Monday, March 7, 2022

Toxicité qui se dansait à deux

 



Guérir d’une union toxique... Une séparation, un divorce, c’est une cassure nette, douloureuse. Une cassure, une plaie ouverte avec danger d’infection et nombreuses complications. Ce n’est pas qu’un break, qu’une foulure. C’est violent, pour celui qui n’a rien vu venir, ni rien demandé. C’est aussi violent pour celle qui a causé la cassure. La fracture. L’affaire c’est que contrairement à une blessure… les os et les chairs ne se ressouderont pas. Il y a une amputation irrévocable. Cela demande un processus de guérison, différent pour chacun des deux parties. Étrangement, malgré toutes les choses qui se sont passées et qui se passent aussi en silence, en latence, je crois que nous avons fait de notre mieux. Pour nous, mais surtout pour nos fils. Ils ont toujours été ma priorité. Durant un temps, dans cette optique, j’ai essayé d’être là pour le père de mes fils après la séparation. Pour mes fils, mais pas seulement. Pour mon ex aussi. Par égard pour des vingt-quatre ans que nous avons passés ensemble. Malheureusement, je n’étais pas du tout la personne qui était la mieux placée pour l’aider. Malheureusement, je n’avais pas encore le langage pour répondre à certaines de ses questions (légitimes) et sur mes choix; passés et présents. J’ai véritablement fait de mon mieux. Je sais que notre relation était toxique, je sais qu’il y a eu beaucoup de douleur, mais c’est le père de mes enfants. Je sais aussi très bien d’où il vient, je le connais vraiment très très bien et profondément. Qui il est devenu depuis? Je ne sais pas, et c’est très bien ainsi. J’ai des échos de sa vie par nos fils, mais sa vie lui appartient. J’en suis heureuse. J’aurai toujours un avantage sur lui; je le connais très bien. Aussi colérique, pétri de traumas et de tares qu’il le fut… il a été ouvert avec moi. Oh! Il y a eu des mensonges, mais il fut ce qu’il fut. Moi, j’ai été sincère et j’ai vraiment, vraiment donné tout ce que je pouvais et plus. C’est vrai. Malheureusement, trop habituée à être seule, et recevant le signal que je devais me protéger au sein même de cette union, comme partout dans ma vie, je suis demeurée seule. Lorsqu’il est confus, lorsqu’il l’a été par le passé… il a eu raison. C’est faux et vrai à la fois. Je lui ai fournies tellement d’occasions de me voir, de me toucher, mais il y a une partie de moi qui est demeurée inaccessible from the start. Les êtres humains sont des créatures complexes et multifacettés. Nous sommes des êtres avec des vécus particuliers, pas ordinaires, lui et moi.

Nos routes se sont séparées pour de bon. Pour ne plus jamais s’enlacer, ne serait-ce que superficiellement, au bout d’une quinzaine d’années je dirais. Et certains événements ont mis la hache dans ce qui me restait de force et de volonté. J’ai continué quand même. Je ne pouvais pas l’abandonner, et je ne pouvais pas fracasser ma famille. Je ne voulais pas faire subir cela à mes enfants. À quelque part, je crois sincèrement que nous avons fait de notre mieux. Chacun à notre manière, tordus chacun à notre manière.

Il m’a donné son poison, ses tares, ses traumas, ses colères et ses dépendances. Il m’a offert son cœur meurtri et essayé de me donner le meilleur de lui au travers du filtre de ses nombreux maux. Je le sais. Et moi, j’ai offert ce que je pouvais, mais il y a tout un monde en moi, que je ne lui ai jamais montré. Je lui ai offert ma loyauté, ma fidélité, mon respect, mon soutient, mon amitié, et nos deux fils. Je lui ai offert ce que je pouvais de mon cœur. Je lui ai quand même donné des moyens, je communiquais beaucoup, beaucoup. Reste que, si je suis tout à fait honnête, j’ai vécu avec lui, en conservant ma solitude on the side. Ma porte de sortie au cœur de notre couple. Comment ça pouvait fonctionner entre toutes ces choses sombres qu’il portait en lui, et toutes ces choses que je gardais en moi?

