Monday, February 28, 2022

En voyage


Mai 2019 je m’envolais pour l’Irlande. Un voyage que je m’étais promis, tout de suite après la mort de Réal. Je n’attendrais plus avant de vivre et de réaliser mes rêves. Promesse tenue. Je partais avec mon partenaire de l’époque, le père de mes merveilleux fils. Malheureusement pas le meilleur partenaire de voyage et certainement pas le meilleur partenaire en quoi que ce soit pour moi. Mai 2019, nous étions déjà très très proches. Tu n’avais pas encore mis tes tripes et ton cœur sur la table, mais nous étions très conscients de cette alchimie entre nous. Nous en parlions ouvertement, à mots à peine couverts.

Tu ne le sais pas, mais je suis partie le cœur à la fois excitée et lourd, pour ce voyage. Nous nous rapprochions beaucoup, malgré mon mari et ta fréquantation passagère du moment. Tu allais me manquer, et j’avais peur. Peur que tu décides d’investir avec ta fréquantation du moment, tellement déterminé à vivre, trouver et éprouver. Je craignais même que pire encore, tu retournes avec ton ex, même si tu avais été malheureux, pas du tout amoureux et que tu étais libre et heureux. Tu étais déterminé à être véritablement en couple, seulement si c’était LA bonne. Tu ne voulais plus t’embarquer pour moins que cela. C’était vrai, mais je te savais vulnérable, malheureux et, surtout… j’étais à tes yeux, mariée et heureuse. Inaccessible. Je ne laissais pas rien filtrer le mon malheur conjugal, et si peu de mes sentiments en regard de la vérité.

Je suis partie en Irlande, le cœur un peu lourd et crois-le ou non, avec la hâte au cœur de te retrouver. Tu ne sais même pas, que j’ai pensé à t’écrire souvent durant mon voyage. Je n’ai pas osé. Tu m’as manqué! J’ai vécu des moments forts en Irlande, et j’aurais voulu te le partager, t’écrire et t’en parler. Je n’ai pas osé. Tu as été avec moi, tout au long de mon voyage. Je ne crois pas que je te l’ai dit ainsi. Je vivais spirituellement tellement de choses, et tu étais la personne avec qui j’aurais aimé en discuter et partager. J’ai pensé à toi à de nombreuses reprises, en des endroits particuliers en Irlande.

J’ai cherché un cadeau pour toi aussi, mais ne trouvant rien, j’ai préféré ne rien acheter. Je voulais quelque chose qui avait une véritable signification et non pas un simple souvenir touristique. Je ne t’ai donc rien rapporté dans mes bagages, mais, je te ramenais mon cœur presque mûr pour tomber entre tes mains. Pas encore prêt, mais presque. Car au retour de ce voyage, non seulement j’avais beaucoup pensé à toi, mais j’avais aussi beaucoup réfléchi. J’ai vécu beaucoup de moments forts très personnels et spirituels en Irlande. Dont une prise de conscience foudroyante. J’allais quitter mon mari. Pas pour toi, mais pour moi. Je le savais depuis longtemps. Plusieurs années. Depuis la mort de Réal, c’était une évidence. Après ce voyage les dés étaient jetés. Et puis, il y avait toi. Nous. C’était à suivre.


 

Sunday, February 27, 2022

Silence


J’ai toujours aimé le silence. Peut-être car très tôt autour de moi, les cris, les bruits, les rumeurs, me remplissaient la tête. Les histoires crève-cœur des adultes m’entourant. Me considérant comme un joli meuble sage ou carrément une adulte. Il y avait toujours du mouvement et du bruit. Même le soir, la charge lourde de chaque journée m’envahissait la tête, sur l’oreiller, je ne trouvais pas le repos. La musique m’aidait à dormir, mais le jour, bien réveillée, c’est le silence qui m’apaisait. Le silence qui permet de faire connaissance avec une maison; ses bruits divers, qui la rendent unique. Le silence qui me permettait d’écouter mieux les battements plus calmes, de mon cœur. Qui me permettait de me sentir en quelque sorte, en sécurité. C’est pour beaucoup, ce qui fait que moi, le silence ne me fait pas peur. J’en ai besoin, et ça ne me rend pas mal à l’aise. Je sais aussi lire les silences. Mieux! C’est un langage que je parle couramment. Car tant de choses passent par le silence. Des mots, des courants, des intentions et toute la gamme des émotions humaines.

Le silence, une sécurité, et un réconfort dans la solitude. La solitude qui m’était chère, elle aussi. J’aime le silence. On entend et on comprend tellement de choses, dans le silence. Ça me berce et me rassure le silence. La seule variation au silence que j’ai vécue, remonte à très récemment. Maman de deux garçons, je n’habite plus sous le même toit qu’eux depuis déjà deux ans. Mon rapport au silence après être devenue maman, a connu une belle tournure. Mes fils m’ont offert leurs musiques aussi tôt que leur neuf mois dans mon ventre. Je ne saurais comment l’expliquer, mais il est de ces petits bruits, lorsque l’on partage notre corps avec une vie qui pousse en soi, qui sont merveilleux et uniques. Plus l’enfant grandit à l’intérieur de soi, plus les petits bruits sont distinctifs. Puis ensuite, bébés, tendre enfance, enfance et adolescence et vie de jeunes adultes. Les rires, les larmes, les cris. Chacun de mes fils affecte mes silences à sa manière. Mon aîné est très verbomoteur. Il ne peut s’empêcher de partager, de se confier, de parler, de rire et de s’indigner. Mon cadet est un peu comme moi. Aucune difficulté à être seul, dans le silence et à faire ses petites affaires.

Depuis que j’ai emménagé avec mon mari, le silence pour la toute première fois de ma vie parfois, se faisait lourd. Ça arrive encore, mais beaucoup moins. Les musiques de mes fils, leurs sons, leurs bruits… ils me manquaient cruellement au début. Je n’avais jamais été séparée d’eux auparavant. Leur absence se faisait sentir dans le silence parfois plus omniprésent. J’ai dû m’habituer à ce silence, et ce ne fut pas facile. Ce fut source de souffrances, de nuits bouffées par des cauchemars, des larmes. Beaucoup de pleurs et de douleurs, de la confusion aussi. Les circonstances étaient déjà difficiles, et apprivoiser ce nouveau silence signifiait faire un deuil auquel je n’étais ni préparée, et surtout pas encline à le faire. Ce fut un cheminement, très long, avant que j’apprivoise ce nouveau silence. Les bruits de l’appartement, des voisins et du quartier, que met en évidence mon cher silence, se sont fait rassurants. Doucement, ils sont devenus familiers et ils bercent désormais mon quotidien en perçant le silence.

Mon lien au silence fluctue mais, il n’en demeure pas moins, que j’apprécie énormément le silence. Ça m’apaise, me calme. Je me dépose d’une manière unique dans le silence. J’apprécie aussi les silences dans une conversation. Je suis triste parfois et, même irritée d’autres fois, lorsque certaines personnes percent le silence pour dire des idioties. À cause d’un malaise, car elles ne supportent pas le silence. Je trouve ça à la fois énervant et dommage. Une des choses que j’apprécie le plus, c’est le silence savouré avec l’être aimé. Lire collés, chacun un livre entre nos mains, pas de musique. Le souffle de l’autres, ses borborygmes, les pages de livres qui se tournent. Les yeux qui se rencontrent, les corps qui se frôlent et de cherchent. Sans mots. Le silence compose alors une musique; la nôtre. Dans des moments de paix, de pause et de tendresse. Tellement de choses s’expriment, dans le silence.

Les saisons je trouve, affectent aussi le silence. Les silences d’hiver sont mes préférés. On dirait que le silence règne l’hiver. Il est plus fort, plus présent et plus résonnant. L’été est la saison ou il se fait plus timide. Les bruits sont partout, entrant par les fenêtres, qu’on le veuille ou on. Les gens sont dehors, partout et les cris et rires des enfants, les bruits des voitures; tout est amplifié. Les moments de silences y sont plus rares, dépendamment l’endroit. L’automne, le silence est mélancolique, il reprend aussi ses droits. Il pousse à l’introspection, la réflexion. Les silences de journée grise et pluvieuse d’automne sont parmi mes favorites! Le silence du printemps est pimpant et grouillant. Il met en valeur les bruits de la vie qui reprend partout. Il y a de belles journées de printemps ensoleillées qui apportent des silences chaleureux et bienfaisant.

Je pourrais écrire et parler longtemps du silence. Qui met tellement de chose en évidence, qui berce et qui calme. Petite, je me disais que la solitude était ma mère, et le silence, mon père. Rassurants, indéfectibles et constants. Gardiens de mon cœur, de ma santé mentale, cette conception des choses est restée longtemps avec moi. Les racines de cette conception remontent à l’enfance et il en reste encore des traces parfois.

Le silence c’est aussi ce qui sort de ma bouche souvent (de moins en moins heureusement) lorsque je suis émue, surprise et touchée. Les mots ne sortent pas, même s’ils se bousculent quelque part en moi. J’ai été muette bien longtemps, sous mes sourires et les apparences d’une fille et puis une femme, qui sait toujours quoi dire, et qui semble si sociable. Je ne mens pas lorsque je dis que je suis sauvage. C’est demandant depuis toujours de me fondre si bien au gens. Je suis devenue experte et cela me coûtait moins, mais cela me coûtait toujours. Mes vrais sentiments et ce que je vivais réellement dans mon cœur, c’était un dialogue avec moi-même. Je ne parlais pas vraiment beaucoup. Ce qui fait que depuis que je vis 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 avec un homme qui me voit, qui me devine et réclame tout de moi… c’est demandant en titi! Cependant, c’est réellement une belle et bonne chose. Car nous nous respectons beaucoup. Nous sommes très à l’écoute l’un de l’autre. Ce fut beaucoup de travail de parler et de dire les vraies choses à quelqu’un à qui on ne veut pas, et à qui on ne peut pas cacher les vrais sentiments. Je ne peux plus me défiler. Je ne veux plus me défiler. Le silence est ce qui sortait souvent de moi. Aucun son de ma bouche, mes yeux qui parlent, mon corps qui s’exprime. Pourtant, entre nous, la conversation est importante as day one. Une fois un grand non-retour d’une intimité absolue franchie, mes silences ont pris le plancher et le devant de la scène pour un bout. Je ne savais pas comment exprimer certaines choses, je n’y arrivais pas et je demeurais souvent béate ou coite.

Heureusement depuis, les choses ont évolué, je suis ailleurs et le silence me sert, me sied et m’accompagne de nouveau de manière collaborative et volontaire aussi. Avoir été pétrie de silence et de solitude, venait avec certaines petites manifestations étranges. Je suis déjà étrange sous mes airs parfois conformes et en contrôle. C’est du boulot! Des années d’observation et de mimiques. Le silence demeure pour moi, une belle chose. Nécessaire et apaisante. Une langue que je parle couramment et qui me sert vraiment souvent. J’aime profondément, le silence.

 


 

Friday, February 25, 2022

Jaune et bleu

(Si quelqu’un connaît l’artiste à l’origine de cette illustration, merci de me laisser savoir, car il me fera un immense plaisir de le citer! Évidemment!)

