J’ai perdu beaucoup de gens dans ma vie. Beaucoup. L’amitié,
est une chose importante dans ma vie, et les vrais amis, sont rares. L’un d’entre
eux, est parti trop tôt. Il y a plusieurs années. Nous nous sommes croisés au
détour d’un forum (Ah! L’époque fourmillante des forums…) ou les païens de tout
acabits se retrouvaient. Nos opinions, nos débats et nos poésies nous ont
portés à se lier, et à dépasser le cadre du forum. Nous sommes devenus de
véritables amis. C’était aussi l’époque des discussions sur MSN, que nous allions
aussi dépasser. Par de nombreuses lettres et de nombreux appels téléphoniques.
Beaucoup de chose nous séparaient en apparences. Une bonne différence d’âge, des
kilomètres et plus encore. Distance que je franchirais et qui nous permettrais
de passer plusieurs jours ensemble, avec nos familles en bonus. Le cancer l’a
emporté, et je crois que mon cœur guérit encore lentement de cette perte.
Gauvin ou Chevalier Gauvin ou Jean-Luc de son prénom, était
un homme formidable. Un homme que j’ai eu l’honneur d’appeler mon ami. Un très
bon ami, un ami très cher. Nos conversations demeurent inégalées, dans ce qu’elles
avaient de franches, de débats, de poésie, de culture et d’une franche et
grande tendresse. Il avait deux filles et une épouse, qui étaient son trésor le
plus cher. Entre lui et moi, il n’y a toujours eu, que de l’amitié. Forte et
franche, mais une amitié sans équivoque. Et lorsque d’autres sentiments se sont
pointés de son côté, j’ai abordé la chose (par écrit et en personne) avec
franchise et lucidité. Nous pouvions faire preuve d’une rare franchise l’un
avec l’autre. Un privilège en ce monde. Il y avait dans ses sentiments, une
veine de véracité, mais ce n’était pas du tout réciproque. Il y avait aussi
dans ses sentiments, cette manière qu’il avait de se perdre platoniquement dans
des chimères avec des muses. Toutes cependant, le ramenaient à sa femme, qu’il
aimait tendrement et sincèrement. Je suis heureuse de dire, que notre
conversation franche, l’a remis sur le chemin de sa femme. Il ne savait plus
trouver sa route vers elle, et le poète se distrayait en voguant vers d’autres
idéaux féminins. Alors qu’au fond, c’est elle qu’il cherchait. Sa femme. Je
sais qu’ils se sont retrouvés et j’en ai été fort heureuse. Heureuse aussi, qu’à
l’époque, il ait bien pris mon approche et mes propos.
Je ne me souviens pas d’aucun sujet tabou entre nous. Je n’ai
pas retrouvé une telle amitié. Celle nouée avec celui qui est désormais mon
Époux, est la seule qui est semblable. Cependant, il y a toujours eu une
connotation d’attirance, de chimie et d’électricité entre nous. Rien de
platonique. Malgré tout, c’est en termes d’amitié, ce qui s’en rapprocherait le
plus. Mon Ami me manque. Sa poésie, sa franchise, sa curiosité et son
intelligence. Son intégrité et son hypersensibilité également.
Je suis tombée sur l’un de ses poèmes en effectuant des
recherches sur mon ordinateur, et ce fut comme un retour en arrière. Ce fut
comme entendre sa voix. Ce fut comme recevoir l’une de ses lettres épaisses.
Mon cœur s’est serré. J’ai aimé cet homme d’une amitié forte et sincère. Il
était à la fois un sage, un rebel et un enfant. Notre complicité n’a pas de
pareil et, ça me manque. Je pense souvent à lui, dans le silence douloureux de
mon cœur, ou il conserve sa place. Je pense à ses filles qu’il aimait tant, à
sa femme, la femme de sa vie. À ces moments partagés avec eux en France, l’espace
d’un trop bref séjour. À nos lettres, nos rires, nos nombreux débats (je crois
que je n’ai jamais connus autant de débats avec un ami) qui étaient toujours vigoureux
mais respectueux. Nous apprenions beaucoup l’un de l’autre. Nous partagions
aussi la même spiritualité; le druidisme. Et la poésie était aussi un sujet
proéminent dans nos nombreuses conversations.
J’ai perdu beaucoup de gens dans ma vie, mais ils ne creusent
pas tous un trou de même taille dans mon cœur, en partant. Pour diverses raisons.
Le trou que Jean-Luc a creusé dans mon cœur en partant, est d’une profondeur
abyssale. Il y a un réel manque, un chagrin aux larmes qui ne tarissent pas.
Une absence encore douloureuse. Curieusement, je parle peu de lui. Pourtant, il
habite régulièrement, plusieurs de mes pensées. La qualité de cette amitié
était rare, comme la qualité d’âme de l’individus. Il me manque terriblement.
Je me demande souvent comment il serait aujourd’hui. Ce qu’il penserait du
tournant qu’à pris ma vie. Le connaissant, je soupçonne qu’il n’aurait pas été
surpris. Il aurait été un brin protecteur, mais m’aurais encouragée et aurait
adoré mon Mari. Il savait me lire comme peu de gens. En fait, je crois qu’il
est l’une des très rares personnes, que j’ai véritablement laisser s’approcher
de moi. De toute manière, il me devinait et notre complicité était telle que c’était
simple d’être sans armure avec lui. Je n’avais rien à craindre, son cœur était
bon et pures ses intentions. Si intègre et franc, une combinaison rare. Je me
suis déposée pour de vrai, dans notre amitié.
J’ai perdu beaucoup de gens dans ma vie. Lui, il n’est plus,
mais mes souvenirs, ses mots, ses filles et bien plus, vont le garder vivant.
Longtemps.
1 comment:
Il me manque a moi aussi, notre Barde du Grimoire de la Lune. K
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