou non. Avec
une disposition pour ce qui sortait de l’ordinaire, qui l’ennuyait au plus au point.
Les écorchées sont tellement plus intéressantes que la bonne fille d’à côté, n’est-ce
pas?
Bref, sous sa longue liste de conquêtes et de copines, j’ai découvert
beaucoup plus. À quel point il avait souffert, à quel point il avait essayé de
correspondre à ce que la société attendait d’un beau gars, et à ce que les
filles et femmes désiraient. Ce n’était pas le palmarès heureux et assumé, et
le passé d’expériences et de luxure que je m’étais imaginé. C’était un cimetière
de relations éphémères ou plus longues, ou il avait laissé des parties de son âme.
Pas de son cœur, qui n’avait jamais battu. Mais il avait souffert beaucoup. J’avoue
avoir mis du temps à comprendre. Et il ne se pose pas en victime de ces dames.
Il est bien trop intègre et lucide pour cela. Prenant sa part de torts et d’erreurs.
Reste que… son pattern est clairement établi. Il avait une prédisposition vers
les femmes dominantes, écrasantes, avec un bagage quelconque, souvent. Moult
manipulatrices dans son historique romantique. C’est un peu effrayant à quel
point le pattern est clair et établi. Distinctif.
Parmi ses torts, il y a cette fâcheuse tendance, dont il s’est
heureusement affranchi, de ne pas vouloir blesser ces dames. Du fait de sa nature
sensible, mais aussi, car il nourrissait une grande culpabilité de ne pas les
aimer. Car au fond il le savait toujours. N’aimant pas faire mal, il n’a pas su
couper certains ponts et fermer certaines portes. Ce qui fait que, même
maintenant, certaines femmes semblant ne pas pouvoir l’oublier se manifestent.
Il a laissé des portes ouvertes, des messages en suspend, et parfois,
maintenues de amitiés avec des ex-copines et des ex-amantes. Jusqu’à nous. Depuis nous, ces liens morts,
il en a fait un gros ménage. Il reste que, certaines entretiennent l’espoir
dans les messages en suspends, dans l’absence de nouvelles, dans l’absence d’un
chapitre clos. Pire, certaines ne comprennent pas pourquoi il ne nourrit plus
tout à coup, sans explications, ses amitiés qui traînaient. Dans lesquelles il
y avait un reste ou un semblant de ce qu’avait été la relation. Une source d’espoir,
de réconfort et d’illusions dont elles se retrouvent tout à coup priver. Comme
il ne leur a pas donnée l’heure juste, entretenant des échanges, des conversations,
des liens, elles ne comprennent pas. N’ont pas vu venir. Je pense à sa
précédente relation qui n’avait aucune idée, des mois durant de ce qu’il vivait
et développait. Alors qu’elle ne parvenait pas à l’oublier et croyait qu’il en
était au même stade qu’elle, il protégeait, découvrait et développait sa
relation avec… moi. Des mois plus tard elle a réclamé une rencontre avec lui,
lui déclarant qu’elle ne parvenait pas à passer à autre chose. Soupçonnant à un
certain moment qu’ils n’avaient pas vécue la même version de leur histoire, et
qu’il était ailleurs, bien loin, elle est entrée dans une colère. Jusqu’à moi,
il avait toujours procédé ainsi, gardant des liens avec ses exs : amantes
ou blondes. Je ne suis pas une fille, je suis une femme. Je n’avais aucune envie
de composer avec des drames dignes de Degrassi ou Chambres en ville (pour ceux
et celles qui pourraient passer ici et connaître). Pour moi, son attitude un
brin nonchalante, voir négligente, par habitude, par peur de blesser, par
désintérêt, par… peu importe les raisons. C’était un nid pour différents problèmes.
Femme de feu, femme franche, je me mettais dans ses souliers, mais aussi ceux
très désagréables à chausser, des femmes qui étaient passées dans sa vie. Et je
comprenais tous les partis.
Il devait prendre son courage et confronter, faire ce qu’il
avait à faire. Et il l’a fait. Malheureusement il survient encore de temps en
temps une femme qui espérait encore. Il ferme le chapitre et règle générale ça
ne plaît guère à ces dames. Cependant lui, il trouve une paix. Il n’évite plus,
il confronte, ferme les portes, coupe les ponts, fait face franchement et remet
les pendules à l’heure quand une se manifeste. Je le vois se libérer, croître,
s’affranchir et devenir solide et entier dans le processus.
Il ne voulait pas être un écœurant de plus… il comprend désormais que laisser aller certaines situations… ce n’est pas mieux parfois. Il ne rendait service à personne. Et il fait un peu plus la paix avec son vécu, se comprend, il s’apprend et réalise beaucoup de choses. Et moi aussi. C’est un homme complexe et pas ordinaire. Un modèle assez unique oserais-je dire. Il me fait réfléchir et grandir. Beaucoup.