Guérir d’une union toxique... Une séparation, un divorce, c’est une cassure nette, douloureuse. Une cassure, une plaie ouverte avec danger d’infection et nombreuses complications. Ce n’est pas qu’un break, qu’une foulure. C’est violent, pour celui qui n’a rien vu venir, ni rien demandé. C’est aussi violent pour celle qui a causé la cassure. La fracture. L’affaire c’est que contrairement à une blessure… les os et les chairs ne se ressouderont pas. Il y a une amputation irrévocable. Cela demande un processus de guérison, différent pour chacun des deux parties. Étrangement, malgré toutes les choses qui se sont passées et qui se passent aussi en silence, en latence, je crois que nous avons fait de notre mieux. Pour nous, mais surtout pour nos fils. Ils ont toujours été ma priorité. Durant un temps, dans cette optique, j’ai essayé d’être là pour le père de mes fils après la séparation. Pour mes fils, mais pas seulement. Pour mon ex aussi. Par égard pour des vingt-quatre ans que nous avons passés ensemble. Malheureusement, je n’étais pas du tout la personne qui était la mieux placée pour l’aider. Malheureusement, je n’avais pas encore le langage pour répondre à certaines de ses questions (légitimes) et sur mes choix; passés et présents. J’ai véritablement fait de mon mieux. Je sais que notre relation était toxique, je sais qu’il y a eu beaucoup de douleur, mais c’est le père de mes enfants. Je sais aussi très bien d’où il vient, je le connais vraiment très très bien et profondément. Qui il est devenu depuis? Je ne sais pas, et c’est très bien ainsi. J’ai des échos de sa vie par nos fils, mais sa vie lui appartient. J’en suis heureuse. J’aurai toujours un avantage sur lui; je le connais très bien. Aussi colérique, pétri de traumas et de tares qu’il le fut… il a été ouvert avec moi. Oh! Il y a eu des mensonges, mais il fut ce qu’il fut. Moi, j’ai été sincère et j’ai vraiment, vraiment donné tout ce que je pouvais et plus. C’est vrai. Malheureusement, trop habituée à être seule, et recevant le signal que je devais me protéger au sein même de cette union, comme partout dans ma vie, je suis demeurée seule. Lorsqu’il est confus, lorsqu’il l’a été par le passé… il a eu raison. C’est faux et vrai à la fois. Je lui ai fournies tellement d’occasions de me voir, de me toucher, mais il y a une partie de moi qui est demeurée inaccessible from the start. Les êtres humains sont des créatures complexes et multifacettés. Nous sommes des êtres avec des vécus particuliers, pas ordinaires, lui et moi.
Nos routes se sont séparées pour de bon. Pour ne plus jamais
s’enlacer, ne serait-ce que superficiellement, au bout d’une quinzaine d’années
je dirais. Et certains événements ont mis la hache dans ce qui me restait de
force et de volonté. J’ai continué quand même. Je ne pouvais pas l’abandonner,
et je ne pouvais pas fracasser ma famille. Je ne voulais pas faire subir cela à
mes enfants. À quelque part, je crois sincèrement que nous avons fait de notre
mieux. Chacun à notre manière, tordus chacun à notre manière.
Il m’a donné son poison, ses tares, ses traumas, ses colères
et ses dépendances. Il m’a offert son cœur meurtri et essayé de me donner le
meilleur de lui au travers du filtre de ses nombreux maux. Je le sais. Et moi,
j’ai offert ce que je pouvais, mais il y a tout un monde en moi, que je ne lui
ai jamais montré. Je lui ai offert ma loyauté, ma fidélité, mon respect, mon
soutient, mon amitié, et nos deux fils. Je lui ai offert ce que je pouvais de
mon cœur. Je lui ai quand même donné des moyens, je communiquais beaucoup, beaucoup.
Reste que, si je suis tout à fait honnête, j’ai vécu avec lui, en conservant ma
solitude on the side. Ma porte de sortie au cœur de notre couple. Comment ça
pouvait fonctionner entre toutes ces choses sombres qu’il portait en lui, et
toutes ces choses que je gardais en moi?
