Wednesday, November 17, 2021

Angoisse de temps suspendu

Les choses changent et vite. C’est parfait. Nous sommes prêts. Ou presque. Enfin, toi, tu es prêt. J’ai un petit décalage entre ton début et mon nouveau départ. Ces deux semaines sont... difficiles. Je ne me suis jamais retrouvée devant... rien. Pas même deux enfants dont prendre soin au quotidien. Et toi, tu attrapes deux boulots, dont l’un temporaire. J’en ai un boulot. Je commence sous peu. C’est juste que... j’ai pas l’habitude d’être devant un vide. Je culpabilise, je me sens inutile. C’est banal pour certains... moi j’en fais une maladie. Et, sans m’en rendre compte, je retrouve le confort d’une vieille habitude. Je me fais petite. Presque inexistante. Je ne te parle pas de mes angoisses qui se mêlent à ma peine pour ; le nouvel emploi, et le vide en attendant. Je sens que je ne contribue pas. Première fois depuis mes treize ans que cela m’arrive. J’ai tendance à me faire petite, et me retrancher ces derniers jours. Je dors parfois pas très bien qui plus est. Dans mon coeur et ma tête, c’est un peu un champ de bataille confus. Des peurs, des doutes et de la culpabilité. Bel amalgame. Ça va pas entre la tête et le coeur et je ne veux pas te distraire de tes nouvelles aventures.

Le message que j’ai toujours reçu revient me hanter. En général, les gens n’ont pas su trop quoi faire avec moi, lorsque je traversais des déserts et des combats. Ce qui suit, c’est pas joli, mais c’est vrai. Simplement. Et ça explique. Quand tu rentres chez toi à onze ans après un viol atroce. Ta maman voit qu’il y a quelque chose... j’étais en piteux état. Elle aussi, à sa façon. Entre post-partum et la pointe d’un alcoolisme. Elle savait... mais c’était trop pour elle. J’ai raconté un mensonge blanc et j’ai été prendre une douche. De là est née mon habitude de m’isoler pour pleurer sous la douche, loin de tout regards. Elle ne savait pas quoi faire avec ça. Mon père non plus, des années plus tard, j’avais treize ans. Lorsqu’il l’a appris (j’avais fait l’erreur de me confier au sujet de mon viol à une cousine qui lui a tout dit) et m’a engueulée car je ne lui en avais pas parlé. Je sentais sa peine, sa douleur et son impuissance dans ses hurlements. Il sait pas comment te prendre dans ses bras même si il aimerait. Il ne fait que crier. Il ne sait pas mieux. Tu as treize ans et tu comprends et tu fais comme tu sais faire. Lui montrer que tu es forte. Calme.

Même chose des années plus tard quand tu sais pas comment mais, ton fils, il a arrêté de respirer. Tu sais même pas comment, ou si il va se réveiller. Mais tu as garder ton calme et ta tête froide. Pour ton plus vieux. Pour les mamies arrivées en catastrophe. Tu appelles ton père, tu te dis que lui, tu pourras t’appuyer dessus... mais au bout du fil, il se met à crier et pleurer... tu ravales ta détresse et tu rassures encore. Sans lui en vouloir le moins du monde. Idem, lorsque tes nombreux traumas remontent, que tu voudrais juste enfin pouvoir en parler à ton partenaire de vie (d'alors) que tu espères au moins être un allié, un ami... il sait pas quoi faire... tu es une patate chaude entre ses mains, tu lui fais peur pour 1009 raisons... tu te retrouves rejetée et laisser toute seule. Lorsque la vie t’enlève la seule personne sur qui tu t’es occasionnellement appuyée un peu. Tu fais bon ben c’est ça ma vie. C’est correct. Quand je vais pas bien je suis trop laide, trop épeurante. Je vais les protéger de tout ça. Je suis capable. Je vais m’arranger. Et ça remonte à l’enfance.

Ben cette femme la quand elle te rencontre toi qui la voit et qui veut savoir, dès le premier jour elle fait quoi? Elle est terrorisée. Elle a peur. Puis elle est fascinée. Puis parano (référence à des situations au boulot). Ignorer et éviter toute sa vie... elle est vue et c’est la panique sur son Titanic. Ensuite on vit ensemble, je rush, mes blessures s’ouvrent soudain dégorgent de toutes leurs douleurs et les traumas. Toi tu vois, tu sens, tu réclames, tu panses et tu te sauves pas. J’ai appris et j’apprends encore. Je peux bien être guérie, je peux pas mettre en boîte ce qui m’a définie durant ben... toute ma vie avant toi. En ce moment je me sens comme rien apporter et hier j’étais fatiguée et pas bien dans ma tête et mon coeur lorsque j’arrivais pas à dormir. Je voulais par habitude sans même m’en rendre compte, me tasser dans un coin. Ne pas te nuire. Avec mes angoisses. Mon trouble intérieur. J’oublie souvent que je sais maintenant faire autrement. Ça prend du temps ces choses là. Et je souffre et ma sécurité c’est la solitude. Je n’ai même pas les mots pour t’expliquer tout ça. J’ai été si muette si longtemps. Une muette en apparence bavarde. Ça m’aura pris 24 h pour tout digérer et être capable de mettre tout ça en mots. Les vieux mécanismes de survie, ont la vie très dure. Heureusement, j’écris, je réfléchis et tu es dévoué et rempli de compassion. Tu savais que quelque chose ne tournait pas rond, mais je ne trouvais pas les mots pour le dire. Ben maintenant, c’est chose faite. 


3 comments:

Anonymous said...

Vous faites un beau couple.

Anonymous said...

Tu as beaucoup de courage. Tu ne sembles pas avoir eu une vie facile. Hugs de France.
Raphaëlle

Belle said...

Anonyme: merci beaucoup. :)

Raphaëlle: merci.:)

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