J’ai toujours été un peu étrange. En marge. Enfa
Une autre chose est cette manière que j’ai de me voir. J’ai été mannequin durant quelques années. Malheureusement cela n’était vraiment pas pour moi. Je me suis toujours sentie comme le vilain petit canard et, une fraude. Syndrome de l’imposteur et c’était vachement grave docteur. Loin de me réconcilier avec mon aspect physique, j’en ai conclu que sans les beaux vêtements, le maquillage, l’éclairage et les retouches photos... j’étais moche. J’étais filiforme, plate comme une planche et quelconque. À mes yeux. Je préférais miser sur autre chose, comme le bénévolat et la lecture et la musique. J’ai aussi développé un très bon sens de l’autodérision et un humour propre à ma maladroite et étourdie personne.
Au fil des années, je me suis toujours considérée seule et bizarre. Sous mes dehors presque parfois si conformes. J’étais en fait une femme folle, étrange, solitaire, moche... dissimulée sous les apparences lisses maîtrisées. Ma passion et mon côté spontané ne plaisait pas trop à l’unique homme à avoir partagé ma vie et mon lit. Une autre raison de se conformer. J’avais compris qu’en supprimant bien des aspects de moi sous mon propre toit, je gagnais en paix. Moins de conflits, moins de disputes. Mon côté imprévisible, émotionnel, je le rangeais. Il ressortait parfois malgré moi, mais je le harnachais et tout rentrait dans l’ordre.
Ajoutons à cela que j’ai souffert d’une terrible dépression, que la maladie mentale est très présente du côté maternel de ma famille. Je portais cet héritage et cet épisode de ma vie comme une honte, jusqu’à ce qu’en parler fasse une différence ici et là. Cela étant, il n’a plus été possible de me faire taire. C’était déjà ça. Autrement, tout au fond de moi, se cachait une femme qui adorait les romans et les films romantiques. Sans pour autant croire que cela m’arriverait. Le temps passait, j’appprochais la quarantaine. Je n’aimais pas l’amour, j’en avais peur. J’avais renoncé à l’amour il y avait très très longtemps. À un âge trop tendre. Et même si cela m’émouvait dans les livres et les films, dans les chansons... pour moi c’était impensable. Impossible. En secret je pensais souvent à la mort. Si je suis tout à fait franche, il me semble que j’ai toujours valsé de très près avec elle. Consciente qu’on ne peut aimer aussi fort la vie, que si on n’a conscience de la mort. J’ai toujours eu cette impression que je ne tournais pas rond. L’impression de ne jamais trouver ma place. Sauf auprès de mes fils.
Sous mes apparences de maman et épouse vivant une situation parfaite... il y avait une femme complexe, endommagée, fissurée et très seule. Parfois, je me surprenais à me dire que j’avais vécu beaucoup plus longtemps que je ne l’aurais cru. Enfant, je m’étais endurcie... mais pas vraiment. Trop fragile pour ce monde, je m’étais enfermée moi-même à double-tour et jetée dans mes abysses internes. La seule manière de passer au travers une vie rock’n’roll. Je fais souvent la blague que je suis la personne la plus simple et plate du monde, mais que ma vie elle, fut rock’n’roll. Je n’ai jamais consommé de drogues, j’ai été très sage, raisonnable. Comme pour mieux m’ancrer dans une vie qui tanguait sans cesse, et menaçait de m’engloutir à chaque moment. Ma vie est une rockstar, moi je suis la fille d’à côté, et bien heureuse de l’être.
Quoique... ordinaire avec toutes mes tares, difficiles de l’être. Brisée, divisée, multiple, perdue et exilée sur cette terre ou parfois, les jours me heurtaient si fort. Toujours moi-même avec mes enfants, ou dans ''mon monde''. Incapable de me conformer au fond. Tumulte ambulant sous des airs composés et maîtrisés. Pas étonnant que les gens soient tombés en bas de leurs chaises en apprenant que je quittais le père de mes enfants! Coup de théâtre ! J’avais rencontré un homme qui me voyait. Devant lequel je commettais des trucs maladroits pas possible. À chaque repas pris ensemble, ma nourriture tombait partout et j’en étais ouvertement embarrassée. Je ne comprenais pas pourquoi cela m’arrivait systématique en sa compagnie uniquement. Jusqu’à ce que je comprenne que non seulement il voyait clair en moi. Trop à mon goût d’ailleurs. Mais qui plus est, en sa compagnie j’avais tendance malgré moi à me détendre. À être... moi. Aussitôt compris ceci, j’ai renforci mes défenses les plus efficaces; ma vie de femme mariée (au père de mes supers fils à l’époque) brandie à grand renfort persuasif.
Je n’avais pas compris que la chimie entre nous, ce n’était émanant d’une autre vie, ou pour une autre vie. Il fut mon passé, il est devenu mon présent et sera mon futur. Dans toutes mes vies. Je n’avais pas compris que nos sentiments étaient réciproques. Ou avais-je compris et ai-je tenté de fuir et enterrer sous mes illusions? Je ne serai pas parvenue à le tenir indéfiniment à distance. Il réclamait ma vérité. Celle qu’il voyait et qui échappait au reste du monde, et plus. Le reste. Racoleur. Ce qu’il soupçonnait, ce qu’il devinait. Nous sommes désormais mariés, heureux et incroyablement amoureux. Toutes ces tares que j’ai mis toute une vie à camoufler, il les célèbre et les chéris. Ce fut terriblement déstabilisant au départ. Notre amie Angela pourrait attester de plusieurs de mes réactions initiales devant mes tares qui le charmait. Je croyais qu’il se foutait de ma gueuele. Ensuite j’ai compris qu’il ne rigolait pas et je n’ai pas su quoi faire. Désormais j’apprécie et je réagis mieux. Beaucoup mieux. Il épouse toute celle que je suis, à chaque jour. Je n’ai plus à me cacher, et parfois, il m’arrive encore de me sentir perdue dans cet océan d’amour inconditionnel et de liberté.
Mes différences sont aimées. Choyées même. Je ne fais plus
qu’en jouer habilement. Je suis, simplement. Dans toute ma vulnérabilité, mes
expressions faciles nombreuses et icontrôlables, ma maladresse et autres tares.
D’ailleurs je considère de moins en moins ces tares comme des tares.
3 comments:
Ma théorie est la suivante: nous sommes tous un peu dément.
Lili
Etre different cest cool une fois que tu tacceptes toimeme. Je suis gai jai pas eu le choix pis cest la meilleure chose au fond.
Dom
Nous sommes tous le taré de quelqu'un. Grosse bise.
Lilas
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