Il y a quelque chose qui déchire, dans les lois intemporelles de ce monde, qui ramène sans cesse un imbécile avec trop de pouvoir entre ses mains. Variations sur un même thème. L’histoire se répète sans fin. Je ne comprends pas, avec mon cœur, les motivations de la Russie. Ni avec ma tête. Je n’y parviens simplement pas. Assise dans mon divan, je lis les nouvelles en triant pour être certaines d’être exposées aux meilleures sources et à diverses sources. Je mon divan je me sens paralysée, indignée et impuissante. Et j’ai dit Russie plus haut, mais c’est injuste pour les Russes. C’est un homme, et ses hommes de mains, et non pas toute la Russie. Les Russes ne sont pas tous derrière lui comme un seul homme. Plusieurs ont peur et taisent leur réprobation, d’autres revendiquent et se mettent ainsi fait, en danger. Mon cœur se serre pour l’Ukraine, et aussi pour les Russes qui sont souvent vus comme un pays dirigé par un homme despote et non pas comme de nombreux individus, victimes eux aussi. Mon cœur se serre davantage cependant, pour l’Ukraine.

Je ne comprends pas pourquoi, tuer d’autres humains, bouleverser l’ordre mondial possiblement. J’ai l’impression d’être prise dans le suspense affreux d’un mauvais film d’action don’t je ne connais pas encore l’issue. Le sort de l’Ukraine, il est un peu entre les mains des autres pays qui eux, s’ils agissent seront sujets aux représailles du débile Russe et sa mafia politique et son armée.

Ce pays que le Russe a commencé à ravager sous des raisons vraiment stupides et mensongères, nous relie tous, nous touche tous. Ne serait-ce que sur les réseaux sociaux ou je suis présente, je constate à quel point nous sommes tous touchés. Je ''suis'' des gens d’horizons très différents qui parfois, vont même à l’encontre de ma propre pensée. Car je ne veux jamais être confortable, je veux être confrontée par des points de vue et des opinions différentes. Je trouve ça rafraîchissant et important. Cela m’empêche de tomber dans ma propre complaisance et cela me porte à réfléchir autrement. J’ai aussi plusieurs facettes moi-même et, encore une fois, je ''suis'' des gens d’une homogénéité éclectique très personnelle. Sans parler des gens à travers le monde que je ''suis''. Je mettrais ma main au feu pas mal sans hésiter, en disant que la plus grande majorité des gens que je ''suis'' dans l’ensemble, ont publié ou republier quelque chose, un contenu quelconque, en lien avec les événements choquants et tragiques qui sévissent en Ukraine. Cela. Ne. Laisse. Personne. Indifférent. PERSONNE.

Comment ils vont s’en sortir? Qui osera aller leur prêter courageusement main forte, en faisant plus que geler des actifs, et autres mesures bureaucratiques? Quels pays s’uniront et se commettront? Combien de temps ces gens souffriront ils des actes barbares de leur voisin impénitent? Quelles seront les répercussions sur la paix mondiale?

Nous ne le savons pas. Les yeux du monde entier sont tournés vers l’Ukraine. Nos souffles suspendus et nos cœurs serrés. Mon cœur en ce moment, est jaune et bleu. 


 

Thursday, February 24, 2022

Il n'y a que les fous qui ne changent pas d'idée...

Attention, statut roman-fleuve. Hahaha 😅🤣😉 Après ma séparation, oui, j’étais amoureuse et très amoureuse qui plus est. Cependant, je n’étais même pas divorcée encore, que l’on pouvait m’entendre clamer (très honnêtement et sincèrement) que moi, le mariage, on ne m’y reprendrait plus. Pour diverses raisons valables. Pour moi, on ne se mariait qu’une fois. C’est un engagement et une promesse. Je n’avais pas réussi à la tenir, je ne ferais sûrement pas la même erreur une seconde fois. Les bases de ce mariage n’étaient pas l’amour. C’était pour moi, une promesse, un partenariat et un plan sur lequel je bâtissais toute ma vie… du haut de mes dix-huit ans. Âge auquel je me suis mariée avec l’homme que je fréquentais depuis mes seize ans. Une relation dans laquelle mon cœur n’était pas engagé et ne risquais pas d’être brisé. Je le respectais et l’admirais. Je croyais que de cette forte amitié, pourrait fleurir un mariage et surtout une famille. Je l’ai cru profondément et sincèrement. Assez pour me marier, et demeurer avec un seul et même homme… toute ma vie, ou presque jusqu’à mes quarante ans. Vingt-quatre ans de ma vie. J’avais fait une promesse, j’ai vraiment fait tout ce que je pouvais pour l’honorer et la tenir. Surtout, surtout lorsque les enfants sont arrivés dans le portrait. Mon mariage était malheureux et ardu, mais ma famille (donc mes enfants) c’était le centre de mon univers. Bref! Je ne me croyais pas vraiment faite pour le mariage non plus. Idéaliste et romantique, pour moi le mariage c’était une fois. Assez drôlement, je me suis mariée en bourgogne la première fois… car pour moi, me vêtir de blanc alors que mon cœur n’y était pas, constituait un sacrilège. Dans ma tête de dix-huit ans, je pouvais baser ce mariage sur un partenariat, mais je ne pouvais pas blasphémer et porter du blanc, comme dans mes rêves de petite fille. Il n’y aurait pas de seconde fois, pas de blanc. Point à la ligne. Je venais de retrouver ma liberté également… une liberté sacrifiée à seize ans en toute connaissance de cause, croyais-je naïvement à l’époque. Faites le calcul… être follement amoureuse, ok, mais me repasser la corde au cou? Nope. Non. Je m’exprimais sur le sujet avec l’indélicatesse dont je peux faire preuve parfois, quoique rarement… ça m’arrive. Jusqu’à ce que mon frère de cœur cet homme sage et avisé… me glisse à l’oreille… ‘’Heu… tsé Caro… toi, tu as déjà été mariée, mais JD lui, non… si tu voyais ses yeux quand tu parles haut et fort que tu veux pas te remarier… je dis ça de même mais… peut-être juste discuter avec lui…?’’ (Merci encore de ta clairvoyance Martin .) Moi de me sentir un peu mal quand même… il n’avait pas tout à fait tort. Par contre, nous étions amis depuis quelques années déjà et, mon Amoureux, il ne s’était jamais montré très enthousiamé par le mariage. Mais alors, pas du tout. Et nous en avions parlé assez souvent lors de nos nombreuses conversations, alors que nous n’étions qu’amis. Donc pour moi, c’était à la fois convenu et sécurisant. C’est probablement pour cette raison que j’ai tardé à aborder le sujet soulever par Martin, avec mon Amoureux. Cela me sécurisait beaucoup de demeurer sur le fait qu’il m’avait exprimé à plusieurs reprises que pour lui le mariage… non. Pour plusieurs excellentes raisons. J’ai tant et si bien tarder, que c’est lui qui a abordé la question lors d’une marche. Il m’a posée la question et ma réponse a fusée : non, plus jamais. J’aurais dû voir l’expression sur son visage. En fait je l’ai vue mais, j’ai eu la trouille. Moi, je n’étais pas prête du tout, même pas à envisager la possibilité. Le cœur dans la gorge, j’ai ignoré son expression, la peur au ventre et la peine au cœur. Je n’étais même pas divorcée. Nous étions ensemble depuis quelques semaines. Je n’avais pas virée ma vie à l’envers (et lui, la sienne) pour quelque chose d’insignifiant. Pour moi, me permettre de réciproquer ses sentiments, et vivre cet amour en bousculant ma vie et les gens qui s’y trouvaient, c’était à l’époque, ma plus grande déclaration d’amour. La plus grande preuve d’à quel point je croyais en nous. Le mariage? Pourquoi faire? Non. Quelques semaines plus tard, lors d’un lunch autour de sushis, il a eu le courage d’aborder le sujet à nouveau. Je me tortillais sur ma chaise, j’étais très inconfortable. Terriblement. Je revoyais son beau visage triste la dernière fois que le sujet avait été évoqué. Les paroles de Martin résonnaient dans ma tête. Mon Amoureux sait faire preuve d’une grande délicatesse avec moi. Il a apporté le sujet de manière intelligente et sensible. Ouvrant la porte non pas à une demande imminente, mais à de bonnes questions. Nous avons de nouveau parler de notre vision du mariage et j’ai découvert que la sienne avait changée. Beaucoup. Moi, je ne savais plus trop ou je me situais et je me sentais inconfortable. Gentleman, il s’est exprimé sans mettre de pression sur ma personne affolée, pétrie de culpabilité. Lui, il était plus qu’ouvert. Au moment ou nous nous étions embrassés, il savait qu’il voulait m’épouser. Une première pour lui. Il voulait savoir si, j’étais toujours catégorique et inébranlable dans ma décision. Au fil de notre conversation, je lui ai dit que, je ne trouvais pas ça très juste de le priver lui de cet engagement. Nous nous aimions aussi énormément. Je n’étais définitivement pas prête du tout, et je ne savais pas quand je le serais. Par contre, je voulais et tenais à réévaluer la chose au fil du temps. Il était très compréhensif et empathique. Je l’étais aussi, pour sa situation. Nous avions eu une très belle discussion qui m’avait même un peu détendue. Nous n’avons pas vraiment reparlé de mariage, notre vie nous a avalé et les choses se sont bousculées. Certains proches y faisaient allusion, comme une tendre taquinerie, mais croyant aussi que nous ferions de bien beaux mariés. À chaque fois, j’avais un rire nerveux, et l’Amoureux espérait que cela ne ferait pas accroître ma peur. Le temps a passé, nos vies se sont soudées rapidement dans divers hauts et bas. Notre amour, comme une constance, qui lui, n’a jamais plié, ni faibli. L’Amoureux me l’avait promis, et moi, je voulais y croire, mais habituée à vivre un jour à la fois, et avec la peur de perdre le beau et le bon, du jour au lendemain… j’ai mis du temps à déposer mon cœur. En fait, c’est faux… mon cœur, je le lui avais donné il y avait longtemps… mais les peurs, les blessures, les doutes eux… ont fait que ma vigilance et mes armes et armures… j’ai mis du temps à m’en départir totalement. Malgré l’amour viscéral, la confiance. Pourtant, au fil du temps et des événements, je me suis déposée. Pour la première fois de ma vie. Mon Amoureux est particulier, romantique et brillant. Il avait son idée depuis lurette pour une demande en mariage. La vie a voulu que mon divorce soit prononcé deux jours avant notre premier anniversaire. Date qui, je l’ignorais, l’Amoureux avait choisie pour me demander ma main. À condition que je sois divorcée, si non, il aurait remis sa demande lors de notre second anniversaire. J’ai signé mes papiers de divorce avec beaucoup d’émotions. Peu de gens peuvent comprendre mais… je sortais d’une cage en apparence dorée, je retrouvais légalement ma liberté. Je portais cette promesse avec moi depuis mes dix-huit ans. Au fil des mois j’avais pu comprendre mieux mes décisions de l’époque, me pardonner et faire certains deuils. J’étais néanmoins très émue. Libre. C’est un sentiment unique très particulier. Je le voyais doucement, moins comme un échec, et même davantage comme une belle victoire. Deux jours plus tard, dans un endroit qui signifie beaucoup pour nous, l’Amoureux a mis un genou par terre et m’a demandée ma main. Pauvre Amour! Ma réaction a été un oui… mais la demande m’a tellement surprise et émue, que mon sourire ne s’est pas rendu à mes lèvres et ça roulait tellement vite dans ma tête, que ça a surchauffé et j’étais abasourdie. Émue et ahurie, j’ai dit oui, en demandant à plusieurs reprises ‘’Quoi???’’ et ‘’C’est pour vrai??’’ de ce que je me souviens haha! Je me souviens avoir ressenti une grande chaleur, un immense bonheur et un vertige. La surprise de m’entendre dire oui, et que cela vienne du cœur. C’était saisissant. C’était beaucoup. J’avais l’air un peu sonnée, pas du tout la future épouse émue qui pleure et qui rit, dans les vidéos sur Youtube, par exemple. Heureusement qu’il me connaît bien, et qu’il sait comment je peux réagir lorsque beaucoup d’émotions, surtout les belles m’envahissent. Je suis une hypersensible qui s’est protégée toute sa vie, seule derrière ses masques et ses armures. Il y a donc une petite déconnection, entre la tête et le coeur, mais c’est de mieux en mieux! Je suis beaucoup plus agile avec les mots par écrit. Lorsque je suis touchée, je peux être particulièrement étrange. Haha… Je lui ai causé une petite frousse, et il était teeeelllleeeement nerveux. Tout ce texte pourquoi? Car je regardais nos photos de mariage, celles que nous considérons faire imprimer, et, mon cœur était profondément ému. La vie peut changer énormément et en si peu de temps. En un an, je suis passée d’une femme qui ne voulait pas se remarier, à une femme très fraîchement légalement divorcée, qui a acceptée la plus belle des demandes en mariage. Et depuis, nous nous sommes mariés. On m’aurait dit que les choses se passeraient ainsi, j’aurais ri à gorge déployée! Hé bien, telle est prise qui croyait prendre. Pour le meilleur et… le meilleur, et, le reste. Au moment où j’ai écouté mon coeur, à la place de gérer, planifier et contrôler ma vie… souvent , voir toujours en fonction des autres…. oui, les choses se sont bousculées… mais pour le mieux. Je n’ai aucun regret. Je suis encore abasourdie et surprise, mais d’une tendre et belle manière. Oui le devoir, les promesses, et la loyauté. Mais oui aussi à écouter mon cœur et me faire enfin une place dans ma propre vie.


