Assez drôlement, elle est celle que j’ai prié alors que ma mère
m’imposait le christianisme qui la rassurait. Elle s’y est refugié lorsque ses
propres dons lui ont fait terriblement peur, et lorsque sa mère décédée ne fut
plus là pour la guider et la rassurer. Je réalise beaucoup de choses. Consciemment
ou non, je crois que malgré la pléiade de déesses, dont d’importantes déesses
patronnes, elle a laissé sur ma vie une empreinte bien plus vaste et profonde
que je ne le croyais.
Pour moi c’est une déesse et son mythe, l’un des plus connus
du monde.
Je me rends compte que j’ai vécue ma vie un peu comme cette
déesse que l’on voulait froide, passive et mère. Pure, loyale et maternelle. Je
me suis jetée dans un mariage et je n’étais déjà plus vierge. Ayant été
sauvagement violée à onze ans. Cependant, je me suis jetée dans ce mariage avec
un homme choisi à seize ans. Bâtissant toute ma vie sur des certitudes dont je
ne saisissais pas l’instabilité soumise au temps. Naïveté de mes seize ans. J’étais
écorchée et mûrie trop vite, mais encore une enfant. Je me suis livrée moi-même
à un mariage que je croyais une forteresse sécuritaire. Je n’avais pas reconnu
plusieurs signes de violences et d’abus qui suintaient déjà chez cela qui
deviendrait le père de mes enfants.
Mes enfants. Ils étaient la raison de ce mariage. Je
désirais une famille. Pour laquelle je ferais tout. J’ai tout fait et j’ai tout
donné. J’ai incarné l’archétype de la mère à deux cent pourcents. L’épouse? J’ai
rapidement compris qu’elle serait accessoire, et jamais un rôle épanouissant.
Pas dans cette union là en tout cas.
C’est quoi le rapport avec Marie?
Un de ces nombreux aspects, est cette vision d’une femme
passive, maternelle et un peu froide et sans reproche. Sensualité et sexualité,
une nécessité, un devoir. Au moins ce serait avec un seul homme, et je ne l’aimerais
pas. Je me voulais intouchable. Je me voulais froide. Je me voulais mère. Maman
était mon titre et non pas celui d’épouse. J’ai essayé, mais il n’y avait rien
là pour moi, outre des apparences creuses d’une réalité malheureuse.
Non, je n’étais pas vierge et j’offrais mon corps les yeux
fermés. À un seul homme. J’étais prise dans la forteresse de mon rôle d’épouse,
qui protégeait mon rôle réel; celui de mère. Aucun homme ne m’approcherait.
Aucun homme ne me toucherait. Aucun homme ne prendrait mon cœur en otage. Ce mariage
vide d’amour était une parfaite couverture.
Aux yeux des autres, j’étais la mère et l’épouse honorable
et intouchable. Assez pour tenir à distance bon nombre de prétendants qui se
sont révélés dès que ma séparation fut ébruitée.
J’ai aimée cette déesse et peut-être, sans le savoir, l’ai-je
prise pour inspiration. À tout le moins, une part de son mythe. L’une de ces
interprétations. Honorable, touchée par un seul homme et mère. Épouse loyale et
fidèle, femme de devoir et dévouée à sa famille. Une certaine aura, mais aussi
une certaine froideur.
Je fais un drôle de lien entre elle et moi, et pourtant à
mes yeux, il fait beaucoup de sens. D’ailleurs, que sait-on vraiment d’elle, de
ce qu’elle ressentait face à un destin qui la dépouillait de tant de facettes d’elle-même?
Que sait-on vraiment d’elle? Nous avons aussi cela en commun; personne ne
savait ce qui se passait vraiment dans mon cœur et ma tête, et derrière les
portes closes de ce mariage dans lequel je me suis jetée comme sur un voile. Certaines
jadis prenaient le voile et Jésus comme époux. J’ai choisi mon mari pour des raisons
pratiques, en espérant le mieux. Et du pire qui en fut, j’ai fait le mieux. Le
mieux que j’ai pu. Et j’ai découvert l’amour, dans ces deux âmes sorties de mon
ventre. Mon cœur avant eux, était glacé et couvert d’engelures invisibles. J’ai
été une Mère véritables et une épouse honorable longtemps. Accomplissant mon
devoir et mon devoir conjugal. Je mettrais beaucoup de temps, à fondre et, à
voir émerger jusqu’à incarner, cette femme qui sommeillait en moi.
1 comment:
J’aime beaucoup Marie moi aussi. Elle est la seule bonne chose de l’Eglise.
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