De cette union, je ne suis pas la seule à devoir guérir. Je pense même que pour lui, ce fut plus ardu. J’ai beaucoup d’empathie pour le père de mes fils. Je lui ai imposé une immense fracture. Je le sais. Et comme je ne suis pas sans cœur, loin de là, j’y pense encore. Je ne vis pas dans le passé, ni même dans le fragment de cette réflexion, mais plus j’avance sur mon propre chemin, plus cela frôle ma pensée. Je bénéficiais de toute mes réflexions intérieures, dans ce jardin de solitude que je cultivais depuis l’enfance. Là ou je n’avais jamais laissé entrer personne sauf mes fils, avant mon présent Mari. À vrai dire, il en a trouvé le chemin, à mon grand désarroi. D’une manière inexplicable, et lui-même l’ignorais, alors qu’il s’y promenait, m’y voyant telle que je suis. Pas étonnant que j’aie paniqué, que j’aie brandis mon faux mariage idéal, entre nous as day one! Bref… j’ai laissé le père de mes fils en dehors de mon jardin secret, mon jardin de silence et de solitude. Avec raison je crois. Cela ayant comme conséquence, un ravin entre nous. Mais c’était comme ça avec tout le monde! Il ne faisait pas exception. Tristement, je ne savais pas vraiment comment le faire entrer, et je ne voulais pas y faire entrer personne en fait. C’était mon dernier retranchement, mon unique sécurité. Je lui ai donné accès à beaucoup, mais pas à mes profondeurs protégées. À ma manière, je l’ai aimé. Comme un ami, un parent, un partenaire. Le père de mes fils. Je l’ai connu si tôt, et il a fait partie de ma vie si longtemps, qu’il s’est forgé dans ma vie (à défaut de mon cœur) une place particulière.

Malheureusement, moi j’étais mûre pour passer à autre chose, mais pas lui. Ce fut un choque très violent. Guérir d’une séparation et d’un divorce ce n’est pas rien. Pour lui, comme pour moi. Je me suis sentie très très coupable. Incroyablement coupable. De lui faire ça. Je me trouvais égoïste et ingrate. Je diégrais très mal ce qui m’apparaissait comme un échec monumental. Je composais très mal avec le fait de le voir souffrir autant. Je savais pourtant, que pour la première fois de ma vie, je faisais quelque chose pour moi. Véritablement pour moi. Et si je ne le faisais pas maintenant, je passerais à côté de mon cœur et de ma vie. Complètement. Mon histoire d’amour était digne d’un film, d’un rêve, d’un roman, d’une chanson à succès. Simultanément, je brisais le cœur du père de mes fils, je faisais éclater ma famille. Avec le cœur lourd et léger à la fois.

Nous avons dûs guérir de ce mariage et de sa fin abrupte, chacun pour nos raisons et chacun à notre façon. Je ne suis pas la seule à porter des cicatrices de cette union et de cette séparation-divorce. Cette union était toxique dès le départ. Peut-être y était-il plus confortable que moi. Sans doute même. Je n’y ai jamais déposé mon cœur, sauf au travers de mes fils. Car je craignais trop de souffrir encore plus. Je me gardais mon jardin bien à moi. Je ne jouais pas sur deux tableaux en même temps, pour moi il s’agissait d’un mode survie, une seconde peau, acquise très tôt dans ma tendre enfance. Ce n’est que depuis peu que je comprends, et me comprends beaucoup mieux. Les choses font doucement plus de sens, je comprends, j’éprouve plus d’auto-compassion. Car personne n’a idée à quel point je peux être dure avec moi-même. Combien je me blâme, à quel point ma croix est lourde et encombrante. Heureusement, de moins en moins.