Wednesday, February 23, 2022

Surnoms et autres petits noms

(Si quelqu'un connaît l'artiste à l'origine de cette illustration, merci de me laisser savoir, car il me fera un immense plaisir de le citer! Évidemment!)


Herbes et Étoiles… deux de mes intérêts, bien sûr. Cependant, tout ceci est parti d’un secret que je portais. J’ai un autre compte IG qui date des débuts de ce réseau social. Il est devenu privé pour de bon il y a deux ans et demi. Il y a un peu plus de deux ans et demi, j’ai créé un autre profile IG pour mettre l’emphase sur ma vie spirituelle. Moins sur le personnel, moins fourre-tout. Le titre, il parlait déjà du couple que je forme avec mon merveilleux Mari. Un clin d’œil silencieux pour celui qui me suivait plus assidûment sur mes réseaux sociaux. Se manifestant un tantinet plus, lui d’un naturel discret. Je suis les herbes et lui, les étoiles. À l’époque, j’ignorais que nous formerions (enfin) un couple. C’était une manière de nous unir, que personne ne pouvait deviner. Tout à fait mon type de romantisme cryptique. Dragon et Phoenix. La Belle et la Bête (plusieurs de nos proches nous ont dès nos débuts affublés de ces surnoms… pour plusieurs raisons très évidentes). Plume de Lune et Encre de Saturne. Herbes et Étoiles. Nous nous complétons beaucoup, nous sommes très, très, très quétaines également.

Je me souviens de ce soir, l’un des premiers sous son toit, j’étais fraîchement séparée. J’étais dans tous mes états. Il m’a dit de venir me blottir sous son aile, et que j’y serais toujours en sécurité. C’est l’une des premières choses horriblement cute qu’il m’a dite. Il y en a eu une avalanche généreuse depuis. Incluant de ma part. Je n’étais pas trop fan des surnoms auparavant. Quand ton ex te surnomme son vieux bas, sa chose ou crocodile sacré… je veux dire… ouin. Bon, il y a eu les chérie et petite chouette, mais j’ai toujours ressenti un malaise. Comme si les surnoms reflétaient le fait que je n’étais pas vue. Ce qui était sans doute un peu ma faute car je me suis rendu compte à quel point je m’étais isolée de tous. Y compris mon ex… cependant, j’ai sincèrement essayé de m’ouvrir et j’ai donner tout ce que je pouvais. Mais ceci est une autre histoire.

Les surnoms pour moi c’est une affaire très personnelle et cela peut me révulser autant que me toucher profondément. Mon mari a le don de me voir telle que je suis et trouve des surnoms tendres et émouvants. Mon papa m’appelle sa Grande et sa Grosse depuis que je suis toute petite. Grosse, parce que même petite, je prenais toute la place dans son cœur. Comment ne pas trouver cela adorable? Maintenant, qu’une autre personne que lui s’avise de me surnommer ainsi… ça ne passera pas. Pas du tout. Je n’aime généralement pas me faire raccourcir mon prénom et me faire appelée Caro. Vraiment pas. Surtout par des gens qui ne me connaissent pas. Les exceptions sont une poignée de proches pour lesquels, lorsqu'ils le prononcent, ça sonne comme de la tendresse et ça traduit une vraie familiarité remplie d’amour. Eux, ils peuvent m’appeler Caro sans que cela me hérisse le poil.

Je n’aime pas non plus les sobriquets, mais alors pas du tout. Je n’aime pas que les surnoms servent à se moquer et pire, à déguiser des moqueries. Ça, c’est juste non. Je n’ai pas été affublée de ce type de surnoms souvent, heureusement. Mais je suis profondément incapable de tolérer que d’autres soient blessés par des sobriquets. Ça m’indigne, me fâche et je monte invariablement au front. Peut-être suis-je susceptible dans ces cas-là. M’en fiche, ça ne passe pas en ma présence.

Autant de mots pour dire simplement la raison du titre de ce blog, qui tire son origine de mon second profile IG. Pour glisser aussi au passage, qu’il se peut que ma Bête, la part Étoiles de ce blog, laisse un billet de sa plume. Ou devrais-je dire de son encre de Saturne. Au gré du temps dont il dispose et, de son inspiration. Personnellement, j’ai hâte de le lire, même si je ne conçois aucune attente. Ce sera comme une surprise inattendue. Ainsi est fait celui  que j’aime.

 

Tuesday, February 22, 2022

Dormir ailleurs

Il y a très peu de temps, mon Mari m’a fait la surprise d’une Saint-Valentin dans une maison victorienne, reconvertie en B&B. Chambre-librairie et lit à baldaquin. C’est très drôle à quel point cela m’a fait du bien et j’y ai réfléchi au retour à la maison. Parce que, non, ce n’est pas car je ne suis pas bien dans notre petit nid. Au contraire, j’ai eu deux maisons et je crois pouvoir dire que je n’ai pas souvent été aussi bien et en sécurité que dans notre petit cocon. Dans les deux maisons que j’ai possédé avec mon ex, j’étais la sécurité de mes enfants, mais moi, je vivais, comme depuis pas mal toujours, en funambule. Partout autour de nous dans notre petit nid, il y a des souvenirs, des curiosités, des photos et des plantes. Pas de minimalisme, ni de décor nordique ou zen épuré. Nope. C’est coloré, vivant et vibrant. Partout, mon regard se pose sur des livres, des objets, des photos. Chacun, porteur d’un souvenir. J’irais jusqu’à dire, chacun, porteur de plusieurs souvenirs. C’est vraiment ‘’chez-nous’’. Mon Mari et moi, nous nous sommes un nid qui nous ressemble et qui nous parle. Qui nous plaît. Nous habitons chaque recoin de notre espace loué dans un quartier que j’adore. Un coin que j’espérais éventuellement habiter. Et m’y voilà. La vie est curieuse dans ses surprises et ses beaux faux-détours.

Être ailleurs cependant, c’est mettre mon cœur et parfois ma tête au repos. Je n’ai pas de photos de cet être cher décédé. Cet objet offert par une personne que je ne vois pas aussi souvent que je le voudrais. Cet autre objet qui me rappelle de beaux souvenirs, mais aussi, d’autres plus touchant ou même tristes qui s’y rattachent. Mon cœur est toujours stimulé. Notre univers est chaleureux, inspirant et apaisant. Réconfortant et apaisant. Je me dépose vraiment dans notre appartement. Pas de doute! Mais j’aime beaucoup les aventures, le changement, découvrir, apprendre! Je capote sur les road trips et j’aime passer quelques nuits dans un lieu différent.

Le dépaysement, oui, mais pour une personne qui aime autant la routine que la folie et le manque de routine… ces petits déplacements sont des bulles de bonheur. Escapades romantiques dans notre belle ville. Ben oui! Ça nous est arrivé plusieurs fois depuis le début de notre histoire. Pourquoi dans notre propre ville? Ben, pourquoi pas? Il y a tellement de belles choses à voir, revoir et découvrir. À travers les yeux de l’autre aussi, parfois. Fabriquer des nouveaux souvenirs. Et c’est pratique lorsque nous n’avons pas de voiture (comme à l’époque) et que nous ne bénéficions pas de beaucoup de temps. J’aime ma routine, notre petit nid. J’aime aussi, de temps à autre, visiter d’autres endroit et dormir ailleurs. Me poster devant d’autres fenêtres et avoir d’autres vues, paysages. Regarder les murs et ne pas sentir mon cœur s’emballer dans les joies, ni les peines. Ni mes méninges s’activer. Ce n’est pas neutre, mais ce n’est pas familier et cela me procure un autre repos.

Je ne sais pas si je suis la seule comme ça. Mais c’est une des raisons pour lesquelles dormir hors de la maison de temps en temps, me fait du bien. Cependant, c’est à la maison que je préfère dormir. Dans nos affaires, avec les bruits familiers, et qui est le seul endroit ou je peux marcher dans le noir sans problème. Chez-nous, c’est irremplaçable. 


