Wednesday, August 3, 2022

Ton regard sur moi

 

Ton regard sur moi améliore celui que je pose sur moi. Je me rends compte, à défaire mes derniers nœuds et à rencontrer mes derniers traumas, à quel point je me cachais. Dissimuler sous les apparences d’une vie parfaite. Ne pas faire de bruit, ne pas déranger, certes. Aussi, je me trouvais lourde, laide et difficile à aimer, dans mes vérités. Connues de moi seule. Et seule, je l’étais atrocement. Même sous mon propre toit, je m’étais formatée autant que possible, pour éviter les foudres, les abus, les violences diverses et les disputes. Cirant, arrondissant et enfonçant tellement et tant, de parties de moi. Me taisant. Ma vie en apparences harmonieuse, je la racontais par chœur. Je la jouais si bien, trop bien. Fuyant le très peu de gens qui voyaient un peu, qui sentait quelque chose. Je contrôlais le mal supplémentaire que l'on pouvait me faire. Surtout, je soulageais les gens de mes cicatrices, mon bagage lourd et mes maladresses et autres vulnérabilités.

Toi, tu as vu clair tout de suite et j’ai eue la frousse. J’étais irritée aussi. Ignorant jusqu’ou portait ton regard. J’ai mis tout en oeuvre pour tromper tes sens, pour plusieurs bonnes raisons. Celles habituelles, et celles, qui étaient vouées à nous séparer. À nous empêcher de se rapprocher. J’ignorais que tu étais une telle force de la nature. Plus forte que ma volonté et mes écrans de fumée si nombreux. Plus fort que toutes mes peurs, mes doutes et l’énergie que j’ai mise à te tenir loin. Donc au final, ça n’aura servi à rien. Nous étions destinés l’un à l’autre, oui, oui… même si simplement de l’écrire me fait encore sourire un brin. Au moins, je ne grince plus des dents et je ne roule plus les yeux!

Tu as accueilli depuis le jour un, ce que je moi, je parvenais à t’offrir et te montrer. Confiance et sécurité tu m’as rapidement inspiré. À mon grand désarroi. Et chaque fois que j’essayais de me rendre repoussante en te montrant certains côtés de moi, cela faisait tout le contraire, pour ma plus grande confusion.

J’ai cru que je serais trop. Je te l’ai d’ailleurs dit dans les premières paroles dites juste après que tu m’as fait l’aveux de ton Amour. Juste après mon silence paniqué et ma tronche béate, je t’ai dit, parmi plusieurs choses, que j’étais beaucoup. Le menton levé, tête haute, te mettant en défi. Essayant de te faire peur, te faire fuir, te faire te rétracter. Je t’ai clamé avec sincérité, que j’étais beaucoup. Cela est d’autres paroles tricotées pour te décourager. Tu avais réponse à tout, tu ne cédais et ne reculais pas d’un iota. Tu n’avais jamais offert ces mots, sans un pincement. Mes machinations n’allaient pas de repousser, et tu avais réponse à toutes mes tentatives de te faire peur. Car tu avais réfléchi, pensé et envisagé. Car tu es comme ça. Romantique et logique. Intelligent cérébralement et de cœur aussi. Tu n’allais pas me mettre ton cœur entre les mains sans penser aux implications pour toi, et, pour moi. Oui, moi. Moi et ma famille, moi et ce mariage que tu croyais heureux, moi et ce que tu connaissais de mes blessures. Avant de me mettre à risque, tu avais réfléchi. Et tu avais donc, des réponses pour chaque objection, chaque tentative de tuer encore ces sentiments… même si je te les avais avoués. Après avoir été paralysée par l’aveux des tiens, entre émerveillement viscéral et une peur froide. Tu venais de te mettre à nu et moi, j’étais propulsée au ciel et en enfer, simultanément. Paralysée, cet air de biche devant des phares, que tu causerais souvent chez moi, durant nos premiers mois. Pris dans le moment d’après, suspendu à mes lèvres ouvertes qui n’offraient que le silence. J’ai littéralement cessé de respirer, les yeux écarquillés. Tu m’offrais l’impensable. Avec douceur, je me souviens très bien que tu m’as demandé, brisant le moment de suspension, si je t’aimais en retour.

Dans un souffle, malgré moi, je n’ai pas pu prétendre. Je n’en avais pas la force. J’en étais en fait incapable. Je me souviens des mots qui sont sortis si naturellement de ma bouche. Dans un souffle. Presque un murmure. Soulageant. Effrayant. Mais, la vérité. Celle que je tentais de tuer durant toutes ces années. Elle venait de franchir mes lèvres, et rien n’aurait pas l’arrêter. Je le savais. Je ne pouvais faire autrement. J’étais libérée et tétanisée à la fois. Je ne dis pas je t’aime à la légère. Et je ne l’avais jamais dit de cette manière. Jamais. C’était à la fois la chose la plus naturelle du monde, et la plus absurde. Je ne savais pas ce qui allais arriver, ce que nous allions faire de ces aveux. Le monde venait de changer et nous ne pourrions pas revenir en arrière. Je t’en ai voulu un peu, de m’avoir bousculée ainsi. Te l’ai-je déjà dit?

Alors s’est ensuivie mes parades et ma montée de bouclier habituelle. Avec douceur et détermination, fort de ta sincérité et de la certitude de tes sentiments et réflexions, tu es demeuré debout. Sous mes assauts verbaux. Je ne te faisais pas peur. Je ne te ferais pas fuir. De nous deux, j’étais celle qui avait peur. J’étais terrorisée. Tu étais ce que j’avais voulu éviter depuis ma tendre enfance, et ce contre quoi j’avais lutté durant les trois années de notre amitié jusqu’à… ce moment. Ma vie et ses apparences, mon armure, ma forteresse et mes masques. Mon futur, mes précieux fils, cet homme que j’appelais mon mari. Le boulot. Et toutes mes cicatrices, et mes vulnérabilités.

J’ai eu peur longtemps. Longtemps. Et pourtant, ce n’était que la pointe de l’iceberg. Nous le savons tout les deux aujourd’hui. Mon bagage était bien plus gros et douloureux que moi-même je ne me doutais. Et tu es toujours là, avec la ferme intention de rester. De n’aller nulle part si je n’y suis pas. Tu aimes de moi, chaque maladresse, chaque grimace, chaque larme et chaque cicatrice.

J’ai cru que j’étais trop laide et trop lourde pour être vraie et m’offrir aux regards. Le tien, me prend tout entière, et rien de moins. Que l’on ne me dise plus jamais, que l’Amour de l’autre ne guérit pas. Oui l’amour de soi, bien évidemment. Mais oui, aussi, l’Amour de l’Autre. Ça sauve, ça guérit. Ça soigne et ça unis. C’est grand, l’Amour. Et ça peut-être très puissant lorsque sain. L’Amour Alchimique. Le nôtre. Si on ne fait que s’y perdre, c’est une erreur bien sure. Si on s’y perd et s’y retrouve, c’est une tout autre histoire.

La nôtre, est si belle.

Ton regard sur moi

  Ton regard sur moi améliore celui que je pose sur moi. Je me rends compte, à défaire mes derniers nœuds et à rencontrer mes derniers traum...