Depuis notre première rencontre, notre première nuit, et
toute notre vie à deux depuis, mon nez de chien pisteur était aux aguets. J’ai
une intuition très forte. Surtout en certains domaines sensibles. L’expérience
dans ma chair, des années de recherches, de formation et d’écoute, au travers
plusieurs activités bénévoles. J’ai un radar pour certaines blessures en
particulier. Au fil de notre vie à deux, j’ai eu des indices confirmant mes
soupçons, mais, toi, tu n’en étais pas conscient. Il fallait que toi, tu fasses
le chemin. Tout à coup, je me souviens d’un soir au Rockaberry dans les tous
premiers mois de notre vie de couple. Tu m’as fait des confidences ahurissantes.
Avec retenue et doute, par peur de te faire juger. Tu m’as confié un lourd
secret, et tu attendais un peu que je me sauve, que je sois choquée. Comme si
tu déposais ton cœur une seconde fois entre mes mains, accompagné d’une bombe.
Mon cœur a explosé, mais j’ai gardé mon calme. J’ai eu mal, en t’écoutant. Je
voulais être là pour toi, c’est ce que j’ai fait. Malgré toutes les alarmes
déclenchées dans ma tête. J’ai su à ce moment-là, de quoi il s’agissait. C’était
clair. Pour moi. Pas pour toi. Pas encore. Tu étais si jeune, et avec ton vécu…
La vie a suivi son cours, et nous voilà. Tu as défait des nœuds,
trancher des liens, dernièrement. Sur ce chemin, qui a pris des allures d’examen
de conscience par bout, tu as revisité plusieurs moments et souvenirs. Pour
moi, ta vie s’explique, mais il y avait ce bout qui manquait, ce quelque chose
qui clochait. Tu sais à quel point je suis une tête chercheuse. J’ai du mal à
lâcher le morceau, surtout lorsque j’aime et que je sais. Tu avais réalisé déjà
beaucoup de choses, mais voilà que ces souvenirs sont remontés. Prenant un
nouveau sens, prenant tout leur sens, révélant leurs vraies couleurs. Tout est
remonté, tout se révèle et ça fait du bien et ça fait mal en même temps.
Tu as trouvé l’origine de ton mal. Oui tu me cherchais, c’est
indéniable, mais tu fuyais aussi une blessure trop grande et incomprise. Tu t’es
construit sur un trauma et pas un petit. Cela explique tellement de choses.
Tout en fait. Ça fait mal et ça fait du bien en même temps. De ne plus être
dans le noir, de ne plus mener sa vie à l’aveuglette. Tu as survécu,
maintenant, c’est le temps de guérir et de vivre. Doucement, un pas à la fois,
et je serai toujours là, à tes côtés.
La nature de ton traumatisme et les circonstances qui l’ont
étouffé et qui ont ajouté une couche de honte supplémentaire, laissent des
traces profondes. Des cicatrices. L’âge tendre auquel cela s’est produit,
ajoute encore au traumatisme. Tellememt de honte, de silence, de solitude et de
questions et de douleur. Un secret lourd. Beaucoup d’incompréhension, beaucoup
d’interrogations en suspend. Tu étais déjà vulnérable qui plus est. Tu t’es
construit et tu as vécu et chercher tes réponses toi-même au fil du temps. Entre
ta nature sensible et, cet autre part d’ombre née de blessures et traumas, qui
grandissait au même rythme que toi. Tu n’avais pas conscience que cela faisait
partie de toi, que cela n’était pas un monstre. Que TU n’étais pas un monstre.
Tu t’es infligé bien des blessures, tu t’es fait mal en cherchant. Tu me
cherchais, tu cherchais aussi des réponses. C’est très simplifié, mais ça dit
beaucoup. Tu étais très divisé, tu vivais beaucoup de dissociation.
Maintenant, c’est le temps de réconcilier, panser, soigner,
guérir. Ton autre voyage peut commencer. Je ressens un profond soulagement. Cela
explique toutes ces choses que je sentais, que je voyais mais auxuquelles il
manquait des aspects, des fils coupés. Un manque de concordances alors que je
te voyais si clairement. Hallucinant à quel point tout s’éclaire. À partir de
maintenant, ça ira encore beaucoup mieux. Des défis, des pleurs, des hauts et
des bas. Tu es mon guerrier, mon cœur sur deux pattes, et tu as tout à gagner à
plonger dans cette plaie et en ressortir, plus fort et plus grand. Et dans ton
cas, ce n’est pas peu dire.
1 comment:
Il faut beaucoup de courage et l’amour rare qui va avec pour plonger et se dénouer entièrement. Muse
Post a Comment