 

Monday, February 21, 2022

Les tares

 


J’ai toujours été un peu étrange. En marge. Enfant, la famille de mon père me trouvait trop repliée sur moi-même. Trop sage, trop silencieuse. Je lisais trop. J’écrivais trop. Je passais trop de temps toute seule. Mon père me défendait mais plus encore, il m’exprimait à quel point il était fier de moi. J’ai rapidement développé un talent. Celui d’apprendre à avoir l’air ''normale''. Cacher mes tares, mes maladresses, mes difficultés. Cela allait se poursuivre jusque dans ma vie d’adulte. Tard dans ma vie d’adulte. Car j’ai longtemps maintenu mes masques qui camouflaient ce que je nommerais mes tares. J’ai encore du mal avec la notion du temps. Mes proches disent que j’ai mon propre fuseau horaire. J’ai encore du mal entre la gauche et la droite, encore du mal à lire l’heure parfois. Lorsque je suis nerveuse je peux dire des choses incohérentes et étranges. Je fonce dans les portes, je trébuche dans des obstacles invisibles. Ce ne sont là que quelques petites choses... Oh! Et je semble TELLEMENT sociable, alors que je suis une timide maladive, une hypersensible qui ressent les autres à un niveau presque douloureux ou indiscret parfois. Je suis sauvage et j’adore être seule. (D’ailleurs, cette empathie extrême, je l’ai ressentie avec mon Mari. Étrangement, à un degré que je n’avais jamais expérimenté avant lui. Avec lui cependant, pour la première fois, la chose était réciproque... mais c’est une autre histoire.)

Une autre chose est cette manière que j’ai de me voir. J’ai été mannequin durant quelques années. Malheureusement cela n’était vraiment pas pour moi. Je me suis toujours sentie comme le vilain petit canard et, une fraude. Syndrome de l’imposteur et c’était vachement grave docteur. Loin de me réconcilier avec mon aspect physique, j’en ai conclu que sans les beaux vêtements, le maquillage, l’éclairage et les retouches photos... j’étais moche. J’étais filiforme, plate comme une planche et quelconque. À mes yeux. Je préférais miser sur autre chose, comme le bénévolat et la lecture et la musique. J’ai aussi développé un très bon sens de l’autodérision et un humour propre à ma maladroite et étourdie personne.

Au fil des années, je me suis toujours considérée seule et bizarre. Sous mes dehors presque parfois si conformes. J’étais en fait une femme folle, étrange, solitaire, moche... dissimulée sous les apparences lisses maîtrisées. Ma passion et mon côté spontané ne plaisait pas trop à l’unique homme à avoir partagé ma vie et mon lit. Une autre raison de se conformer. J’avais compris qu’en supprimant bien des aspects de moi sous mon propre toit, je gagnais en paix. Moins de conflits, moins de disputes. Mon côté imprévisible, émotionnel, je le rangeais. Il ressortait parfois malgré moi, mais je le harnachais et tout rentrait dans l’ordre.

Ajoutons à cela que j’ai souffert d’une terrible dépression, que la maladie mentale est très présente du côté maternel de ma famille. Je portais cet héritage et cet épisode de ma vie comme une honte, jusqu’à ce qu’en parler fasse une différence ici et là. Cela étant, il n’a plus été possible de me faire taire. C’était déjà ça. Autrement, tout au fond de moi, se cachait une femme qui adorait les romans et les films romantiques. Sans pour autant croire que cela m’arriverait. Le temps passait, j’appprochais la quarantaine. Je n’aimais pas l’amour, j’en avais peur. J’avais renoncé à l’amour il y avait très très longtemps. À un âge trop tendre. Et même si cela m’émouvait dans les livres et les films, dans les chansons... pour moi c’était impensable. Impossible. En secret je pensais souvent à la mort. Si je suis tout à fait franche, il me semble que j’ai toujours valsé de très près avec elle. Consciente qu’on ne peut aimer aussi fort la vie, que si on n’a conscience de la mort. J’ai toujours eu cette impression que je ne tournais pas rond. L’impression de ne jamais trouver ma place. Sauf auprès de mes fils.

Sous mes apparences de maman et épouse vivant une situation parfaite... il y avait une femme complexe, endommagée, fissurée et très seule. Parfois, je me surprenais à me dire que j’avais vécu beaucoup plus longtemps que je ne l’aurais cru. Enfant, je m’étais endurcie... mais pas vraiment. Trop fragile pour ce monde, je m’étais enfermée moi-même à double-tour et jetée dans mes abysses internes. La seule manière de passer au travers une vie rock’n’roll. Je fais souvent la blague que je suis la personne la plus simple et plate du monde, mais que ma vie elle, fut rock’n’roll. Je n’ai jamais consommé de drogues, j’ai été très sage, raisonnable. Comme pour mieux m’ancrer dans une vie qui tanguait sans cesse, et menaçait de m’engloutir à chaque moment. Ma vie est une rockstar, moi je suis la fille d’à côté, et bien heureuse de l’être.

Quoique... ordinaire avec toutes mes tares, difficiles de l’être. Brisée, divisée, multiple, perdue et exilée sur cette terre ou parfois, les jours me heurtaient si fort. Toujours moi-même avec mes enfants, ou dans ''mon monde''. Incapable de me conformer au fond. Tumulte ambulant sous des airs composés et maîtrisés. Pas étonnant que les gens soient tombés en bas de leurs chaises en apprenant que je quittais le père de mes enfants! Coup de théâtre ! J’avais rencontré un homme qui me voyait. Devant lequel je commettais des trucs maladroits pas possible. À chaque repas pris ensemble, ma nourriture tombait partout et j’en étais ouvertement embarrassée. Je ne comprenais pas pourquoi cela m’arrivait systématique en sa compagnie uniquement. Jusqu’à ce que je comprenne que non seulement il voyait clair en moi. Trop à mon goût d’ailleurs. Mais qui plus est, en sa compagnie j’avais tendance malgré moi à me détendre. À être... moi. Aussitôt compris ceci, j’ai renforci mes défenses les plus efficaces; ma vie de femme mariée (au père de mes supers fils à l’époque) brandie à grand renfort persuasif.

Je n’avais pas compris que la chimie entre nous, ce n’était émanant d’une autre vie, ou pour une autre vie. Il fut mon passé, il est devenu mon présent et sera mon futur. Dans toutes mes vies. Je n’avais pas compris que nos sentiments étaient réciproques. Ou avais-je compris et ai-je tenté de fuir et enterrer sous mes illusions? Je ne serai pas parvenue à le tenir indéfiniment à distance. Il réclamait ma vérité. Celle qu’il voyait et qui échappait au reste du monde, et plus. Le reste. Racoleur. Ce qu’il soupçonnait, ce qu’il devinait. Nous sommes désormais mariés, heureux et incroyablement amoureux. Toutes ces tares que j’ai mis toute une vie à camoufler, il les célèbre et les chéris. Ce fut terriblement déstabilisant au départ. Notre amie Angela pourrait attester de plusieurs de mes réactions initiales devant mes tares qui le charmait. Je croyais qu’il se foutait de ma gueuele. Ensuite j’ai compris qu’il ne rigolait pas et je n’ai pas su quoi faire. Désormais j’apprécie et je réagis mieux. Beaucoup mieux. Il épouse toute celle que je suis, à chaque jour. Je n’ai plus à me cacher, et parfois, il m’arrive encore de me sentir perdue dans cet océan d’amour inconditionnel et de liberté.

Mes différences sont aimées. Choyées même. Je ne fais plus qu’en jouer habilement. Je suis, simplement. Dans toute ma vulnérabilité, mes expressions faciles nombreuses et icontrôlables, ma maladresse et autres tares. D’ailleurs je considère de moins en moins ces tares comme des tares.

 

 

Sunday, February 20, 2022

Rien à cacher

 

Nous possédons tous un passé dans nos garde-robes, nos bagages. Il fait partie de nous et de notre histoire. Ce sont des matériaux de construction ayant servis, qu’on le veuille ou non, à construire cette personne que nous sommes. Au moment de rencontrer mon présent Mari, nous avions vécu tous les deux. Nous n’avions pas seize ans, nous n’étions pas intactes, nos vies ayant laisser des traces sur nos cœurs, nos âmes et nos esprits. Il y a des choses qui se devinent, des choses qui se révèlent dans les premières confidences, et d’autres qui prennent du temps à déballer. Parfois sur une honte, sur une peur. Peur de soi, peur des réactions de l’autre. Sans avoir peur de l’autre. Parfois on croit avoir tout déballer, on avance sans regarder derrière, se saisissant d’un bonheur que l’on croit (à tort) ne pas mériter. Juste au moment ou on y croit, on s’abandonne, le passé frappe à notre porte. Une personne, un souvenir refait surface et, ça nous ébranle. La peur, la honte et la douleur remontent et causent des ravages intérieurs.

Nous sommes très authentiques et transparents l’un avec l’autre. J’ai déjà entretenu la crainte que mon ex et mon mari soient trop longtemps seuls ensembles. Et que mon ex lui révèle des choses inavouables et détestables et condamnables à mon sujet. Je n’ai plus du tout cette crainte. Il n’y a absolument rien que mon ex puisse raconter à mon Mari, qu’il ne sait pas. Il sait tout. Absolument tout. Je lui ai tout raconté à la fois pour le faire fuir, pour lui permettre de faire un choix encore plus éclairé à mon sujet et par sujet d’une honnêteté sans bornes. Il n’ignore rien, à pour sa part de toute manière réclamer chaque parcelle et zone d’ombre en moi. Il ne rigolait pas, il me voulait en entier, au complet, sans masques, sans murs et sans armures. Il sait très bien à qui il a affaire. Je n’avais aucune envie de jouer, de dissimuler, de mentir. J’avais une soif de vérité, d’honnêteté et de transparence. Si cette histoire d’amour devenait réalité, elle ne serait rien de moins qu’authentique et limpide.

Idem pour lui. Personne ne peut se gausser de venir me voir et m’apprendre quelque chose. Personne ne peut tenter de me choquer, blesser et m’éloigner. Je sais. Je sais tout. Il n’y a pas de secrets, pas de dissimulation, pas de mensonges. Pas de tabous entre lui et moi. Personne ne risque de me surprendre ou de me mettre mal à l’aise ou de provoquer le moindre doute. Il est vulnérable, transparent, avec ses ombres et toute sa lumière.

C’est très particulier car nous avons vu et deviner des choses dès le premier regard et au fil des mois qui ont vus notre amitié croître. Avec en profondeur, cet amour que nous cachions à l’autre. C’est un phénomène très étrange de ''voir'' quelqu’un avant de connaître toute sa personne. De sentir, voir et savoir certaines choses, sans vraiment savoir. Je savais beaucoup de choses sans comprendre, et je ne me laissais pas abuser par ce que ses comportements pouvaient laisser suggérer. J’ai toujours senti les blessures, les tourments et le faux. Idem pour lui me concernant. Nous savions sans savoir, et désormais, les morceaux de nos puzzles respectifs sont complets et font plus que du sens.

Je suis amie avec les squelettes dans son placard, il danse joyeusement avec mes démons. Après deux décennies et demie à vivre seule dans un mariage toxique. Après une décennie et demie à trimballer un cœur qui ne battait pas et des doutes, dans une jungle remplie de plantes grimpantes et carnivores. Nous savions ce que nous voulions et ce que nous ne voulions plus. Au-delà de nos sentiments, de notre chimie, de notre connexion et de notre impression de rentrer à la maison... nous avions aussi soif d’authenticité, de transparence. Nous nous aimons avec une véracité absolue et féroce. Dans un même élan. La confiance déjà solide, n’en est qu’approfondie. C’est une si belle chose.

