Friday, March 4, 2022

Dépression saisonnière


Le printemps arrive, c’est indéniable. Malgré les derniers sursauts costauds de l’hiver en ce début mars. Des basses températures, beaucoup de neige. L’automne, la dépression saisonnière fait rage. Moi, en automne, je suis en forme, je suis émerveillée et je suis enthousiaste. Ma dépression saisonnière à moi, c’est maintenant. Lorsque je dois me préparer à dire aurevoir et à l’an prochain, à l’hiver. J’adore l’hiver. J’aime les quatre saisons, et j’ai besoin de chacune d’entre elles. Profondément. Mais lorsque l’hiver est sur le point de disparaître, au moment ou le monde entier frétille d’impatience de voir s’évanouir le froid, le blanc et la glace... moi, mon cœur se serre. Je ressens comme une angoisse sourde qui monte m’étreindre le cœur. Je suis très à contre-courant du reste du monde. Je suis le vilain petit canard, le mouton noir. Je suis cette unique personne qui voit l’hiver s’en aller, à regret. Les autres le trouvent trop long, moi, je le trouve trop court et je réclame chaque année, dans le secret de mon cœur, un autre mois. Un mois d’hiver supplémentaire.

L’hiver est silencieux, immaculé et paisible. L’hiver et son froid vivifiant. L’hiver et sa force tranquille qui met parfois l’humanité à genoux par ses tempêtes qui entraînent; pannes, retards et autres soucis. L’hiver qui soumet les humains comme aucune autre saison. Moi, je me reconnais dans ses tempêtes et les accalmies qu’elles provoquent, m’apaisent. Le froid me plaît beaucoup plus que la chaleur. Le soleil d’hiver qui se reflète partout sur les surfaces blanches, réchauffe mon cœur. L’hiver nous force à ralentir, à être chez soi et à plonger en soi.

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé l’hiver d’un amour éperdu. Les paysages d’hiver sont d’une beauté féérique et parfois, j’en ai les larmes aux yeux. J’aurais sans doute du naître dans un pays nordique, mais je me serais sans doute ennuyée des quatre saisons que nous avons la chance de vivre de manière marquée ici.

Donc en ce moment je suis dans une phase de déni. Je m’accroche aux derniers froids, aux dernières balades en raquettes, aux dernières bordées de neige prévue. Pas prête à voir fondre la neige, à sentir la frénésie ambiante, et perdre une certaine paix. J’aime l’hiver qui met presque tout sur pause. Je ne panique pas encore, la déprime ne me frappe pas encore de plein fouet, mais elle m’envahie lentement mais sûrement. C’est un deuil chaque année, une déprime saisonnière dans le sens contraire du reste du monde. Et cette année je redoute encore davantage la frénésie des humains, justifiée après deux ans de pandémie. Je marche à l’envers du monde, je ressens tellement profondément les choses que c’est normal je crois, que je résiste et que je panique un brin. Je suis une empathe, une hyper-hypersensible et une clairsentiente. Pas étonnant je que me réveille en hiver et que je m’éteigne un peu au rythme ou l’hiver nous quitte. Je me cramponne aux derniers signes de l’hiver, ma saison bénie.

En ce moment même, j’essaie de me préparer, d’être mieux armée. Pour mieux traverser ce passage. Difficile de ne pouvoir me reconnaître en personne et, je ne veux surtout pas imposer mes émotions en montagnes russes et mes lourdeurs alors que tout le monde court vers le soleil, le cœur rempli d’allégresse. Je ne veux pas être le poids, l’empêcheuse de tourner en rond, la casse-pieds. Je me tais et j’attends que ça passe, cachant mes angoisses et mon petit deuil, ses peurs et mon vertige... sous des sourires pas toujours convaincants, mais qui font la job.

J’essaie de me préparer mentalement à laisser partir l’hiver.

1 comment:

Anonymous said...

Did you ever think of therapy?
Emcee

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