Nous avions tous les deux avantages à ce que cette union se termine. La séquence d’événemenst menant à cette séparation ont fait en sorte que cela ne se passe pas en douceur. Pour moi, la mort côtoyait la naissance et c’était fulgurant. Pour lui ce fut brusque, violent et soudain. Si je regarde les choses avec beaucoup plus de recul, le décompte était commencé depuis un bon bout de temps. La seule chose que je n’avais pas prévue, est que l’homme de qui j’étais amoureuse, réciproquerais mes sentiments. Ça, je ne l’avais pas vu venir du tout, du tout. Le plus sincèrement du monde. Ça, ça a tout bousculé, même les plans de partir que j’entretenais dans mon jardin intérieur depuis… des années et qui arrivait à échéance.

J’ai eu très mal dans mon union avec le père de mes fils, j’ai eu mal lors de la séparation et du divorce. Lui aussi. Une chose dont je me sens encore coupable, est qu’avec cette intuition très claire dont lui seule possède le secret… il avait prédit bien des choses. Il devait capter certaines choses, que même moi je n’étais pas prête à voir aussi clairement. Il me disait souvent que je le quitterais. Dès que je serais plus libre, financièrement. Dès que je trouverais un boulot et que ma vie cesserait de tourner autour de notre famille. Et que je m’ouvrirais un peu plus au monde. Il m’a exprimé sa crainte de me laisser avancer sur ma propre route, à plusieurs reprises. Souvent en blaguant à moitié. Il disait que je le quitterais, que je rencontrerais quelqu’un d’autre. Et moi, je lui disais non. Je lui ai fait croire au contraire, lui réaffirmant que je ne le quitterais jamais. Alors que dans mon cœur, je savais une autre vérité, qui prenait de plus en plus de place. Cependant, j’ignorais que je rencontrerais quelqu’un. Dans ma tête à moi, soit je finissais mes jours tristement dans une union ou je n’étais pas heureuse, soit je quittais pour moi. Je voulais vivre pour moi, selon mes termes, qui n’incluaient que mes fils et certainement pas un autre homme. Je ne me croyais pas capable de tomber amoureuse, et je n’avais aucune envie d’hisoire de cul et de corps. Non merci. Mes doigts et mon vibrateur me suffisaient amplement. Non, je n’avais pas planifié quitter avec un autre homme. Pas du tout.

La conjoncture des choses à voulue que ce soit ce qui se passe. Je lui ai fait croire que je ne partirais pas, que ses craintes, ses intuitions n’étaient pas avérées. Il a aussi détesté de manière viscérale et pas du tout raisonnable celui qui finalement, trouverait le chemin de mon cœur. Sans même le connaître ou connaître son nom. Pour finalement se lier sincèrement d’amitié avec lui. Une chose qui n’est pas facile et simple pour lui. Il a accusé plusieurs coups et blessures. En revanche, dans les dernières semaines avant que tout éclate, j’ai verbalisé souvent mon malêtre au sein de notre couple. C’est un peu passé sous le radar alors que je lançais des messages sincères. Toujours en ne sachant pas du tout que ma vie prendrait tout un tournant. Je ne le savais pas du tout.

Rien n’est noir ou blanc, il y a beaucoup de zones de gris. Le fait est, que nous avons tous les deux pâtis de cette union et de sa fin précipitée en apparences et en partie dans les faits. En apparences car si on y regarde de plus près, on peut constater une degradation, même sans parler de mon jardin secret. Il reste que, les choses ont été soudainement précipitées lorsque ce grand amour qui couvait depuis des années, s’est finalement révélé. Je ne pouvais pas passer à côté. Je persiste à dire, que pour nous deux (l’ex et moi) c’était la meilleure chose qui pouvait nous arriver. J’espère vraiment qu’il est heureux. Quelle que soit sa version du bonheur désormais. Il y a encore des traces, des restes, mais j’ose croire aussi, que nous avons tous les deux faits énormément de chemin face à notre ancienne union et sa fin.

 

 

1 comment:

Anonymous said...

Toujours aussi belle. :-)

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