Nous avons nos squelettes, nos monstres et nos démons, et ils dansent tous ensemble sans secrets, honte ou discrimination. Nous n’avons pas à nous cacher, prétendre ou faire semblant. Cet amour, c’était tout ou rien et, c’était très clair pour lui comme pour moi. J’étais à prendre ou à laisser, telle quelle. Idem pour lui. Je ne le voudrais d’ailleurs pas autrement. C’est le plus bel être humain de ma connaissance. J’embrasse toutes ces blessures, ces zones d’ombre et ce qui lui apparaît comme inavouable. Pour le meilleur et pour... le meilleur.

 

 


Friday, February 18, 2022

La poignée de main


 

La première poignée de main ever que nous avons échangée, ce fut à mon initiative. C’est tout moi! Je fais rarement les choses comme tout le monde, et j’ose souvent sur un coup de tête ou de cœur, enrobé de timidité et de maladresse. Cela faisait des semaines que nous nous épions l’un et l’autre. Un bon deux ou trois semaines, à l’automne 2016. Nous étions tous les deux relativement nouveaux dans ce qui était à l’époque notre lieu de travail. J’y étais un peu avant toi. Bref, je parlais à tout le monde sauf à toi et même chose pour toi. De plus, ce n’est pas dans nos habitudes d’être aussi gêné et intimidé. De ton côté, une collègue que nous apprécions tout les deux t’avait même dit que j’étais cool, que nous avions des points en communs et que nous nous entendrions bien (bonjour Audrey si jamais tu passes ici). Cela ne t’a pas incité à venir me parler, même si cela te démangeait.

Nous nous étions mutuellement remarqués. Mieux! Nos regards s’étaient croisés. Nous avons tout deux un souvenir très précis de cet instant magique. Temps suspendu, ralenti à tout le moins. Accrochés par les yeux, et une connexion instantanée. Un réveil. Des retrouvailles. Quelque chose de fort, de troublant... qui nous a fait peur et nous a troublés tout les deux. Même après cela, nous n’avons fait aucun pas l’un vers l’autre. La magie s’était pointée dès ce moment, mais nous mettrions des mois, des années, à concrétiser la somme de ce qui s’est passé à cet instant mémorable.

Je te sentais, et te surprenais parfois à m’épier et m’observer. Je faisais de même, beaucoup plus discrètement. T’observant régulièrement à la dérobée. Il se passait quelque chose dans le silence. Je ne connaissais même pas ton prénom! Un jour, celui qui était mon ex-mari est venu me chercher au boulot et il t’a aperçu. Une fois ensemble dans la voiture, il m’a demandé qui tu étais. Avec une agressivité typique de sa jalousie. (À ce jour ce moment étrange me laisse croire qu’il a senti ce qui se tramait avant l’heure et surtout avant nous... il a bien des défauts mais il possède aussi une intuition particulière.) Il ne m’a pas cru lorsque je n’ai pas su de qui il parlait en premier lieu. J’ignorais complètement de quel homme il parlait! Quand j’ai compris, je lui ai dit qu’il s’inquiétait vraiment pour rien, et que je ne savais même pas ton prénom! Je ne t’avais jamais adressé la parole! À partir de ce moment et ce pour plusieurs mois, il a conçu à ton endroit, une jalousie sortie de nulle part. Te couvrant de sobriquets qui m’irritaient. Jusqu’à ce que je lui demande de cesser, car il te jugeait sans te connaître et que c’était très déplacé et déplaisant. Il t’a détesté au premier regard, s’est méfié mais il finirait comme une vaste majorité de gens, par succombé à ton grand cœur et ta candeur. Une autre chose très particulière, mais là n’est pas le propos.

Quelques jours plus tard, je décidais de prendre le taureau par les cornes. Trouvant un peu ridicule que nous parlions à tout les membres de nos deux équipes, sans s’adresser la parole l’un à l’autre. Je t’ai observé et, j’ai calculé mon moment. J’ai pris une grande respiration et j’ai fait en sorte de tomber sur toi, lorsque tu faisais ton entrée dans une rangée. Je suis tomber sur toi, cœur battant en te tendant la main et en te disant ''Salut! Ça fait un bout qu’on aurait du se présenter donc voilà! Moi c’est Caroline et toi?'' Je me souviens que j’avais le feu aux joues et le cœur battant. Tu étais surpris, je crois que tu m’as souri, en tout cas tu as été amusé et tu as serré ma main. Tu m’as dit ton prénom : John-David. Pour moi, tu resterais John-David même si j’apprendrais des années plus tard que tes parents t’appellent Jean-David. Tu ne serais jamais JD ou Jean-David. Tu t’es présenté comme John-David et tu le resterais.

Comment expliqer ce qui s’est passé ensuite? Je me rappelle vaguement avoir fait des blagues quant au fait qu’il était temps que l’un de nous fasse un pas dans la direction de l’autre. Car après tout, nous parlions à tous, sauf l’un à l’autre. Salle? Tout en travaillant, nous avons débutée une conversation qui se poursuit à ce jour! Ce fut comme si tout à coup, un flot pouvait couler et ne plus s’arrêter. Tu m’as suivie un bon bout par la suite, et nous semblions incapable d’arrêter de parler. Nous avons fait connaissance, nous avons parler rapidement de magie, d’astrologie en particulier. Nous nous sommes sentis immédiatement en confiance, en sécurité et bien l’un avec l’autre. Une chose étrange et pas commune pour toi, comme pour moi. Nous étions médusés et fascinés. Il y avait un naturel entre nous, immédiat. Je sais que de mon côté j’ai fait le contraire de ce que je faisais toujours habituelle. C’est-à-dire brandir mon mariage heureux de deux décennies et mes enfants. Surtout lorsque j’avais une conversation avec un nouvel interlocuteur masculin. Avec toi, je reculais. J’y allais à reculons. Je ne voulais pas te le dire. Je ne voulais pas être mariée. C’était très incongrus et très déstabilisant! Je ne comprenais pas ce qui se passait. Aussi rapidement et intensément, dès la première conversation, au-delà de moi, malgré moi.

C’est lors de cette conversation, que nous avons parlé de nos âges. Tu m’as demandé le mien, je t’ai demandé le tien. Tu m’as révélé ton âge (27 ans) en me disant que tu ne me donnais pas bien bien plus que toi. Début trentaine. J’ai éclaté d’un grand rire franc, en te disant de manière un peu maternaliste, que tu étais bien gentil mais que j’étais pas mal plus vieille que ça. Un peu courroucé, tu m’as demandé mon âge à nouveau. Je t’ai dit en riant, que j’avais dix ans de plus que toi. Et moi, je voyais cela comme une chose négative, un obstacle. Un obstacle à quoi au juste??? Bref, quelque chose dans mon cœur à fait ''craque''. Je ne comprenais pas trop ce qui se passait en moi. Au même moment, courroucé par ma fausse désinvolture un peu maternaliste, qui mettait une distance pudente entre toi et moi, tu t’es élevé et d’une manière un peu... intense. D’un ton en fait convaincu et ferme, comme si je t’avais froissé ou contrarié, tu m’as dit ''C’est rien ça, dix ans.  rien''. Le ton sur lequel tu l’as dit demeure gravé dans ma mémoire. Tu étais sérieux, grave et déterminé à me communiquer quelque chose qui me dépassait. J’étais un peu dépitée devant ton aplomb et nous avons continué notre conversation.

Le ton de notre échange est redevenu cordial, presque familier. Nous étions fascinés, intrigués l’un par l’autre, c’était clair. (Tu devais d’ailleurs m’avouer quelques années plus tard que ce fameux ''C’est rien ça dix ans'' était pour contrer la barrière que j’érigeais déjà entre nous. Tu ne voulais pas que ces années viennent se mettre entre nous. Tu ne voulais pas que je te classe dans une catégorie trop jeune pour être digne d’un intérêt romantique, que je te vois comme un jeunot.) Si clair, que je savais que je devais cesser de jouer à l’autruche. Le cœur lourd, je me souviens très bien t’avoir annoncé du ton le plus faux que je n’ai jamais eu pour dire... que j’étais mariée et mère de deux grands garçons. En fait j’ai commencé par le plus facile; dire que j’étais mère. Tu as été surpris, mais curieux et intéressé, tu as posé des questions. Si ma mémoire est bonne, tu m’as demandé une question sur le père et j’en ai profité pour lancer que j’étais mariée à leur père depuis vingt ans. Et très heureuse en plus. C’est la première fois de ma vie que prononcer ces mots me coûtait. Le pincement ressenti était réel, j’avais l’impression pour la toute première fois que je ne faisais pas la bonne chose. Mon mensonge me pesait pour la première fois de ma vie. Et je me trouvais ridicule! Je ne comprenais pas très bien, c’était absurde et inconfortable. Je me souviens de ta surprise, avec un soupçon de déception. Que j’ai vivement ressenti, mais que j’ai rapidement nié et enfoui loin, loin, loin. Quel étrange moment que celui-là.

Avec le recul, c’est clair en titi. Dès le départ, tout était là. Mais dans ce moment, je scellais plusieurs années de nos vies. Sous ton côté chevaleresque et sous mon rôle d’épouse modèle. Mais ça me stupéfie avec le recul de voir que tout était déjà là entre nous. Sans même nous connaître, nous étions attirés l’un par l’autre. Cela coulait naturellement entre nous. Pourtant, à partir de ce moment-là, j’ai voulu ne pas comprendre, j’ai voulu ne pas voir. J’ai repoussé. Je n’étais pas prête. Je n’avais jamais vécu ça, et j'étais ébranlée. Personne ne m’avait jamais touchée. Personne. Toute ma vie j’avais réussi à éviter de mettre mon cœur en jeu d’une manière ou d’une autre. Voilà que toi, sorti de nulle part, tu ébranlais mes certitudes et mes solides fortifications. Et ce n’était que le début. J’étais franchement effrayée, j’ai eu peur et j’ai tout fait pour mettre le moins d’indices possibles, concernant mes sentiments et notre chimie instantanée. Je t’ai servie mes masques et ma vie de femme mariée extatique. Le tour était joué... pour quelques années du moins. Car apparemment le grand Amour existe et, triomphe toujours.

 

 

Thursday, February 17, 2022

Défaire les noeuds

Il n’y a même pas quarante ans, qu’une loi a stipulé que l’agression sexuelle n’était pas tolérée dans notre société. Encore de nos jours, il y a tellement de boulot à faire, car plusieurs partenaires (plus souvent masculins malheureusement) voient l’autre comme un droit acquis. Je le sais dans mon corps, que cela existe encore. Le respect de l’autre, dans un mariage, et des désirs sexuels, ce n’est pas gagné d’avance. Le fameux devoir conjugal règne encore sur beaucoup trop de couples. Que ce soit un partenaire qui se sente redevable, obligée, et dépourvue de choix. Que ce soit une partenaire qui croit avoir des droits sur l’autre, qui met de la pression, qui fait fi du consentement.