De cette union, je ne suis pas la seule à devoir guérir. Je
pense même que pour lui, ce fut plus ardu. J’ai beaucoup d’empathie pour le
père de mes fils. Je lui ai imposé une immense fracture. Je le sais. Et comme
je ne suis pas sans cœur, loin de là, j’y pense encore. Je ne vis pas dans le
passé, ni même dans le fragment de cette réflexion, mais plus j’avance sur mon
propre chemin, plus cela frôle ma pensée. Je bénéficiais de toute mes
réflexions intérieures, dans ce jardin de solitude que je cultivais depuis l’enfance.
Là ou je n’avais jamais laissé entrer personne sauf mes fils, avant mon présent
Mari. À vrai dire, il en a trouvé le chemin, à mon grand désarroi. D’une
manière inexplicable, et lui-même l’ignorais, alors qu’il s’y promenait, m’y voyant
telle que je suis. Pas étonnant que j’aie paniqué, que j’aie brandis mon faux
mariage idéal, entre nous as day one! Bref… j’ai laissé le père de mes fils en
dehors de mon jardin secret, mon jardin de silence et de solitude. Avec raison
je crois. Cela ayant comme conséquence, un ravin entre nous. Mais c’était comme
ça avec tout le monde! Il ne faisait pas exception. Tristement, je ne savais
pas vraiment comment le faire entrer, et je ne voulais pas y faire entrer
personne en fait. C’était mon dernier retranchement, mon unique sécurité. Je lui
ai donné accès à beaucoup, mais pas à mes profondeurs protégées. À ma manière,
je l’ai aimé. Comme un ami, un parent, un partenaire. Le père de mes fils. Je l’ai
connu si tôt, et il a fait partie de ma vie si longtemps, qu’il s’est forgé
dans ma vie (à défaut de mon cœur) une place particulière.
Malheureusement, moi j’étais mûre pour passer à autre chose,
mais pas lui. Ce fut un choque très violent. Guérir d’une séparation et d’un
divorce ce n’est pas rien. Pour lui, comme pour moi. Je me suis sentie très
très coupable. Incroyablement coupable. De lui faire ça. Je me trouvais égoïste
et ingrate. Je diégrais très mal ce qui m’apparaissait comme un échec monumental.
Je composais très mal avec le fait de le voir souffrir autant. Je savais
pourtant, que pour la première fois de ma vie, je faisais quelque chose pour
moi. Véritablement pour moi. Et si je ne le faisais pas maintenant, je
passerais à côté de mon cœur et de ma vie. Complètement. Mon histoire d’amour
était digne d’un film, d’un rêve, d’un roman, d’une chanson à succès. Simultanément,
je brisais le cœur du père de mes fils, je faisais éclater ma famille. Avec le cœur
lourd et léger à la fois.
Nous avons dûs guérir de ce mariage et de sa fin abrupte, chacun
pour nos raisons et chacun à notre façon. Je ne suis pas la seule à porter des
cicatrices de cette union et de cette séparation-divorce. Cette union était
toxique dès le départ. Peut-être y était-il plus confortable que moi. Sans
doute même. Je n’y ai jamais déposé mon cœur, sauf au travers de mes fils. Car je
craignais trop de souffrir encore plus. Je me gardais mon jardin bien à moi. Je
ne jouais pas sur deux tableaux en même temps, pour moi il s’agissait d’un mode
survie, une seconde peau, acquise très tôt dans ma tendre enfance. Ce n’est que
depuis peu que je comprends, et me comprends beaucoup mieux. Les choses font
doucement plus de sens, je comprends, j’éprouve plus d’auto-compassion. Car
personne n’a idée à quel point je peux être dure avec moi-même. Combien je me
blâme, à quel point ma croix est lourde et encombrante. Heureusement, de moins
en moins.
