Monday, July 4, 2022

Marie et moi

 

Assez drôlement, elle est celle que j’ai prié alors que ma mère m’imposait le christianisme qui la rassurait. Elle s’y est refugié lorsque ses propres dons lui ont fait terriblement peur, et lorsque sa mère décédée ne fut plus là pour la guider et la rassurer. Je réalise beaucoup de choses. Consciemment ou non, je crois que malgré la pléiade de déesses, dont d’importantes déesses patronnes, elle a laissé sur ma vie une empreinte bien plus vaste et profonde que je ne le croyais.

Pour moi c’est une déesse et son mythe, l’un des plus connus du monde.

Je me rends compte que j’ai vécue ma vie un peu comme cette déesse que l’on voulait froide, passive et mère. Pure, loyale et maternelle. Je me suis jetée dans un mariage et je n’étais déjà plus vierge. Ayant été sauvagement violée à onze ans. Cependant, je me suis jetée dans ce mariage avec un homme choisi à seize ans. Bâtissant toute ma vie sur des certitudes dont je ne saisissais pas l’instabilité soumise au temps. Naïveté de mes seize ans. J’étais écorchée et mûrie trop vite, mais encore une enfant. Je me suis livrée moi-même à un mariage que je croyais une forteresse sécuritaire. Je n’avais pas reconnu plusieurs signes de violences et d’abus qui suintaient déjà chez cela qui deviendrait le père de mes enfants.

Mes enfants. Ils étaient la raison de ce mariage. Je désirais une famille. Pour laquelle je ferais tout. J’ai tout fait et j’ai tout donné. J’ai incarné l’archétype de la mère à deux cent pourcents. L’épouse? J’ai rapidement compris qu’elle serait accessoire, et jamais un rôle épanouissant. Pas dans cette union là en tout cas.

C’est quoi le rapport avec Marie?

Un de ces nombreux aspects, est cette vision d’une femme passive, maternelle et un peu froide et sans reproche. Sensualité et sexualité, une nécessité, un devoir. Au moins ce serait avec un seul homme, et je ne l’aimerais pas. Je me voulais intouchable. Je me voulais froide. Je me voulais mère. Maman était mon titre et non pas celui d’épouse. J’ai essayé, mais il n’y avait rien là pour moi, outre des apparences creuses d’une réalité malheureuse.

Non, je n’étais pas vierge et j’offrais mon corps les yeux fermés. À un seul homme. J’étais prise dans la forteresse de mon rôle d’épouse, qui protégeait mon rôle réel; celui de mère. Aucun homme ne m’approcherait. Aucun homme ne me toucherait. Aucun homme ne prendrait mon cœur en otage. Ce mariage vide d’amour était une parfaite couverture.

Aux yeux des autres, j’étais la mère et l’épouse honorable et intouchable. Assez pour tenir à distance bon nombre de prétendants qui se sont révélés dès que ma séparation fut ébruitée.

J’ai aimée cette déesse et peut-être, sans le savoir, l’ai-je prise pour inspiration. À tout le moins, une part de son mythe. L’une de ces interprétations. Honorable, touchée par un seul homme et mère. Épouse loyale et fidèle, femme de devoir et dévouée à sa famille. Une certaine aura, mais aussi une certaine froideur.

Je fais un drôle de lien entre elle et moi, et pourtant à mes yeux, il fait beaucoup de sens. D’ailleurs, que sait-on vraiment d’elle, de ce qu’elle ressentait face à un destin qui la dépouillait de tant de facettes d’elle-même? Que sait-on vraiment d’elle? Nous avons aussi cela en commun; personne ne savait ce qui se passait vraiment dans mon cœur et ma tête, et derrière les portes closes de ce mariage dans lequel je me suis jetée comme sur un voile. Certaines jadis prenaient le voile et Jésus comme époux. J’ai choisi mon mari pour des raisons pratiques, en espérant le mieux. Et du pire qui en fut, j’ai fait le mieux. Le mieux que j’ai pu. Et j’ai découvert l’amour, dans ces deux âmes sorties de mon ventre. Mon cœur avant eux, était glacé et couvert d’engelures invisibles. J’ai été une Mère véritables et une épouse honorable longtemps. Accomplissant mon devoir et mon devoir conjugal. Je mettrais beaucoup de temps, à fondre et, à voir émerger jusqu’à incarner, cette femme qui sommeillait en moi.

1 comment:

Anonymous said...

J’aime beaucoup Marie moi aussi. Elle est la seule bonne chose de l’Eglise.

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