Ce simple mot, m’était pratiquement inconnu. Mon présent Mari en est un adepte. Nos proches le surnomment affectueusement, M. Consentement. Dès la première fois ou nous avons fait l’amour, il a brandie la notion de consentement, et pas qu’une seule fois. C’est un homme d’une rare sensibilité, un être humain vraiment très à l’écoute et, il a été mon ami durant trois ans. Il connaissait un peu beaucoup mon histoire, même s’il lui restait encore beaucoup à découvrir. Consentement et respect sont deux de ses valeurs fondamentales.

J’ai été émue et ébranlée par lui, sa considération. À ce jour, il ne tient rien pour acquis et, le consentement est toujours et pour toujours d’actualité, avec lui. Pour toutes sortes de raisons, ce n’est pas une notion que moi, j’avais intégré. Heureusement, cela a changé depuis.tJ’ai vécu beaucoup de choses, don' un viol d’une violence inouïe à onze ans. Ensuite, je me suis lancée dans un mariage du haut de mes 18 ans. Avec un homme avec lequel au total, j’aurai été de mes 16 ans à mes 40 ans. Je n’étais pas amoureuse et je ne désirais pas l’être non plus. Ayant vécu beaucoup et même trop, cela m’avait pourvu d’une maturité immense pour mon âge. Malheureusement je ne savais pas, qu’il me restait tellement de choses à vivre du haut de mes 16 ans. Avant de me jeter dans une union légale, qui marquerait près de trois décennies de ma vie. Je ne savais pas du tout dans quoi je m’embarquais au fond.

Un pivot de mon calvaire sexuel durant cette union, fut le vorace foyer de culpabilité qui me dévorait. Car je l’avais épousé sans en être amoureuse, je lui devais tellement. C’était mon mari, et il devint le père de mes enfants. Je voulais le sauver et, je me sentais coupable de ne pas l’aimer. Entre ces deux faits, cela lui laissait une vaste marge pour avoir prise sur moi. Il provenait aussi d’une éducation qui donnait à l’homme, beaucoup de droits. Beaucoup de sexisme et de mysogynie. Un homme très rétrograde, égocentrique et manipulateur. Ajoutons à cela l’usage de diverses formes de violences et de nombreux abus. Je viens d’un milieu de violence et d’abus, je croyais être capable de voir venir et éviter. Je suis tombée dans plusieurs pièges malgré tout, et je n’ai pas su en reconnaître d’autres. Que ce soit car c’étaient des variations de violence normalisée que je ne savais plus distinguer. Que ce soit car elles étaient différentes et que j’ai été incapable de les détecter avant bien trop longtemps.

Au niveau sexuel, dans ma vie de femme mariée, j’ai eu beaucoup de rapports sexuels que je croyais devoir à mon mari de l’époque. Il m’incitait à accomplir mon devoir conjugal. Il avait aussi plusieurs déviances, et après avoir essayer de le sauver et de le comprendre (car c’était le père de mes merveilleux fils) en allant jusqu’à plonger dans ses uniers pour le moins... étranges... je me suis finalement retirée. M’étant blessée profondément dans ce processus de vouloir le sauver, un changement a commencé à s’opérer. Il y avait beaucoup d’agressivité, de colère dans toutes les formes de rapports, incluant sexuellement. Pression, supposé humour, humiliation, culpabiulité, colère, violence. Manque de consentement récurrent. Certains rapports me laissent encore à ce jour, des frissons de douleur et de dégoût.

J’ai mis du temps à ''mettre mon pied à terre''. Pour moi. À me respecter, ainsi que mes désirs et mes limites. Ce fut un long chemin vers moi. Même de nos jours, dans une relation saine, harmonieuse, ce passé s’exprime, mais ne s’imprime plus. Chaque jour je m’éloigne de ces jours sombres et difficiles. J’ai compris avec beaucoup de cheminement, certains principes de base. Certains que je conseillais à d’autres... sans me les appliquer. Le consentement, le respect de moi-même. Ne pas m’engager dans un rapport de force et de domination. J’ai encore beaucoup à défaire, mais je suis déjà tellement plus libre.


 

Wednesday, February 16, 2022

Lettre à mon Ex

Je ne t’ai jamais aimé. C’est vrai. J’espérais tomber sous ton charme éventuellement. J’avais seize ans et déjà une vie riche de deuils, de violence, de drames et de pépins derrière moi. J’étais mature, mais il me manquait encore bien des expériences et, j’avais encore bien des choses à comprendre. Je l’ignorais. Comme j’ignorais que j’étais si vulnérable. Comme j’ignorais que j’étais une proie de choix, que j’étais plus fragile que je ne le croyais. Je ne voulais rien savoir de l’amour qui brise, détruit, humilie et ne laisse personne intacte. J’aspirais à un mariage avec un partenaire, un ami, et surtout, à fonder une famille. Je voulais des enfants. Je le savais profondément. C’était un de mes seuls rêves d’enfant qui avait subsisté à une enfance disons peu commune. Tu étais différent, brillant et tu m’écoutais durant des heures. Tu n’étais pas beau, tu étais petit et maigre. Tant mieux pour moi. Du haut de mon 5'9, ça faisait mon bonheur. Je ne voulais pas d’un homme grand et imposant, je me foutais carrément de ton absence de beauté. Tu étais différent, intelligent et nous avions de belles discussions. Je ne demandais rien de plus. Je ne voulais pas d’un homme qui pouvait me séduire, qui allait me virer la tête et le cœur à l’envers. Je n’en avais rien à. Pire! J’avais peur et j’avais cette idée en horreur. Je ne voulais pas tomber amoureuse.

Je ne t’aimais pas. Non. Pas comme ça. Tu étais un choix de tête et de survire, et je t’espérais un complice au long cours. Je me sentais mal, malhonnête, mais je me disais que je te donnerais tout, donc, tu n’aurais pas de quoi te plaindre. Je serais une bonne maman, pas de doute. J’avais la maternité dans la peau, comme une seconde nature. Je serais aussi une bonne partenaire et donc une bonne épouse. Notre mariage serait aussi partie intégrante de mon arsenal de protection contre les éventuels prétendants, les dangers pour mon cœur. Ça tiendrait la plupart loin, je serais tranquille. J’aspirais à être une épouse et une mère, et à avoir la paix. Les files de prétendants, très peu pour moi. Au fil des ans, mon statut marital ne découragerait pas tous les hommes, mais tiendrait une bonne majorité loin.

Je ne t’aimais pas, mais j’ai été fidèle et loyale, ça, personne ne peut dire le contraire. Si je suis honnête, avec le recul, il y a eu plusieurs alarmes et plusieurs signes de ce que risquais de devenir notre union. Tu m’aimais plus que moi je ne pouvais t’aimer. Je t’aimais tout au plus comme un ami, et lorsque tu as atteint le statut de père de mes enfants, j’ai été perdue. Vulnérable. Avant pourtant, j’ai eu quelques années pour ouvrir les yeux, mais je les ai fermés. Pour des raisons que j’ignore et d’autres que je continue de découvrir et de comprendre. Mes parents ne t’aimaient pas. Mes amis ne t’aimaient pas. Tu n’étais pas facile à aimer. Colérique, égocentrique et socialement inadapté. Timide, pétris de mille complexes, et je le découvrirais plus tard, dévoré de tares d’ordre de l’intime. Les drapeaux rouges étaient si nombreux, mais j’espérais te sauver, t’aider. Pas te changer. Simplement t’aider. Je savais aussi, une chose particulière. J’avais compris que tu m’aimais d’une manière particulière. Solide et très forte. Indéterminé. Pour moi, c’était le chant d’une sécurité. Je ne comprenais pas à l’époque que cela tenait plus de la possessivité et de l’obsession. Oui tu m’as aimée plus que moi je t’ai aimé, mais dans ces sentiments, il y avait aussi un amas de trucs malsains. Moi, je n’ai pas compris. J’étais trop jeune et naïve. J’ai cru reconnaître l’amour inconditionnel et une sécurité. Je ne t’aimais pas, mais je te remettrais au centuple tes sentiments que je croyais nobles. J’étais une rêveuse, une idéaliste et une fille loyale, même si je n’engageais pas mon cœur.

Il y a eu tellement de signes. Je les ai tous ignorés, comme j’ai ignorés mes proches. Devant ma tête de cochon, ils se sont tous tus et, nous avons pu nous marier. Personne ne le savait, sauf moi. Mais l’absence de la robe blanche à nos épousailles, n’était pas un choix anodin. Ma robe était rouge. Je ne me mariais pas par amour, je ne porterais donc pas de blanc. Le blanc, c’était pour ce rêve remisé depuis très longtemps, enterré comme une impossibilité finale. Le blanc, c’était pour mes rêves de petite fille, morts depuis lurette. Ce n’était pas pour moi. Le mariage pour moi, demeurait une promesse et un engagement, et même si je ne t’aimais pas d’amour, j’étais bien décidée à l’honorer. J’ai choisi le rouge. Une couleur que j’aime depuis toujours. C’est aussi la couleur du sang, et ce n’était pas un hasard. Je ne savais pas ce que j’allais sacrifier, ce que j’allais donner, mais je savais que je t’offrais ma vie, dans cette étrange balance entre toi et moi. Je savais que je renonçais à certaines choses. Le rouge sacrificiel était donc silencieusement à l’honneur. J’ai craint de commettre une erreur, j’ai failli reculer, mais jeune fille  obstinée , j’ai foncé. Je n’allais certainement pas reculer. J’avais dix-huit ans. J’étais belle, jeune, et aussi sincère que possible, décidée à faire de toi un homme heureux, et tellement plus innocente que je ne le croyais.

Je n’étais pas du tout amoureuse de toi. Et dès le départ, il y a eu des indices de ce qui m’éclaterait au visage au fil des années à venir. Jusqu’au niveau de l’intimité. Tu as commis certaines bévues sur lesquelles j’ai passée l’éponge un peu trop facilement. J’en ai plusieurs en tête. J’aurais dû comprendre et me sauver. Avant d’avoir les enfants, je n’étais pas aussi vulnérable. Je n’ai pas tout compris et j’ai cru que je pourrais te sauver. Tu n’as jamais été du type fidèle, même si jamais tu ne m’aurais quitté. Je ne comprenais pas tout cela. Tu as mis notre famille en jeu à quelques reprises, tu as joué avec mon corps et le peu que je t’offrais de mon cœur.

Notre sexualité a toujours été étrange dès le premier jour. J’ai initiées les choses, comme on saute d’une falaise. J’avais décidé que ce serait toi. Une formalité, un instinct de survie étrange. Parfois une pulsion de colère, et à quelques reprises, un pur instinct de reproduction. Je n’ai jamais été très à l’aise, et cette partie de moi qui avait appris à se faufiler ailleurs lors de mon viol, est intervenue souvent. Surtout au début. Pour le reste, j’incarnais ce que je croyais que tu désirais. C’est la triste vérité. Sexuellement, durant toutes nos années ensemble, je n’ai été heureuse qu’avec mes doigts et mon vibrateur. Dont tu serais jaloux d’ailleurs. Notre vie intime et sexuelle a été ponctuée de plusieurs de tes crises, excès et problèmes. Le clou dans le cercueil furent pour moi, ces mois au cours desquels j’ai essayé de te sauver et de t’aider, en plongeant dans tes univers et tes dépendances. Tu le sais, et je le sais, ce ne fut pas très positif pour moi. Ce fut difficile, destructeur et perturbant. Au bout de plusieurs mois, j’ai décrété que je n’en pouvais plus, que c’était fini. J’avais assez donné. Je m’étais trahie, salie et brisée. Pourquoi? Pour le père de mes enfants. J’avais voulu partir plusieurs fois, mais les enfants étaient petits, et je suis loyale. Terriblement. Je ne voulais pas briser ma promesse (le mariage) et je ne voulais pas te laisser tomber. Tu es le père de mes enfants, et ce statut te donnait beaucoup de marge de manœuvre. Je voulais t’aider, te soigner, te sauver. Jusqu’à ce que je n’en puisse plus, jusqu’à ce que je sois profondément brisée.