Nous avions tous les deux avantages à ce que cette union se
termine. La séquence d’événemenst menant à cette séparation ont fait en sorte
que cela ne se passe pas en douceur. Pour moi, la mort côtoyait la naissance et
c’était fulgurant. Pour lui ce fut brusque, violent et soudain. Si je regarde
les choses avec beaucoup plus de recul, le décompte était commencé depuis un
bon bout de temps. La seule chose que je n’avais pas prévue, est que l’homme de
qui j’étais amoureuse, réciproquerais mes sentiments. Ça, je ne l’avais pas vu
venir du tout, du tout. Le plus sincèrement du monde. Ça, ça a tout bousculé,
même les plans de partir que j’entretenais dans mon jardin intérieur depuis…
des années et qui arrivait à échéance.
J’ai eu très mal dans mon union avec le père de mes fils, j’ai
eu mal lors de la séparation et du divorce. Lui aussi. Une chose dont je me
sens encore coupable, est qu’avec cette intuition très claire dont lui seule possède
le secret… il avait prédit bien des choses. Il devait capter certaines choses,
que même moi je n’étais pas prête à voir aussi clairement. Il me disait souvent
que je le quitterais. Dès que je serais plus libre, financièrement. Dès que je
trouverais un boulot et que ma vie cesserait de tourner autour de notre
famille. Et que je m’ouvrirais un peu plus au monde. Il m’a exprimé sa crainte
de me laisser avancer sur ma propre route, à plusieurs reprises. Souvent en
blaguant à moitié. Il disait que je le quitterais, que je rencontrerais quelqu’un
d’autre. Et moi, je lui disais non. Je lui ai fait croire au contraire, lui
réaffirmant que je ne le quitterais jamais. Alors que dans mon cœur, je savais
une autre vérité, qui prenait de plus en plus de place. Cependant, j’ignorais
que je rencontrerais quelqu’un. Dans ma tête à moi, soit je finissais mes jours
tristement dans une union ou je n’étais pas heureuse, soit je quittais pour
moi. Je voulais vivre pour moi, selon mes termes, qui n’incluaient que mes fils
et certainement pas un autre homme. Je ne me croyais pas capable de tomber
amoureuse, et je n’avais aucune envie d’hisoire de cul et de corps. Non merci.
Mes doigts et mon vibrateur me suffisaient amplement. Non, je n’avais pas planifié
quitter avec un autre homme. Pas du tout.
La conjoncture des choses à voulue que ce soit ce qui se
passe. Je lui ai fait croire que je ne partirais pas, que ses craintes, ses intuitions
n’étaient pas avérées. Il a aussi détesté de manière viscérale et pas du tout
raisonnable celui qui finalement, trouverait le chemin de mon cœur. Sans même
le connaître ou connaître son nom. Pour finalement se lier sincèrement d’amitié
avec lui. Une chose qui n’est pas facile et simple pour lui. Il a accusé
plusieurs coups et blessures. En revanche, dans les dernières semaines avant
que tout éclate, j’ai verbalisé souvent mon malêtre au sein de notre couple. C’est
un peu passé sous le radar alors que je lançais des messages sincères. Toujours
en ne sachant pas du tout que ma vie prendrait tout un tournant. Je ne le
savais pas du tout.
Rien n’est noir ou blanc, il y a beaucoup de zones de gris.
Le fait est, que nous avons tous les deux pâtis de cette union et de sa fin
précipitée en apparences et en partie dans les faits. En apparences car si on y
regarde de plus près, on peut constater une degradation, même sans parler de
mon jardin secret. Il reste que, les choses ont été soudainement précipitées
lorsque ce grand amour qui couvait depuis des années, s’est finalement révélé.
Je ne pouvais pas passer à côté. Je persiste à dire, que pour nous deux (l’ex
et moi) c’était la meilleure chose qui pouvait nous arriver. J’espère vraiment
qu’il est heureux. Quelle que soit sa version du bonheur désormais. Il y a
encore des traces, des restes, mais j’ose croire aussi, que nous avons tous les
deux faits énormément de chemin face à notre ancienne union et sa fin.
1 comment:
Toujours aussi belle. :-)
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