Après cette période, honnêtement, je savais que le sort de notre union était condamné. Je ne savais pas quand ni comment, mais je te quitterais. Il fallait laisser les enfants grandir encore un peu. Il fallait que je me construise une situation bien à moi, aussi, avant de songer à partir. Je ne voulais pas te faire payer, je ne voulais pas d’esclandre et de divorce sanglant. Pour les garçons. Et j’ai tenue parole. Je ne suis pas parfaite, j’ai fait un tas d’erreur mais j’ai tenue parole. Je savais donc que je ne resterais pas avec toi toute ma vie. Je savais aussi que je ne comptais pas me remarier. Certainement pas! Pas d’amour non plus. Après des années offertes à une union très très longue depuis mes seize ans... mon univers continuerait de tourner autour des garçons, et je vivrais une vie de moniale célibataire sans difficulté. Je ne savais pas quand je partirais, mais je partirais.

Il s’est encore passé bien des choses dans nos vies, les années ont filées. Je regardais le temps passer, en attendant le moment propice. Il se rapprochait. Tout s’est accéléré lorsque Réal est décédé. Tu as fait montre d’un grand égocentrisme à une ou deux reprises. J’étais incrédule et furieuse. Je ne voulais pas être avec un homme comme toi. Je n’en pouvais plus. Notre mariage était toxique pour moi, mais aussi pour toi. J’espère sincèrement que tu le constates avec le recul. Nos fils sont la plus belle chose issue de notre union. Lorsque Réal est décédé, quelque chose en moi s’est fissuré. Pas comme une crise, mais comme si ça libérait une version de moi. Je me souviens t’avoir dit quelques secondes après avoir appris sa mort, que j’étais seule. Tu n’as pas tellement apprécié. Pourtant, en cet instant, j’étais lucide et d’une grande franchise. Je savais que je ne pouvais plus continuer à vivre comme ça. Authentique, notre vie maritale m’empêchait de l’être entièrement. J’étais prisonnière et assoiffée de liberté. Loin de ton joug, loin de notre histoire devenue trop lourde à porter. Loin des traumas, des cris, des souvenirs perturbants. Loin des mensonges. J’ai planifié mon voyage en Irlande, et on sait très bien toi et moi, que ce voyage, un peu plus d’un an après la mort de Réal, ne fut pas merveilleux. Je suis parvenue à en profiter, j’ai vécu des moments très forts... seule. Ton accident avec la voiture, ton stress, tes colères, tes impatiences, tes menaces... et moi qui achetait la paix et la promesse d’un lendemain, avec... mon corps. J’ai compris que j’avais fait cela souvent dans notre vie à deux. Étendre mon corps sur le tien, pour panser tes blessures, calmer tes colères et acheter la paix. Trop souvent. Cette prise de conscience loin dans un autre pays, m’a fait l’effet d’une gifle. Ce fut trop. Je savais que j’allais te quitter.

Je planifiais honnêtement attendre les dix-huit ans de notre cadet, et te parler ensuite. Dans les semaines et mois à venir. Tu criais après les garçons, surtout après notre grand. Au moins, depuis notre divorce, tu as développé un autre type de relation avec eux. Mais à l’époque, c’était un des gros gros facteurs. Tu avais voulu mettre notre aîné à la porte deux fois déjà, te fâchant car je prenais son parti. Je me souviens très bien que tu étais furieux la dernière fois, lorsque que je t’ai dit, que je partirais avec lui. Tu étais furieux que je le choisisse lui et non toi. Dans ces mois tumultueux je t’ai laissé plusieurs indices clairs sur le fait que je n’étais pas heureuse. Notre heure avait sonné, et je préparais silencieusement et doucement ma sortie.

Au retour de l’Irlande, des événements sont venus bousculer ma vie. Comme tu le sais maintenant, moi et le Géant, nous nous rapprochions toujours de plus en plus. L’amour au premier regard. Le seul amour que je n’aie jamais ressenti. Je savais la chimie entre nous, mais entre chimie et sentiments réciproques, il y a tout un monde. Pourquoi je ne t’en ai pas parlé? Pour plusieurs raisons. Tu n’étais plus mon ami, ni un semblant de confident depuis bien longtemps. Ma vie interne, cette inimitié entre moi et moi, que j’entretenais depuis l’enfance, avait pris le dessus depuis bien, bien longtemps. Il fut une époque, jeune épouse naïve, loyale et surtout, maman qui ne voulait pour rien au monde trahir le père de ses enfants et mettre en péril sa précieuse famille, je me serais sans doute ouverte à toi. Oublie ça, ça faisait longtemps que je m’étais refermée. Je ne t’ai donc jamais parlé de mon cœur qui palpitait en sa présence, de notre chimie. J’ai même fait taire ta jalousie terrible, alors même que je ne connaissais même pas son nom! Mais tu avais peut-être eu là, une de ces intuitions démentes dont tu as le secret. Tu sembles avoir été très lucide et en avance sur lui et moi. Moi, j’ai tu mes émois tout en essayant de les tuer. De les ignorer. Des les enterrer. Difficile lorsque tu côtoie cette personne chaque jour et que votre connexion est si fulgurante et foudroyante. Je me suis protégée en érigeant mon sacrosaint mariage entre lui et moi et ça a fonctionné quelques années. Il a mis du temps à voir que quelque chose clochait. La mort de Réal est venue causer bien des fissures dans mon mur illusoire et la vérité a commencé à filtrer. Ce furent des mois étranges ou je gérais notre vie, tout en faisant taire mes sentiments pour cet homme qui n’était pas mon mari. Une partie de moi avait terriblement peur ce cette chimie, et n’en voulait pas. J’avais réussi à protéger mon cœur jusqu’ici. Pourquoi lui? Pourquoi maintenant? J’ai brandi si fort notre mariage et ma morale impeccable. Puis, la mort de Réal m’a laissée le souffle coupé. J’ai mis bien du temps à reprendre et retrouver mon souffle. Dans toutes les sphères de ma vie en fait. Entre la mort de Réal et l’Irlande, ma vie a doucement pris un autre tournant. Je savais que je te quitterais. Je ne savais pas que mon amour pour le Géant serait réciproque. Et qu’il balaierait tout sur son passage, même les obstacles. J’ignorais que ledit Géant aurait le courage nécessaire pour réfléchir à une vie avec moi, et encore moins qu’il irait jusqu’à m’offrir son cœur. Nous nous sommes rapprochés chaque jour un peu plus, suite à la mort de Réal. Même un peu avant son départ. Ironiquement, toi et moi, nous nous éloignons chaque jour un peu plus. Lentement mais sûrement, nos véritables sentiments que nous avons essayé de noyer dans notre amitié, devenaient de plus en plus évidents. La réciprocité aussi. À notre plus grand mélange de consternation et enchantement à tous les deux. Nous savions que nous avions entre les mains, un amour unique. Nous n’avons cessé de nous rapprocher.

J’ai lutté en vain, après l’aveux de ses sentiments, même si je les ai réciproqués. Je n’ai posé aucun geste qui aurait pu porter préjudice à notre mariage. Je n’étais pas prête, j’avais la trouille. Moi, je me voyais partir seule, avec les garçons. Je me voyais te quitter dans quelques mois. Oui je l’aimais. J’aimais pour la première fois de ma vie, depuis le premier regard échangé. J’étais bouleversée et dépassée. Puis, j’ai compris que l’on ne vit un amour comme ça, qu’une seule fois dans une vie, et encore, si on a de la chance. Nous avions une chance inouïe et je l’aimais de tout mon cœur. Je n’allais pas laisser passer cet amour. Je n’allais pas sacrifier cet amour pour un mariage qui me tuait, ni même pour le principe de partir seule et vivre seule. Les choses se sont emballées. C’est ça que ça fait un amour aussi grand. Ça emporte tout sur son passage, bon gré et mal gré. Pour le meilleur au final, mais générant des difficultés et bousculant gens et situations au passage.

Je n’étais déjà plus là depuis longtemps. J’aspirais à partir depuis si longtemps. J’aspirais aussi à te libérer. Sincèrement. Tu méritais de vivre une vie sans une femme qui ne t’aimait pas. D’être libre de vivre une vie qui te ressemblerait. De connaître la vérité. Je ne t’ai jamais aimé, non, mais je t’ai donné tout ce que je pouvais donner. Absolument tout. Sans compter. Oui, mon focus c’étaient les enfants, et le tien, moi. Je suis terriblement désolée si je t’ai blessé. De ton côté tu as enfoui bien loin, les outrages nombreux, les violences, les torts. Tu me les as admis un soir, puis tu as tout emballé depuis. Tu sais quoi? So be it. Sois heureux. Sois là pour nos merveilleux garçons, comme tu le peux. Moi, je sais qui je suis, ce que j’ai fait, et je le reconnais et c’est important pour moi. Je ne suis pas meilleure, je suis juste à MA hauteur. Je veux et je peux me regarder dans un miroir sans peur, ni honte. J’étais une enfant, ça n’excuse pas tout, mais ça explique beaucoup. Je t’ai vraiment tout donné. Sauf mon cœur. Et encore, je t’en ai offert une partie, ce que je pouvais. Ça n’a pas suffit. Ni à toi, ni à moi.

Tu m’as mise à la porte sans savoir que mon cœur et même mon corps appartenaient à un autre. J’ai plaidé une semaine à dormir sur le divan, en te disant que nous avions des choses à se dire. Que j’avais des choses à te dire. Oui, j’avais déjà sauté la clôture. Mais je ne voulais pas faire de toi le dindon de la farce et, de lui, un amant et une aventure extra-conjugale. Il était plus que ça. Il était mon Amoureux. Et tu méritais de savoir, mais les choses ne se sont pas passer comme espérer ou imaginer. Notre mariage s’est terminé il y avait bien longtemps, dans mon cœur à moi. Dans ta colère, tu nous as peut-être rendu service à tous au fond. La suite des choses nous la connaissons très bien toi et moi. J’ai été une épouse sans cœur qui a tout donner. J’ai voulu réussir cette séparation. J’ai été à la hauteur de nos enfants et j’ai été présente pour toi, envers et contre tous.

Tu refais ta vie et si tu savais comme j’en suis heureuse! Tu te souviens que c’est ce que je te souhaitais, lorsque tu fumais, buvais et consommais une femme de petite vertu? Je te souhaitais de te reprendre, de regarder droit devant. De trouver une femme bien, qui elle t’aimerait. Qui serait un plus dans ta vie et celle de nos fils. Je te souhaitais de trouver l’amour. Une femme qui t’aimerait comme moi je n’ai pas su. Je te veux heureux. Tu es 24 ans de ma vie, pour le meilleur et pour le pire. Tu es le choix que j’ai fait. Tu es surtout, le père de mes deux merveilleux fils. Par eux, nous serons toujours liés. Nous nous devons d’être à leur hauteur. Nos liens sont étranges, surtout depuis que je suis mariée. Courtois, voilà ce que nous sommes. C’est un beau minimum et c’est tant mieux. Malgré tout ce qui s’est passé, tu serais mal pris demain, je serais sans doute là. Car tu es le père de mes merveilleux fils. Et qu’il me reste un fond de cette loyauté étrange. Nos routes sont séparées. Je suis follement amoureuse, je me cherche et je me trouve encore, dans ce nouveau bonheur. J’espère que tu es heureux, amoureux, épnanoui. Merci pour nos deux fils, et bon voyage pour la suite de ta vie. Sois heureux, aimé et libre.

 


 

Tuesday, February 15, 2022

T’es ma meilleure amie


 

Une des raisons pour lesquelles je ne faisais pas de pas en avant… vers lui. C’est au nom de l’amitié. Je n’avais jamais eu d’ami comme lui. Jamais eu d’amitié aussi profonde et authentique. Jamais. Je ne voulais pas perdre ça. Oui les pratiquement dix ans de différence. Oui, ma vie, bâtie sur un mariage toxique qui prenait tellement plus que cela ne me donnait. Une évidence criante, plus le temps passant. Oui ma famille, la principale raison de mon mariage malheureux dans lequel je demeurais. Mais aussi, cette amitié, avec cette âme qui répondait à la mienne comme aucune autre sur cette planète. Je ne voulais pas perdre ça. Je ne sais même pas si je le lui ai dit à lui. Je lui dis tout et je lui parle tellement que j’oublie parfois ce que je lui ai dit, ou pas.

Je me souviens encore de ce moment, lorsqu’il m’a dit que j’étais sa meilleure amie. Après deux ans d’amitié si ma mémoire est bonne. Peut-être un peu plus, ou un peu moins. C’était sur notre lieu de travail. Sur le plancher. Il m’a prise de court. Avec cet aveux sorti droit de son cœur. Tellement senti, tellement sincère. Comme souvent à cette époque, heureusement je me suis ouverte et déconstipée depuis, j’ai réagi… de marbre. Il m’a prise par surprise. Malheureusement cet aveu candide et sincère n’a pas eu l’accueil qu’il méritait. Nous en parlons en rigolant aujourd’hui. Heureusement!

J’étais stupéfaite, ahurie et… touchée au plus profond de moi-même. Mais tout ce à quoi il a eu droit, c’est à un visage froid, composé et une réponse laconique. Je n’ai même pas réciproqué sur le coup! Le laissant un peu éberlué, un peu triste aussi. Sans en avoir conscience. Mon cœur battait, une douce chaleur affluait dans tout mon corps. J’étais touchée, incrédule et incroyablement heureuse. Je ne lui ai rien montré de tout cela. Habituée à me camoufler, pas habituée à une telle sincérité. Habituée à craindre mes sentiments, les attachements. Normalement, dans mes relations, c’est lors de moments comme ceux-là que je commence à reculer, me retirer, m’éloigner. Jusqu’à disparaître. Je savais très bien que je ne voulais pas ça cette fois. Pas avec lui. Et ça me troublait et me faisait peur.

Puis les doutes aussi… il ne faisait pas de moi n’importe quelle amie. Sa meilleure amie. Étais-je digne de cet honneur? J’en doutais beaucoup. Après ses aveux et ma réponse pas très réceptive et enthousiaste, je me souviens plus ou moins l’avoir planté là au profit de clients. J’étais rigide, comme entre deux mondes, et j’ai été m’enfermer dans le bureau. Là, seule, sans témoins, j’ai étouffé un cri joyeux mes mains. J’ai sautillé sur place et, j’ai eu les larmes aux yeux. Comme une enfant heureuse, comme une femme vulnérable. Pour moi, dans ma tête et mon cœur, c’est le plus proches que nous ne serions jamais. Dans cette vie. Il avait encore sa copine, j’avais encore mon premier mari. Des indices de notre chimie se multipliaient, mais je ne voyais pas cela fleurir en Amour dans cette vie-ci.

Je suis retournée sur le plancher, lui dire que c’était réciproque, d’une drôle de manière. De la seule manière que je savais communiquer à ce moment-là dans ma vie. Je me suis… rattrapée. C’était beau, c’était précieux, et c’était une belle journée. Un cadeau. Un privilège. Car je l’aimais. D’amitié et d’amour non-avoué. À lui comme à moi d’ailleurs. Car c’est un homme qui ne prononce pas des mots à la légère. Car c’est by far, la plus belle personne de ma connaissance.

Après ces aveux, je ne sais pas si je lui ai dit, mais j’ai rangé encore plus loin, comme je le pouvais, mes sentiments pour lui. Je ne voulais pas gâcher cette amitié devenue profonde, importante. Ne pas la mettre en danger, ne pas la compliquer. Je n’avais pas compris qu’en fait, malgré nous, c’était une première porte ouverte vers nos rapprochements, une complicité réaffermie et réaffirmée. Un prétexte pour s’ouvrir davantage, un passage plus direct l’un vers l’autre. Naïvement, je n’avais pas vu cela venir. Je n’avais pas anticipé comme je suis si habile à le faire habituellement. Alors que moi, je croyais que je mettrais cette amitié officialisée de l’avant, en la protégeant même de moi… cela n’aura ouvert que plus de portes au magnétisme. À l’électricité. À la magie et l’alchimie entre nous. À partir de ce moment-là, nous sommes devenus, de plus en plus proches. 


Monday, February 14, 2022

Première nuit (bis)

Notre première nuit était pleine d’urgence, de douceur, de tendresse, de maladresse partagée, de pudeur et de timidité. Tu n’avais jamais été timide avec personne, je n’avais pas connu d’autres hommes que mon ex. Tu as été émerveillé, tu as veillé sur moi. T’assurant de mon bienêtre et de mon consentement à plusieurs reprises. Tu as été doux, passionné et amoureux. Nous étions si amoureux. Notre première nuit nous a pris tous les deux par surprise. Mon initiative, et tu y avais pensé aussi. Mais chevaleresque, tu n’aurais pas osé proposer. Je garde de notre première nuit, une impression tendre, passionnée et très intime. Une première fois pour moi à plusieurs niveaux. Normal; tu étais mon deuxième amant à vie. Beaucoup de premières pour toi aussi, malgré de nombreuses expériences passées. Lorsque l'on se retrouve nu devant la personne faite pour soi, l’émerveillement étreint l’Irrépressible besoin de se fondre dans l’autre, tout en jouxtant une timidité cousue de peurs plus ou moins conscientes. S’aimer aussi fort dès le départ, ça fait peur et c’est envirant et vertigineux.

Notre vie sexuelle va bien, merci. Très bien même. Nous nous découvrons mutuellement au sein d’une intimité jamais vécue ni partagée. Nous sommes bien assortis. Heureux et comblés.

Dans les derniers jours, dans un dédale de circonstances, et de confidences et de souvenirs, tu m’as demandé, de te décrire la première fois dont je rêvais, il y a jadis fort, fort longtemps. Enfant et jeune fille romantique, voir romanesque. Fait cocasse, tu as eu vent de cette histoire quelques jours avant la Saint-Valentin. J’étais un brin réticente mais surtout très gênée de te raconter ce vieux rêve, fantasme rose bonbon d’une jeune fille qui ne l’espérait même pas. Je te l’ai quand même raconté, puis, on en a un peu parlé, puis c’est tout. J’aurais dû me douter, qu’avec toi, ce ne serait pas tout.

Tu m’as fait vivre, la plus démente et romantique des Saint-Valentin. Tu m’as fait préparer un sac, avec des instructions minimales. Me laissant le moins d’indices possibles. Nous avons pris la voiture pour un long roadtrip qui n’a pas parut long du tout. Nous parlons toujours beaucoup et on ne s’ennuie jamais en compagnie l’un de l’autre. Nous avons abouti dans une maison victorienne du Vieux-Québec, dans le   Quartier fortifié derrière le Château Frontenac. Tu m’as fait la surprise d’une chambre nommée La Bibliothèque, dans laquelle trônait un lit à baldaquin. Un lit tel qu’il figurait dans mes rêves de petite et jeune fille. Dans une chambre encore plus belle que dans mes fantasmes secrets et romanesques. Une marche dans la charmante Basse-Ville, illuminée et magique. Trouver notre restaurant, à l’intérieur duquel nous attendait encore des beaux moments magiques.

La bouffe était simple et sublime à la fois. Le service et en fait le personnel de A à Z; chaleureux et souriants. Gros méga coup de cœur pour l’accordéoniste qui a interprétées deux chansons d’Édith Piaf mais aussi une demande spéciale d’une cliente, une pièce magnifique de Félix Leclerc qui m’a arraché des larmes. Paroles et musique s’il vous plaît! Au retour à la chambre, lorsque je suis sortie des toilettes, tu avais transformé la chambre. Bougies, pétales de roses sur le lit, musique, champagne, fraises fraîches et fondue au chocolat. Deux roses blanches aussi. Tu m’as invitée à danser. Trois chansons, trois danses, et bien des larmes sur mes joues. Beaucoup d’émotions. Pour moi, mais aussi pour toi. Faire l’amour dans l’écrin de ce lit à baldaquin, l’odeur des pétales de roses rouges qui diffusent leur odeur sous l’effet de la chaleur de nos corps enfiévrés. Passion, tendresse, amour. Une nuit digne de mes rêves les plus secrets et les plus fous. Lorsque je me suis levée, pour aller aux toilettes, j’ai laissé une traînée de pétales de roses parfaite derrière moi. Sauf une, demeurée sur ma fesse droite. À ton grand émerveillement. Moi, je ne l’aurais pas aperçue, cette traînée, de mon sillage, sans ton regard tendre et émerveillé.  

Je garde bien des détails pour moi mais, mon point est que… cette soirée fut parfaite. Je t’ai confié quelque chose et tu l’as réalisé. Je ne croyais pas pouvoir m’abandonner et vivre cette première fois digne de mes rêves enfouis et même, enterrés. Nous sommes encore tous deux très émus de cette nuit d’un romantisme hallucinant. Merci mon Amour pour cette folle nuit de romance et de tendresse. D’amour pur. C’est de loin, ma plus belle Saint-Valentin. Jamais je ne l’oublierai. Nous corps tremblants, émus… comme la première fois. Deux amants candides, nerveux et très, très amoureux. 


 

Ton regard sur moi

  Ton regard sur moi améliore celui que je pose sur moi. Je me rends compte, à défaire mes derniers nœuds et à rencontrer mes derniers traum...